Rencontres cinématographiques de Béjaïa : Des mines de Gafsa - TopicsExpress



          

Rencontres cinématographiques de Béjaïa : Des mines de Gafsa à la «ferme» Algérie Et si la révolution tunisienne a débuté trois ans plus tôt, avec les événements du bassin minier de Gafsa, dans le sud tunisien ? Janvier 2008, Redeyef. Un sentiment d’injustice étouffe une population étreinte par l’indigence. Elle vit pourtant dans le périmètre de l’un des plus importants bassins de phosphate du monde. Mais le phosphate ne lui apporte rien. Il enrichit la compagnie de Gafsa (CPG) autant qu’il l’appauvrit.Une liste trafiquée d’admis à un concours de recrutement a suffit pour faire déborder le vase. Des manifestations éclatent et le régime de Ben Ali sévit par une féroce répression camouflée par la télévision d’État. Les témoignages de citoyens qui ont vécu la tragédie sont poignants et dans la cinémathèque de Béjaïa des mains ont essuyé, dans la discrétion, de petites larmes arrachées par une forte émotion. Projeté mercredi dernier, pour le compte des 11es rencontres cinématographiques, Maudit soit le phosphate est le premier long métrage documentaire du Tunisien Samy Tlili. Le titre ne pouvait pas ne pas honnir le phosphate par qui le malheur est arrivé. Oppression, exactions, torture, fuite dans la montagne, des blessés, des morts, ….Pendant six mois, Redeyef a vécu l’enfer et les pierres tombales à l’inscription de «martyrs» ont dérangé le régime. Quatre ans après ces événements, à Redeyef, on n’en garde «qu’un souvenir». «Le nouveau régime n’a rien fait pour nous, c’est comme si rien ne s’était passé en 2008». Les lendemains de la révolution de 2011 sont amers. «Nous voulons que les meurtriers soient jugés. Il n’y a pas de conciliation sans justice» réclament toujours les habitants de Redeyef, eux qui ont «commencé une révolution sans le savoir».Le film aurait pu emprunter le titre d’un roman d’Emile Zola : Germinal, pour ce que la révolution avortée annonçait la germination d’une conscience collective contre l’injustice qui a fait éclaté la révolution de jasmin. Tragique et véridique, les événements du bassin minier de Gafsa ne sont malheureusement pas une fiction. À bien des égards, la ressemblance est frappante avec les tragiques événements du printemps noir en Kabylie où la répression a fait des morts dans l’impunité. Sans changement de régime. «Comment, ont-ils fait eux (les tunisiens, ndlr)?». L’interrogation ponctue le très engagé documentaire de Lamine Ammar-Khodja Demande à ton ombre, le journal intime d’un jeune algérien qui revient de son exil pour chercher sa place dans son Alger natal mais qu’il ne retrouve pas. Lamine Ammar-Khodja finit par retourner à son exil. Son film est une construction hétéroclite d’images, de sons, de messages forts, un tantinet ironiques et légèrement burlesques. Il est sur les traces de l’Algérie indépendante avec ses contrastes, ses barrières et surtout ses déceptions. Des images réelles suggérant une «Algérie qui doit changer» ont défilé : manifestations avortées de la CNCD à Alger, révolution tunisienne et égyptienne, décalage de la télévision algérienne, références à Aimé Césaire, Camus, Kateb, Feraoun, …. Le film nous met dans l’image d’un pays présenté par «la fable de l’Indépendance» comme «une grande ferme».La fable se termine lorsqu’«un terrible nain s’empara de la ferme». Demande à ton ombre, le film qui a suscité le plus de débat lors des 11es rencontres de Béjaïa, est le premier volet d’une future trilogie de Lamine Ammar-Khodja. Kamel Medjdoub le 14.06.13 elwatan/culture/rencontres-cinematographiques-de-bejaia-des-mines-de-gafsa-a-la-ferme-algerie-14-06-2013-217400_113.php
Posted on: Fri, 14 Jun 2013 16:40:22 +0000

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