Reportage Nanga, deux après l’assassinat de - TopicsExpress



          

Reportage Nanga, deux après l’assassinat de l’adjudant-chef Marcel Mayombo Le 17 décembre 2011, le corps mutilé de ce militaire de 48 ans avait été découvert dans ce regroupement de villages situé sur l’axe Mouila-Ndendé. Le soldat avait été dépecé par ses frères d’armes en marge des manœuvres organisées dans la contrée. Les auteurs du crime avaient ensuite malmené les villageois, pris comme boucs émissaires. Trois ans après ce crime rituel, nous sommes retournés sur les lieux. CE lundi matin, il pleut par intermittence sur Nanga. Les maisons construites de part et d’autres de la route semblent désertes. La plupart des riverains ont vaqué aux champs dès les premières lueurs du jour, laissant clos portes et volets de leurs habitations. Seuls quelques notables veillent au grain. De temps à autre, ils sortent risquer un regard à la route où passent des véhicules dont le brouhaha interrompt le silence oppressant de la journée. Ce matin, le chef de regroupement, Jean-Bernard Moussavou, 73 ans, n’a pas vaqué à ses occupations. Dans son hangar construit devant son habitation, il bavarde gaiement avec un autre notable du village. La simple évocation de l’assassinat de l’adjudant-chef Marcel Mayombo suffit à lui faire changer de mine. Le sujet lui rappelle un mauvais souvenir. « Les militaires avaient tué leur propre collègue mais ils s’en étaient pris à nous », explique-t-il. « Ils ont débarqué ici et nous ont malmenés. Ils nous ont frappés et dénudés avant de nous mettre à genou sous soleil. Ils nous accusaient d’avoir tué leur collègue », renchérit-il, précisant que plusieurs habitants de Nanga avaient été ensuite conduits à la cravache à Mouila où ils ont été placés en garde à vue. Tout compte fait, la réaction des militaires n’était qu’un manège. Ce sont eux-mêmes qui avaient dépecé leur frère d’armes en marge des manœuvres organisées dans la contrée. Après avoir prélevé la langue, les organes génitaux le cœur, ils ont jeté le corps mutilé dans la rivière. « Nous ne savions même pas qu’il y avait un corps. Quand ils sont arrivés, ils nous ont immédiatement accusés d’avoir tué leur compagnon. Aussitôt, un militaire natif d’ici, Dieudonné Yembi Koumba, s’est dirigé vers la rivière. Quand il est revenu à nous, il nous a dit qu’il venait de découvrir le cadavre dans l’eau », explique Barins Mabicka, un autre notable de Nanga. Un jour avant la découverte du corps mutilé de Marcel Mayombo, c’est une habitante de Nanga, Albertine Moussounda, qui avait retrouvé le sac et certains effets du défunt dans un hangar construit au milieu du village. Elle les avait aussitôt remis au chef du regroupement, qui les a ensuite transmis aux militaires de retour de leurs manœuvres. « Comme ils avaient campé ici, nous nous étions dit que c’est un militaire qui y avait oublié ses effets. Mais c’est plus tard que nous avons réalisé qu’il s’agissait des bagages de la victime », avance Germaine Bitsafi, une notable de Nanga Deux ans après l’assassinat de Marcel Mayombo par ses frères, les habitants de ce regroupement de villages, malmenés à tort, ruminent encore leur colère. Ils demandent la réparation du préjudice moral subit. « Les militaires nous avaient mis à genoux, torse nu, les mains sur la tête pendant plus de quatre heures de te temps devant nos femmes et nos enfants. Il faut que ce préjudice soit réparé. Nous ne pourrons pas enterrer ce problème», insiste Jean-Paul Nzamba, un autre habitant de Nanga. GLACIERES D’ORGANES HUMAINS. Après avoir appris que l’adjudant-chef Marcel Mayombo avait été finalement assassiné par ses propres collègues, les villageois injustement malmenés ont déposé une plainte collective au tribunal de première instance de Mouila. Devant l’échec de leur première requête, ils ont introduit une seconde plainte auprès de la juridiction. Mais leur requête se heurte à la chape de plomb que recouvre l’assassinat du militaire. « Nous avons beau faire de tour au tribunal, les magistrats nous demandent d’attendre. Cela fait trois ans que nous n’avons pas de suite », se lamente Philippe Pouaty, un autre habitant de Nanga. (Reportage integral à lire dans Echos du Nord de ce lundi 4 Novembre 2013.)
Posted on: Sun, 03 Nov 2013 19:51:03 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015