Robert Nesta Marley est né le 6 février 1945 à St-Ann, dans la - TopicsExpress



          

Robert Nesta Marley est né le 6 février 1945 à St-Ann, dans la paroisse de Nine Miles en Jamaïque. Fils dun capitaine blanc de la marine quil ne connaîtra pas et dune paysanne jamaïcaine noire, le jeune Nesta est un petit garçon solitaire qui semble perpétuellement rempli de tristesse. Adolescent, il quitte la campagne et sen va faire sa vie à Kingston, la capitale. Malheureusement, le travail y est rare et il doit vivre dans limmonde ghetto de Trenchtown. Là, il sera témoin de ce que la misère humaine a de plus injuste et écoeurant. Il reste parfois des jours sans manger, trouve des jobs ça et là... On lui attribue la faculté de lire lavenir dans les lignes de la main (!). Métisse, Bob se sent rejeté : trop blanc pour les noirs, trop noir pour les blancs, il se replie sur lui-même, sans les épaules dun père sur lesquelles sappuyer. Il rencontre Bunny Livingston, puis Peter Mackintosh, deux autres jeunes qui partagent avec lui la rudesse de la vie à Trenchtown et une passion sans limite pour la musique. Peter joue un peu de guitare et les trois amis chantent les tubes de RythmnBlues entendus sur les radios de Miami. A Trenchtown, Bob Marley se taille une solide réputation de rude boy, ces espèces de rebels insolents qui se donnent des allures de gangsters, alors quil est tout sauf violent. Il nest dailleurs pas bien grand ni très épais, mais utilise sa parole et sa détermination pour simposer. Il hérite rapidement de plusieurs surnoms, comme le skip (le capitaine), ou Tuff Gong (le dur). En revanche, il se montre très habile et très doux avec la gent féminine. Pourtant, il naccorde guère de temps à autre chose que la musique, et se donne sans limite à lapprentissage de la composition et du chant, sous la houlette de Joe Higgs, une star jamaïcaine qui aide tous les jeunes désireux dexploiter sérieusement leur talent. Peter, Bunny et Bob sentent quils ont beaucoup à offrir en conjuguant leurs talents. A 16 ans, Bob décroche un contrat pour enregistrer un 45-tours, Judge Not. Bide absolu ! Après deux autres essais guère plus réussis, il forme avec Peter, Bunny et quelques autres les Wailin Wailers. Le groupe signe chez Studio One, le label de Clement Coxsone Dodd. Leur premier titre, Simmer Down, sera le tube de 1961 en Jamaïque. Au fur et à mesure des années, ils vont enchaîner succès sur succès. Devenus les Wailers sous la forme du trio, Marley, Tosh et Livingstone travaillent avec Leslie Kong, puis avec Lee Scratch Perry. A chaque fois la collaboration est fructueuse sur le plan artistique mais pas sur le plan financier. Le show-business jamaïcain est particulier dans le sens où il ny a pas de papiers signés, tout est verbal, et le concept de droits dauteur nexiste pour ainsi dire pas. De ce fait, les Wailers ne perçoivent que très peu dargent sur les disques tout en étant dénormes vedettes locales. Pourtant, la compétition est rude ; pour beaucoup de jeunes du ghetto, la musique constitue un espoir de décrocher la timbale. A cette époque, la musique jamaïcaine sappelle le Ska, mélange de RythmnBlues et de Calypso. Suivra le Rock Steady, mêmes ingrédients en plus lent. Les trois Wailers se rapprochent du mouvement Rasta, changent leur style pour un engagement plus social et spirituel. Le Reggae sapprête à exploser en Jamaïque. En 1971, la chanson Trenchtown Rock cartonne dans toute lîle. Les Wailers sentent quils peuvent faire plus si on leur en donne les moyens. Ils sont dorénavant managés par Danny Sims, le producteur de Johnny Nash, avec qui ils collaborent jusquen 1972. Le monde découvre dun coup les Rastas, le Reggae et la Jamaïque grâce à The Harder They Come, le film de Perry Henzel, avec Jimmy Cliff dans le premier rôle. Bob et les siens sentent que cest maintenant ou jamais... Grâce à Danny Sims, Marley a enregistré un 45-tours pour CBS (Reggae On Broadway), mais aucune promotion nest accordée au disque qui passe inaperçu. Alors que les Wailers travaillent sur une musique de film pour Nash et Sims en Angleterre, ces derniers les lâchent et senvolent aux USA pour la promo du disque de Nash. Seuls, déprimés et sans le sou, les Wailers sont au point de rupture, lorsque Bob décide de tenter le tout pour le tout et demande un rendez-vous avec le patron dune jeune maison de disques au nom évocateur, Island. Chris Blackwell reçoit les trois Jamaïcains dans son bureau. Ayant grandi sur lîle, Blackwell connaît déjà bien la carrière des Wailers. Il ne lui faudra pas longtemps pour leur proposer un contrat et une avance. Le reste, comme on dit, appartient à lhistoire... Mais la partie nest pas encore gagnée. La sortie du premier album Catch-A-Fire remporte un certain succès critique, mais nattire pas le public qui na pas encore les oreilles éduquées pour cette nouvelle musique et le message révolutionnaire qui laccompagne. Les Wailers sengagent dans une tournée des clubs anglais pour mieux faire connaître leur travail. Ils sortent rapidement un deuxième disque enregistré dans une ambiance tendue. Bob impose ses compositions, encouragé par un Chris Blackwell qui décèle en lui les qualités dun leader. Sen suit une deuxième tournée, plus longue et finalement trop dure pour Bunny Wailer et Peter Tosh qui abandonnent à quelques semaines dintervalles. Blackwell a ce quil voulait : Bob est désormais seul aux commandes. Dalbums en interviews, de concerts en coup déclats, Bob Marley devient avec le temps lambassadeur du Reggae à travers le monde. Plus quun artiste de grand talent, il est pour beaucoup un guide, une autorité morale. Il navait pas de père, il sen est choisi un : Haïlé Sélassié Ier, Roi des Rois, Seigneur des Seigneurs, empereur dEthiopie. Ni plus ni moins que le Très-Haut JAH. Qui dit mieux ? Mais tout le monde ne voit pas ça dun très bon oeil ; la CIA surveille Marley, les politiques jamaïcains se battent pour lavoir de son côté... Preuve quil avait déjà dépassé le simple cadre artistique en 1976, il frôle la mort lors dun attentat perpétré par... ? Tout a été dit à ce sujet. La version officielle incrimine le JLP, le parti de droite jamaïcain qui voulait dissuader Marley d’apporter un éventuel soutien au parti rival, le PNP. Des versions officieuses laissent sous-entendre que la personne visée nétait pas Bob mais Alan Skill Cole, un de ses amis. Dautres affirmèrent encore que la cible de lattentat était Don Taylor, le manager des Wailers, qui se révéla effectivement être un magouilleur de première, traînant en permanence de grosses dettes de jeu... Il est des choses qui ne sont pas souvent dites lorsquon évoque la carrière du Rasta : si lui-même était un homme de bien, il nen était pas de même de son entourage. Marley traînait dans son sillage de superstar une foule dimportuns, anciennes connaissances du ghetto, prêts à lui lécher les bottes pour obtenir quelques sous ou un traitement de faveur. Parmi eux, il y avait même de sérieux caïds, des chefs de gangs ou des gunmen (homme de mains). Lorsquon linterrogeait à ce sujet, Bob répondait quil travaillait à la réhabilitation de ces voyous. Un autre fait concernant le chanteur défraya la chronique : son rapport avec les femmes. Il avait épousé Rita Anderson en 1966, bien quil le nia à plusieurs reprises par la suite et il est de notoriété publique quil eut des dizaines dautres conquêtes, dont certaines lui donnèrent des enfants. La plus connue dentre elles est Cindy Breakspeare, une beauté jamaïcaine élue Miss Monde en 1977. Imaginez le bonheur des journaux à scandales. Même sil gagna le respect du plus grand nombre, Bob eut beaucoup de détracteurs. Tout le monde nétait pas client de la philosophie Rasta quil sévertuait à propager ; pour beaucoup, ce nétait quun tissu de délires sans fondement, délivrés par une population de drogués marginaux à la coiffure hirsute. Et en matière de délires paranoïaques, la mort de Bob Marley le 11 mai 1981 à Miami suscita les rumeurs les plus folles : on dit que la CIA avait tenté de lécarter de la scène internationale en bombardant les chambres dhôtel où il résidait avec des rayons cancérigènes (si cest ça, bien joué!) On dit aussi que le cancer sétait développé à cause dun fragment de balle qui était resté logé dans son bras après lattentat. Bob lui-même confia à des proches à plusieurs reprises quil avait limpression quon cherchait à lempoisonner... La Jamaïque lui fit des funérailles nationales qui durèrent trois jours. On lui décerna le titre dHonorable Robert Nesta Marley, Ordre du Mérite. Immédiatement après sa mort, une longue et pathétique bataille juridique sengagea autour de sa fortune. Bob na pas laissé de testament, et femmes, enfants, parents, collaborateurs vont se battre pour récupérer une partie du magot. Il nen reste pas moins que Bob Marley fut un artiste exceptionnel, auteur-compositeur de génie, visionnaire (il avait prédit avant tout le monde lindépendance du Zimbabwe), dune grande générosité matérielle comme spirituelle et dont lœuvre continue dalimenter toutes les luttes pour un meilleur monde. Pas mal de Rastas conclurent que Bob Marley était lélément final dune trinité qui compte Marcus Garvey, le prophète et Haïlé Sélassié, la divinité. Quelques temps avant sa mort, Bob avait été baptisé par lEglise éthiopienne orthodoxe, qui lui avait attribué le nom de Berhane Sélassié : Lumière de la Trinité.
Posted on: Sat, 09 Nov 2013 10:56:29 +0000

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