Reportage Mindoubé-Poubelle, l’envers du paradis Situé - TopicsExpress



          

Reportage Mindoubé-Poubelle, l’envers du paradis Situé aux confins du 5e arrondissement de Libreville, ce quartier est le creuset de la misère. Plus d’un millier de personnes y vivent dans des conditions extrêmement précaires. Privées des bienfaits de la modernité, elles prennent la vie telle qu’elle se présente sans espoir de la changer. D’autres s’en remettent à Dieu pour qu’il revoie leur misérable statut. Voyage au cœur du terreau de la pauvreté. AU rythme cadencé, des camions arrivent à la décharge de Mindoubé pour y charrier des monticules d’ordures. Aussitôt, une bande de jeunes gens se précipitent sur les tas d’immondices pour fouiller des effets à revendre ou des boîtes de conserve avariées à consommer. « Beaucoup de gens vivent ici en fouillant la poubelle. Samedi et dimanche, vous pouvez y trouver jusqu’à 600 personnes », explique Julien Nguema, un jeune habitant du quartier. Cela fait vingt-quatre ans qu’il vit à Mindoubé-Poubelle avec ses parents, qui y ont bâti une maison avant la grande décharge. Depuis qu’il a perdu son emploi dans une société privée de la place, le jeune homme subit les affres du chômage. Pour subvenir à ses besoins, il vend souvent des pièces détachées récupérées dans des véhicules mises en fourrière. « La vie est dure. Pour ne verser dans le banditisme, je fais dans la débrouillardise », renchérit-il. Les insouciants n’ont pas encore pris la juste mesure des mutations en cours dans le pays. La destination très bon marché aux conditions de séjour fort accommodantes qu’était Libreville appartient désormais au passé et les personnes dilettantes en quête de vie facile sont mises sur la touche. Mindoubé-Poubelle est justement l’envers du paradis. « Nous vivons dans des conditions de vies inhumaines proches de celles des porcs », Patrick, un autre jeune du quartier. SITUATIONS DE DETRESSE. Ils sont plus d’un millier de citoyens à vivoter dans cet îlot de peuplement. Un tapis jeté sur le sol avec un sac à dos en guise d’oreiller à l’intérieur d’un amas de planches usagées comme dortoir; c’est aujourd’hui le mode de vie des habitants de Mindoubé-Poubelle. Cet ilot de peuplement est divisé en mini quartier aux noms évocateurs : Malabo, Ethiopie, Pays-Bas, etc. « Ce sont des Gabonais qui habitent ici. Il y a peu d’expatriés », renchérit Moisan Julien. Le jeune homme d’un abord affable décide de nous emmener au cœur de la décharge de Mindoubé. A la vue de la caméra, des jeunes fouillant la poubelle montent sur leurs grands chevaux et se montrent réfractaires aux prises de vues. « C’est un journaliste. Il est avec moi. Il est venu s’enquérir nos difficiles conditions de vie pour les porter à l’attention de l’opinion. Ne vous en prenez pas à lui. Il veut nous aider », rassure Julien. Ceux qu’il appelle ses ‘’petits’’ se calment. Un jeune homme torse nu continue à bouder in petto. Puis, il s’avance vers nous. Après des salutations d’usage, il évoque à volonté le pare-feu des minima sociaux. Pour lui, cette situation est la conséquence d’une totale irresponsabilité de l’Etat à garantir un droit de sol à ses citoyens. Les habitants de Mindoubé-Poubelle, avance-t-il, vivent hors du cocon de la dignité humaine. « Nous n’avons pas d’autre choix que de vivre ici. Notre vie n’est que misère », se désole le jeune homme, qui transpire à grosses gouttes. Plus visibles que les pauvres hères du centre-ville sur lesquels les passants braquent leur lanterne, de plus en plus de situations de détresse et de grande pauvreté interpellent le visiteur à peine débarqué à Mindoubé-Poubelle. La route reliant le quartier à Pointe-Claire se transforme en lac lors de grandes averses. Les riverains sont contraints d’utiliser des embarcations artisanales pour franchir les zones lacustres. « Il est difficile de croire que nous sommes en ville », soupire une jeune femme qui tente de se rendre à l’église pour le culte dominical. SOUS-DEVELOPPEMENT ET MISERE. La plupart des habitations de Mindoubé-Poubelles ont été construites à l’aide des matériaux de récupération. Leurs occupants y côtoient le sous-développement et la misère. Après Pays-Bas, Julien nous fait une visite guidée de Malabo et d’Ethiopie. Ces deux coins offrent la véritable carte postale de l’envers du paradis. Il n’y a ni électricité, ni eau courante. Les riverains ne s’approvisionnent en précieux liquide qu’à partir des vieux conteneurs rouillés. Il est 9h 15mn ce dimanche 10 novembre 2013. A l’entrée d’Ethiopie, un air de Gospel s’échappe d’un haut-parleur suspendu à la fenêtre d’une bicoque construite au pied du mont d’ordures. A côté de la bâtisse, une jeune femme au regard méfiant fait la lessive. Pendant ce temps, son compagnon joue avec leur fils, âgé de deux ans. « Nous croyons beaucoup en Dieu. Tous les jours, nous l’implorons pour qu’il vienne à notre aide. Nos conditions de vie sont plus que déplorables », explique un jeune homme. Pendant ce temps, deux de ses jeunes voisins apparaissent au bout de la maison. L’un deux porte à la main une paire de chaussures de couleur noire à peine ramassée à la décharge. « Personne n’a des moyens pour se nourrir et se vêtir convenablement. Nous dépendons entièrement de cette décharge. C’est pourquoi nous guettons l’arrivée des camions pour aller récupérer des effets importants avant que les bulls ne les ensevelissent dans la boue. Allez-y rapporter notre misère à nos gouvernants», conclut Julien. ( A lire dans Echos du Nord de demain.)
Posted on: Sun, 10 Nov 2013 18:41:01 +0000

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