ROCH WAMYTAN, PRÉSIDENT DU CONGRÈS « ON NE POURRA PAS CONTINUER - TopicsExpress



          

ROCH WAMYTAN, PRÉSIDENT DU CONGRÈS « ON NE POURRA PAS CONTINUER AVEC CE SYSTÈME ÉCONOMIQUE » Publié le vendredi 30 août 2013 à 03H00 Le président indépendantiste du Congrès, élu en début de mois, en est convaincu : l’économie calédonienne doit subir de profondes réformes. Sinon « c’est le mur ». Et sur un plan politique, un désaccord est noté avec le patron de son parti, l’UC, sur l’articulation de la sortie de l’accord de Nouméa. « Trop d’argent arrive notamment par les transferts métropolitains, une masse d’argent qui est mal répartie et nourrit ces profondes inégalités », note Roch Wamytan. Photo Thierry Perron Les Nouvelles calédoniennes : Le rapport d’enquête sur l’« affaire Boiteux » vient d’être renvoyé en commission du Congrès. Ne craignez-vous pas que l’histoire soit étouffée dans l’œuf ? Roch Wamytan : Je vais faire en sorte que ce ne soit pas « étouffé dans l’œuf ». Puisqu’on a perçu un sentiment général des élus : c’est que l’on aille jusqu’au bout, dans ce rapport. Un malaise est ressenti. Cette affaire ne peut-elle pas devenir une « arme » politique ? Une partie administrative, une partie pénale… Il y a tout un ensemble autour de cette affaire. Il est vrai qu’à l’approche des élections, les partis politiques sont souvent tentés d’instrumentaliser ce genre de dossier. Soit pour régler leurs comptes. Soit pour s’attirer la sympathie de l’opinion publique. Quel sens voulez-vous donner à cette mandature ? Je vais me placer dans la continuité de la mandature 2011-2012, j’étais président du Congrès pendant dix-huit mois et j’ai lancé un certain nombre de chantiers. Je vais m’impliquer, comme je l’avais fait sur les grandes problématiques, notamment celle de la vie chère. Ce sera un dossier fort. Cela fait partie de la vie des gens, il est tout à fait normal que les élus s’en saisissent, et puissent faire un maximum pour combattre, à l’aide de mesures, la vie chère. La feuille de route, ce sont les « accords économiques et sociaux » signés le 12 juin 2012 et cadrés par les points du protocole de fin de conflit le 27 mai dernier. Il faut absolument mettre en œuvre, respecter les différents calendriers. Sauf que la perspective des enjeux électoraux risque de paralyser l’opération ? C’est le risque. Municipales en mars 2014, provinciales en mai ? A partir de février, tout le monde sera en campagne électorale. Ce qui est normal dans toute démocratie. Je tiens - et je pense que le gouvernement est dans cet état d’esprit - à respecter nos engagements. Alors on y va. Quels projets peuvent être adoptés avant les élections ? Il y a le gel des prix [texte examiné aujourd’hui, Ndlr]. Ce n’était pas évident de l’inscrire à cette session. J’espère qu’il y aura un consensus sur cette loi du pays. C’est une mesure phare. Maintenant, le débat politique de fond sur la vie chère se déroulera pendant la précampagne ainsi que bien sûr la campagne électorale. Comment s’entendre pour entamer des réformes structurelles de l’économie calédonienne ? Parce que les plus grands spécialistes le disent, et pas seulement le professeur Wasmer. L’économie calédonienne ne peut pas continuer comme cela. Parce que l’on va dans le mur. Nous sommes dans une espèce de fuite en avant. Nous avons tenté d’avancer pendant les dix-huit mois de travail au sein de la commission vie chère, qui ont abouti aux « accords économiques et sociaux ». Mais on sent bien que les débats n’ont pas été jusqu’au bout, et n’ont pas été partagés jusqu’au bout. Le pays a atteint un seuil ? J’en suis persuadé : on ne pourra pas continuer avec le système économique calédonien tel qu’il est actuellement. Car les raisons de la vie chère, il faut aller les chercher là. On va présenter des mesures sociales. Mais on ne fera pas l’économie d’une réflexion de fond. Quel système demain ? Un système qui puisse affronter les défis de la mondialisation ? Nous sommes dans un bassin Pacifique en plein développement. Il y a en place une économie de comptoir depuis cent cinquante ans. Il faut assainir l’économie, la moderniser, et la rendre plus égalitaire. Car telle qu’elle se présente à l’heure actuelle, elle crée de l’inégalité. Des avancées sont-elles possibles durant votre mandature sur la réforme de la fiscalité ? Caroline Machoro [présidente de la commission fiscalité, Ndlr] va présenter en octobre ses conclusions et recommandations. Ensuite, c’est au gouvernement et au Congrès de passer à une phase plus active, pour pouvoir tenter de voter des mesures avant février. C’est sûr, ce sera juste. Mais on va essayer. Faut-il revoir l’indexation des salaires des fonctionnaires ? Oui, il faut revoir l’indexation. Il faut désindexer, mais évidemment, pas d’autorité, pas du jour au lendemain. Les économistes nous ont indiqué la méthode, en sifflet sur dix-quinze ans. Mais il faut d’abord bien partager l’idée, avec l’ensemble de la classe politique, que c’est une des causes de la vie chère et des inégalités. Vous tenez presque un discours électoral… Ce n’est pas un discours électoral, c’est un discours de réalité. Tout le monde dit qu’il y a des réformes de fond à faire. Alors allons-y. Vous êtes membre de l’Union calédonienne. Le président du parti, Daniel Goa, a proposé une assemblée constituante en 2014, puis un accord de coopération. Bref, un plan pour la sortie de l’accord de Nouméa. Comment avez-vous accueilli ces propos ? Avec beaucoup d’étonnement. C’est une proposition du président de l’UC. Ce n’est pas une proposition qui a été portée par l’ensemble de l’Union calédonienne. C’est une contribution personnelle. Une parmi d’autres. Je ne la partage pas tout à fait. Mais nous aurons l’occasion d’en discuter au sein de nos structures. Sur quels points êtes-vous en désaccord ? Sur la démarche déjà, qui n’est pas habituelle au sein de l’UC. Mais cela s’est vu dans le passé, comme Charly Pidjot avec les drapeaux. Sur le fond, cela pose des problèmes. Pas tant sur l’assemblée constituante. C’est la voie normale des pays qui accèdent à l’indépendance et réfléchissent sur leur Constitution, etc. C’est classique. Non, c’est l’après, le partage des compétences régaliennes. Lui, il est resté dans sa proposition, « braqué » sur la France et l’Europe. Ce n’est pas ma position. Moi, je pars du principe de réalité géographique. Nous sommes à 20 000 kilomètres des côtes de la France. Nous sommes dans le Pacifique. Il faut construire ici, pas aller chercher à 20 000 kilomètres, nous en avons trop souffert. C’est dans le Pacifique qu’il faut trouver notre place. Dans la zone mélanésienne. Et l’Australie, la Nouvelle-Zélande sont là. L’Asie n’est pas loin. C’est dépassé maintenant de vouloir absolument construire une petite entité européenne ici, dans le Pacifique. C’est anachronique. Cela a un relent de néocolonialisme. Et quelle construction ? L’Asie-Pacifique, au XXIe siècle, c’est notre tour. C’est la Mélanésie, c’est le Forum (des îles du Pacifique, Ndlr), et ce sont nos relations avec l’Asie. Et notre porte d’entrée sur l’Asie, c’est l’Indonésie, qui revendique sa part de Mélanésie. Et l’Indonésie a des ressources naturelles importantes, et notamment du nickel. Et quels autres pays producteurs ? Ce sont la Nouvelle-Calédonie, l’Australie, demain la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon… Avant que le cours ne reprenne, en 2016-2017, il faut que nous puissions, dans le monde mélanésien, avec l’Indonésie qui est dans le Fer de Lance, arriver à monter une “Opep” du nickel. Si nous y arrivons, nous avons la main sur le cours.
Posted on: Sat, 31 Aug 2013 22:43:46 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015