RETOUR SUR MOI : Les nouvelles publiées : Nouvelle numéro 10 - TopicsExpress



          

RETOUR SUR MOI : Les nouvelles publiées : Nouvelle numéro 10 : Démence italienne : Juliette rinça la lame du couteau, le referma et le rangea avec précaution dans son étui. Relevant une longue mèche de cheveux roux, elle s’approcha de la fenêtre et devina la silhouette de Gonzague qui s’enfuyait dans l’allée … Puis, elle entreprit de nettoyer l’évier dont la vidange était toujours de couleur ocre. Le sang de Gonzague restait collé au fond de la cuvette. Juliette s’empara d’une éponge et astiqua le grès. Elle avait du mal à réaliser qu’elle venait de poignarder le frère de Giacomo. Néanmoins, son visage n’exprimait aucune émotion. Elle n’était pas sans ignorer les sentiments de Gonzague à son égard. Cependant, elle avait été forcé d’épouser Giacomo, et elle devait continuer à jouer son rôle. La solution de ses problèmes était pourtant toute simple. Il suffisait de tuer Giacomo pour pouvoir vivre une belle histoire d’amour avec le frère de ce dernier. Or, elle venait d’agir tout autrement. Elle avait planté un couteau dans le bras gauche du jeune homme qui lui déclarait sa flamme en cachette depuis maintenant six ans. Juliette ne comprenait pas son geste. Elle agissait à l’inverse de ce qu’elle désirait au plus profond d’elle-même. Elle se laissait porter par un instinct meurtrier, mais celui-ci ne semblait pas venir de son subconscient ; en effet, il conduisait la jeune femme à agir à l’inverse de ses propres convictions. Ereintée, Juliette cessa toute activité. Ses histoires de cœur étaient plus importantes que tout autre chose. La cuvette où elle faisait régulièrement sa vaisselle attendrait. Serait-ce le cas de Gonzague ? Giacomo devait rentrer plus tard que prévu ; Massimo, leur fils de cinq ans, dormait à l’étage. Gonzague en avait profité pour rendre une petite visite à sa belle. La situation était très simple : il avait voulu poser un baiser sur ses lèvres et, plutôt que succomber à cet instant charnel, elle avait eu le réflexe de saisir le cadeau que son beau-père Edouardo lui avait offert trois jours plus tôt. Comme un signe du destin, le père avait fourni l’arme d’un crime perpétré contre son fils. Juliette avait trouvé le présent des plus originaux. Pourquoi offrir un Opinel à sa bru ? Edouardo avait-il des intentions malsaines ? Désirait-il, consciemment ou inconsciemment, que Juliette assassine son mari ? Voulait-il qu’elle se débarrasse de l’un de ses fils ? Si tel était le cas, le plan n’avait pas fonctionné. La lame s’était tournée vers le plus doux des deux frères. Allait-il mourir ? Etait-il déjà mort, sous un arbre ou au coin d’une rue, à quelques mètres de la maison dans laquelle roupillait son neveu ? Minuit venait de sonner au clocher de l’église du village. L’horloge faisait parler d’elle jour et nuit. Des pensées aussi noires que le ciel traversèrent l’esprit de Juliette. Gonzague avait-il succombé à sa blessure ? C’était la première fois qu’elle opérait un acte aussi sordide. Elle s’imaginait devant un juge à expliquer son comportement. Elle redoutait l’emprisonnement. Elle priait pour que – si les choses venaient à tourner à son désavantage – le verdict soit des plus cléments et qu’on lui trouve des circonstances atténuantes telle la folie passagère ou le meurtre passionnel … Juliette était inquiète mais rien ne le laissait transparaître. Giacomo allait bientôt franchir le seuil de la porte et, selon l’expression de son visage, elle saurait si oui ou non elle serait battue cette nuit. Après les parties de poker, Giacomo rentrait soit ivre soit euphorique. Lorsqu’il était parvenu à ramener quelque argent, Juliette pouvait espérer une nuit de répit. Mais lorsque la soirée avait été infructueuse, elle pouvait s’attendre à recevoir une rafale de coups de pieds et de coups de poings. Giacomo et Gonzague étaient très différents. Le premier avait toujours été un rebelle, quant à son cadet, il était doux comme un agneau. Juliette avait rencontré le comte Edouardo de la Vega au cours d’un bal. Ce dernier avait contacté sa famille dès le lendemain pour faire part aux parents de la jeune femme qu’il souhaitait qu’elle devienne l’épouse de son fils aîné. Voyant un gain considérable à tous les niveaux, Juliette fut poussé dans les bras de Giacomo. Ce fut devant l’autel que Juliette découvrit le physique de rêve, la démarche mal-assurée et la simple existence de Gonzague de la Vega. De lui émanait la gentillesse, la bonté et la fraîcheur. Lorsqu’elle répondit oui au prêtre, ce fut en tournant la tête en direction de Gonzague. Juliette détestait la violence. Elle avait de plus en plus de mal à dissimuler sous des tonnes de maquillages les ecchymoses situées sur ses jambes et dans son cou. Des hématomes marquaient son dos d’un bleu violacé et dataient de la semaine passée ; elle se remémorait son mariage, la cérémonie au cours de laquelle elle avait fait la connaissance du véritable homme de sa vie et se demandait ce que pouvait trouver un si beau jeune homme à une femme comme elle. Elle ne le méritait pas. Elle ne devait pas être aimée : elle n’en avait pas le droit ! D’ailleurs, Gonzague aurait pu en témoigner. Il était impossible de s’approcher d’elle, puisqu’il s’agissait bel et bien d’une meurtrière en puissance. Juliette revint en pensées quelques minutes plus tôt ; elle avait tué un homme, elle en était certaine … Et quel homme ! Oui, elle avait mis un terme à la vie de celui qu’elle chérissait depuis toujours. C’était affreusement pathétique. Visiblement, elle avait un don pour gâcher tout le positif qui se présentait à elle. Giacomo la martyrisait ( Sans doute s’était-il rendu compte qu’elle était un monstre ? ) – Edouardo lui faisait terriblement peur ( Peut-être lui avait-il jeté un sort ? ). Juliette avait en outre enfoncé une lame de couteau dans le bras de Gonzague. Il ne lui restait plus que le petit Massimo. Elle monta à l’étage et, à la vue du lit complètement vide, elle se mit à crier. Mais où donc était passé Massimo ? Comme si quelqu’un avait la réponse et allait la lui donner, le téléphone sonna dans la cuisine. Juliette redescendit, décrocha et fut surprise d’entendre la voix de son mari. Ce dernier avait une mauvaise nouvelle. Il téléphonait de l’hôpital et le faisait pour annoncer à Juliette qu’elle avait tué son fils. Massimo était décédé, suite aux douze coups de couteaux qu’il avait reçus de la part de sa mère quelques heures plus tôt. Juliette resta abasourdie. Elle était persuadée que Giacomo jouait une partie de poker ; or, en réalité, il était à l’hôpital pour y transporter son enfant. Elle ne comprenait point. Etait-ce possible ? Etait-elle en train de rêver ? Avait-elle assassiné son fils et son Grand Amour dans la même soirée ? Elle s’assit sur la chaise à proximité du combiné. Que s’était-il passé ? Elle tenait toujours l’appareil d’une main et aurait aimé avoir plus d’explications ; à l’autre bout du fil, Giacomo criait son nom. Il avait raconté toute l’histoire au personnel de l’établissement et ces derniers avaient pris la décision d’envoyer une équipe chercher Juliette sur-le-champ. Juliette fut internée à l’institut Guillermo Armania après que les médecins aient reçu les signatures de Giacomo et de Gonzague ; ce dernier portait un bandage qui s’étendait du poignet gauche jusqu’au coude gauche. Mais contrairement à ce que pensait la meurtrière ayant visiblement pratiqué un infanticide lors d’une crise de schizophrénie, les jours de Gonzague étaient aucunement en danger. Edouardo de la Vega expliqua par la suite qu’il avait toujours détesté Juliette et qu’il lui avait offert un couteau dans l’espoir qu’elle se suicide. Le résultat était catastrophique ; désormais, il avait perdu son unique petit-fils ; mais la folie n’était-elle pas génétique ? Edouardo venait à penser que malheureusement, Massimo était aussi le fils de Juliette. La famille était vraiment maudite ...
Posted on: Sun, 04 Aug 2013 19:09:19 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015