René Burri par Roland Quilici article publié sur - TopicsExpress



          

René Burri par Roland Quilici article publié sur Photophiles René Burri est né le 9 avril 1933 à Zurich en Suisse. Durant les excursions passées à grimper les sommets des Alpes, il sent déjà une attirance vers des sommets lointains d’une autre nature. Son exceptionnelle aventure avec la photographie débute dès 1946. Enfant, il affiche sa différence avec ses frères qui deviendront professeurs, militaires, alors que lui passe son temps à dessiner. « A l’âge de 13 ans, mon père me donna un petit appareil photo Kodak et il me dit : Va à Zurich, un homme très important va passer et fais une photographie. J’ai pris une photo de Winston Churchill. » 1949, alors qu’il n’a pas 16 ans, il entre à la Kunstgewerbeschule (l’école des Arts et Métiers) de Zurich, où il choisit la section photographie. Johannes Itten, professeur renommé qui a travaillé avec Paul Klee au Bauhaus lui enseigne la « direction et lordre de ce qui coule». Il refuse l’apprentissage chez un graphiste et suit les cours de Hans Finsler, l’un des représentants de la Nouvelle Objectivité. Il raconte : « Quand j’ai terminé mes études, au cours desquelles nous ne photographions que des tasses à café baignées dans la lumière, j’ai dû apprendre à courir derrière mes propres images. Les images sont comme des taxis aux heures de pointe : si l’on n’est pas assez rapide, c’est un autre qui les prend. » A 17 ans, il part à Marseille pour visiter le chantier de la Cité radieuse de Le Corbusier. Après 4 années d’études, en 1953, son diplôme en poche, il a la ferme intention de voir du pays, attiré qu’il est par le cinéma documentaire. Il obtient une bourse et apprend le maniement de la Bolex (caméra) en réalisant un film sur son école. Amateur de cinéma, il filme la visite dEdward Steichen, célèbre photographe, puis fait ses débuts comme Cameraman chez « Switzerland », une production appartenant à Walt Disney. Il ouvre ensuite un studio avec Walker Binder, en 1954, avant de faire son service militaire en Suisse, où il découvre l’usage du Leica qu’il troque avec son Rolleiflex. Il est engagé comme photographe dans l’atelier de Josef Müller-Brockmann, célèbre graphiste. Il obtient sa première publication avec un sujet sur les jeunes américains en Suisse pour le journal « Die Woche », qui paraît bientôt dans le Münchner Illustrierte ainsi que dans Science & Vie. « Je suis arrivé dans l´univers professionnel de la photographie grâce au photoreportage d´une école pour sourds-muets à Zurich. A partir de ce moment j´ai fait partie des files de Magnum – la première coopérative photographique du monde – comme photographe associé et, en 1959, comme membre à part entière. » Burri a 23 ans lorsque l’agence Magnum adosse son nom au côté du sien pour la première fois. Jeune homme, il quitte Zurich sa ville natale et vient à Paris, obsédé par l’idée de photographier Pablo Picasso. Il passe une semaine à essayer de convaincre la secrétaire du peintre de le laisser venir faire des clichés de l’artiste dans l’appartement de la rue des Grands Augustins, lieu où celui-ci réside. Après un dernier refus de la part de la secrétaire du peintre, Burri se rend au bureau de Magnum. Là, il rencontre une jeune femme espagnole, qui passe environ trois minutes à jeter un œil à ses photos et qui lui demande s’il en a d’autres avec lui. Non, lui dit t’il. Il n’a seulement que trois photos de son reportage sur l’école des sourds-muets. Lorsqu’il les lui tend, elle devient nerveuse. Elle les regarde avec un compte fil, comme un joaillier examine une pierre précieuse, puis les marque avec un crayon rouge et finit par lui dire d’en faire des copies et de les lui faire parvenir. De retour en Suisse chez lui il envoie ce que l’agence lui a demandé, sans avoir l’espoir d’obtenir une réponse. Peu de temps après, alors qu’il a presque oublié cette rencontre, il reçoit un paquet par la poste venant de Paris. Sans aucun message, l’agence lui fait parvenir une copie du magazine Life. Voila qu’il découvre ses photographies des enfants sourds-muets de l’école de Zurich reproduites en pleine page, comportant la mention « René Burri Magnum ».C’est ainsi qu’il fait ses débuts, au côtés de Henri Cartier Bresson, George Rodger, et Robert Capa, etc… Il gagne ainsi sa vie comme photojournaliste avec son « Troisième œil », nom familier qu’il donne à son Leica. Il commence, parallèlement à son travail de photojournaliste, une recherche personnelle où il utilise le collage, l’écriture, la peinture et la photographie qui sera publiée en 1981. Au Palazzo Reale à Milan lors de la rétrospective Picasso, il découvre l’œuvre du maître Catalan et dit : « Lorsque jai vu pour la première fois le Guernica de Pablo Picasso, en 1953, je me suis dit : ‘ Tu dois absolument faire la connaissance de cet homme ‘. Jai essayé de le rencontrer pendant quatre ans, en vain. Puis un jour, alors que jétais à Saint-Sébastien, jai appris que Picasso devait aller à Nîmes assister à une corrida. Jai couru à mon hôtel, jai bouclé mes valises et je suis parti tout de suite pour Nîmes. On pourrait dire que cétait idiot, que je navais pas plus de chances dapprocher Picasso à Nîmes quà Paris. Et pourtant, le hasard ma permis de le faire. A Nîmes, je suis descendu dans le premier hôtel venu, et il sest trouvé que cétait le même que lui. Il avait organisé une petite fête dans sa chambre avec quelques amis. Avec la complicité dune femme de chambre, je my suis rendu, et ce fut mon premier contact avec lui ». Il signe un portrait mémorable à Cannes en 1957. 1955, il réalise un reportage de la chapelle Notre Dame du Haut Ronchamp en Haute Saône lors de son inauguration. Cet essai sur Le Corbusier et son œuvre architecturale rencontre un vif succès dans Paris-Match.1956 à 1958, il devient correspondant auprès de Magnum Photos et voyage en Tchécoslovaquie, en Turquie, en Egypte, en Syrie, en Iraq, en Jordanie, au Liban, en Italie, en France, en Espagne et en Grèce. Des portraits d’artistes, il en a fait de nombreux, tels ceux d’Alberto Giacometti, de Le Corbusier, de Maria Callas, de Jean Tinguely, de Kokoschka, de Jean Renoir ou encore celui de Luis Barragan célèbre architecte Mexicain avec lequel il se lie d’amitié. De la crise de Suez en 1956 jusqu’au massacre de la place Tienanmen en 1989, il va sillonner la planète, pour Life, Du, The Sunday Times Magazine, Epoca, Paris-Match, Stern, New York Times, Jours de France ou pour le Bunte Illustrierte. Il se fait remarquer avec des photos sur l’Allemagne d’avant guerre où il présente la vie quotidienne ce qui donne lieu à son premier livre intitulé « Les allemands » publié aux éditions Robert Delpire en 1963. Il passe six mois en Argentine à travailler sur « The Gaucho » un reportage publié par la revue Du, avant qu’un livre servi par la plume de Jorge Luis Borges ne voit le jour. Il va prendre une place importante au sein de l’agence Magnum. Il rencontre Oscar Niemeyer, l’architecte visionnaire, lorsqu’il se rend sur le chantier de construction de la capitale brésilienne de Brasília. En 1960, à Sao Paulo, il capte une image appelée « Men on the roof », qui caractérise son talent. Ces hommes sur le toit d’un building, avec le contraste de la rue est une image qui montre à merveille l’ambiance de la mégapole. La disparition de ses deux amis, Robert Capa et Werner Bischof, en 1958, sera un fait marquant pour lui comme pour les membres de Magnum. Il part au Japon plusieurs mois et produit « Made in Japan » un essai photographique. L’image qui reste dans toute les mémoires est le portrait du Che qu’il fait et qui est publié comme poster dont il dit : «La photo dErnesto Che Guevara est un pur hasard. Je la dois à la journaliste américaine Laura Bergquist, qui travaillait pour Look. Elle avait tellement insisté auprès du Che pour obtenir une interview quil avait fini par céder. Il fallait quelle trouve durgence un photographe, le soir de la Saint-Sylvestre. Je mapprêtais à fêter le réveillon, lorsque le téléphone a sonné. En tant que ressortissant dun pays neutre, je pouvais me rendre à Cuba. La photo du Che ne mappartient plus, elle a conquis sa place dans notre mémoire collective. Que le grand public se la soit appropriée est le plus beau des compliments ». Il photographie également Fidel Castro. Il a 33 ans quand il épouse Rosellina Bischof, veuve de son ami Werner, décédé en 1958 dans les Andes Péruviennes lors d’un accident de voiture. 1964, il se rend en Chine pour Life et voit la naissance de sa fille Yasmine, que l’on découvre embrassant un petit garçon nommé David dans une de ses photographies emblématiques. 1965, il partage son temps entre le tournage de « The two faces of China » film documentaire pour la BBC et la photographie. 1967 il couvre la guerre des six jours et voit la naissance de son fils Olivier. A son actif, il compte plusieurs documentaires, notamment l’un sur l’influence de la religion sur la guerre des six jours et un court métrage sur Jean Tinguely qu’il tourne en 1972. Il couvre les conflits de la guerre du Vietnam, du Cambodge, puis ceux de Beyrouth dans les années 80. 1982, il est élu président de Magnum France. Une première rétrospective lui est consacrée à Zurich, Paris et Lausanne, qui présente son livre « One World » 30 ans de Photographie en 1984. Cette même année, il est élu président de Magnum Europe. La plus belle récompense lui sera attribuée en 1998, lorsqu’il reçoit le Prix Erich Salomon pour sa carrière de photojournaliste. 1994 voit la naissance de son fils Léon Ulysse avec Clotilde Blanc, sa seconde épouse. La Maison Européenne de la Photographie à Paris lui consacre une exposition rétrospective, qui remporte un large succès en 2004, et les éditions Phaïdon publient un livre essentiel qui retrace son parcours de 1950 à 2000. René Burri vit et travaille à Paris. En Juillet 2006 il était l’invité des Rencontres internationales de la photographie dArles, où il a animé un stage. Une de ses citations fameuses est : « Mon troisième œil est là pour mettre le nez là où il est interdit de le mettre ! » ce qui résume l’engagement d’une vie passée à photographier le monde. En guise de conclusion, voici les conseils qu’il prodigue aux photographes en devenir : « Les jeunes doivent utiliser leurs yeux, leur esprit et leur cœur. Le secret est la curiosité. Chacun doit chercher en lui-même un comportement moral, trouver son chemin propre. Ils doivent pénétrer dans l’apparentement imperceptible car on a besoin des témoignages. » Roland Quilici
Posted on: Thu, 17 Oct 2013 19:46:42 +0000

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