RÈGNE DOMAR (13/634 — 23/644). Omar, fils d’al-Khattâb, - TopicsExpress



          

RÈGNE DOMAR (13/634 — 23/644). Omar, fils d’al-Khattâb, ayant été proclamé khalife, destitua Khalid, fils dal-Walîd, du commandement en chef de larmée, dont il avait été investi. Puis il nomma émir de toutes les troupes Abou Obéidah, fils dal-Djarrâh.[234] Or, le messager d’Omar arriva à larmée de Syrie porteur du rescrit adressé par le khalife à Abou Obéidah et par lequel il lui confiait le commandement et le retirait à Khalid ; son arrivée coïncida avec un combat[235] où les soldats étaient engagés. Ils interrogèrent le messager sur la cause de sa venue. Il leur apprit que tout allait bien, leur assura quil allait être suivi par des renforts, et leur cacha la mort d Abou Bakr. Puis, il parvint jusquà Abou Obéidah fils dal-Djarrâh, lui apprit cette mort en secret et lui remit le rescrit dOmar linvestissant du commandement et destituant Khalid. Abou Obéidah eut honte en face de Khalid et ne put se décider à linformer de sa destitution, au moment où il venait de prodiguer ses efforts dans le combat ; il préféra lui cacher la nouvelle, et patienta jusquà ce que la conquête fût achevée et annoncée [au khalife] dans une missive au nom de Khalid. Puis il lui fit savoir la mort dAbou Bakr et la destitution prononcée contre lui-même [par Omar]; Khalid remit aussitôt à Abou Obéidah le commandement de larmée. La prise de Damas[236] eut lieu en l’an 14 de lHégire (635 de J.-C), sous le khalifat d’Omar, fils dal-Khattâb. Et cest pendant le règne de cette même dynastie queurent lieu la conquête de lIraq et le renversement des rois Cosroïdes. Voici le commencement des événements qui firent passer leur empire aux Arabes. Certes, Allah, par sa prescience, par son éminente sagesse, par sa toute-puissance, lorsquil veut une chose, en prépare les voies. Il sest décrit lui-même en ces termes : « Dis : O Allah, toi qui disposes de la royauté, tu donnes la royauté à qui tu veux, et tu retires la royauté à qui tu veux; tu honores qui tu veux et tu abaisses qui tu veux. Dans ta main est le bien, certes tu es tout-puissant.[237] » Aussi, lorsquAllah (quil soit glorifié!) voulut transmettre la royauté des Perses aux Arabes, il lança de tels signes précurseurs de cette décision quil remplit de terreur les cœurs des Perses et de leurs princes. Ce fut dabord lébranlement du palais [des Chosroès] et la chute de ses créneaux, au moment même où naquit le Prophète (sur lui soient les meilleures bénédictions !), puis lextinction du feu sacré de Fâris, qui ne sétait pas éteint depuis mille années. Ces événements eurent lieu à lépoque d’Anoûcharwân le Juste. Lorsque celui-ci vit la chute des créneaux, les lézardes du palais, il en fut ému, revêtit sa couronne, sassit sur son trône, fit venir ses vizirs et les consulta. A ce moment-là même, arriva un écrit venant de Paris et annonçant lextinction du feu sacré. La tristesse de Chosroès redoubla. Sur ces entrefaites, le moûbadzân se leva et raconta le songe quil avait eu. « Jai vu, dit-il (puisse Allah favoriser le roi !), de faibles chameaux montrer la route à des chevaux arabes qui ont traversé le Tigre et se sont dispersés dans les régions arrosées par ce fleuve. » Chosroès lui dit : « Quelle est linterprétation de ce songe ? » Il répondit : « Puisse Allah favoriser le roi ! il sagit dun événement qui arrivera du côté des Arabes. » La nouvelle de ces présages se répandit parmi les Perses ; ils en causèrent, la terreur habita leurs cœurs et la crainte des Arabes ne quitta plus leurs âmes. Puis, dautres pronostics effrayants du même genre se suivirent sans intervalle jusquau dénouement. Ainsi Roustoum,[238] lorsquil sortit pour combattre Sad,[239] fils dAbou Waqqâs, vit en songe un ange descendre du ciel, rassembler les arcs des Perses, mettre sur eux son cachet et les emporter au ciel. A cela vint se joindre le spéciale auquel ils assistaient, de lassurance que les Arabes manifestaient dans leurs paroles, de leur confiance absolue, de leur patience endurante contre les dangers, enfin les dissensions où les Perses se trouvaient eux-mêmes après la mort de Chahriyâr[240] et lavènement dYezdédjerd[241] qui monta sur le trône tout jeune et sans apporter de grandes qualités dintelligence. Enfin, la catastrophe décisive[242] fut déterminée pour eux par le vent qui se retourna contre eux à la bataille de Qâdisyya, les aveugla de poussière, et rendit leur destruction générale. Cest dans cette bataille que fut tué Roustoum et que son armée fut mise en déroute. Considère ces désolations et sache quAllah décrète et réalise. EXPEDITION DE L’ARMEE VERS L’IRAQ, ET CONOLETE DE LA ROYAUTÉ SUR LES PERSES La frontière de la Perse était parmi celles qui donnaient le plus de souci aux Arabes, qui leur pesaient le plus et excitaient au plus haut point leurs craintes. Ils naimaient pas y faire dincursions, et sen tenaient à lécart parce quils respectaient la puissance des Chosroès et quils savaient, ce qui était de notoriété, combien de peuples les Chosroès avaient soumis à leur autorité. Il en fut ainsi jusquà la fin du règne dAbou Bakr. Un des compagnons du Prophète, nommé Mouthannâ,[243] fils dHaritha, sétait levé, avait invité les hommes à combattre les Perses, leur avait représenté lentreprise comme facile, et les y avait encouragés. Un grand nombre dentre eux sétait laissé gagner, en se rappelant la promesse de lApôtre dAllah, qui leur assurait dans lavenir la possession des trésors des Chosroès. Et pourtant aucune décision navait été prise sous le khalifat dAbou Bakr, jusquà ce quarrivèrent les jours d’Omar, fils dal-Khattâb. Mouthannâ, fils dHâritha, écrivit au nouveau khalife pour lui faire connaître le trouble des affaires des Perses, lavènement au trône dYezdédjerd, fils de Chahriyâr, et sa jeunesse; en effet, celui-ci était monté sur le trône à lâge de vingt et un ans. Alors saffermit chez les Arabes le désir de faire incursion en Perse. Omar sortit de Médine et établit un camp en dehors de la ville, sans quon sût où il voulait aller. Personne ne senhardissait à lui poser la moindre question, au point quun jour, quelquun lui ayant demandé quand on partirait, Omar le renvoya sévèrement sans lui rien faire savoir. Or, toutes les fois que les hommes étaient embarrassés et quils ne pouvaient se passer dobtenir d’Omar une information, ils avaient recours à lintervention d’Othman, fils d’Affàn, ou d’Abd er-Rahman, fils d’Auf. La difficulté était-elle encore plus grande, ils leur adjoignaient comme troisième Abbâs. Othman dit à Omar : « Emir des Croyants, quelles nouvelles as-tu reçues, et quels sont tes intentions ? ». Alors Omar fit lappel de la prière en commun. Tous se réunirent à lui; il les mit au courant de la situation, les exhorta, les invita à faire incursion en Perse, et leur représenta lentreprise comme facile. « Nous tobéirons tous », répondirent-ils. Puis ils lui demandèrent de se mettre lui-même à leur tête. « Cest ce que je ferai, à moins quon ne me suggère une idée meilleure. » Puis il envoya vers les plus sensés, les plus distingués et les plus intelligents des compagnons du Prophète, les fit venir et les consulta; ils lui conseillèrent de rester et denvoyer à sa place un des illustres parmi les compagnons du Prophète, derrière lequel Omar se tiendrait pour lui fournir des renforts. Sil y a victoire, le but sera rempli; si le chef désigné meurt, Omar en enverra un autre à sa place. Lorsquils se furent rangés unanimement à cet avis, Omar monta en chaire, comme cétait lusage des premiers khalifes, lorsquils voulaient haranguer le peuple. Lorsqu’Omar fut monté, il dit : « O hommes, mon intention était de sortir avec vous, mais des gens de cœur et desprit dentre vous men ont détourné et mont conseillé de rester et de désigner un des compagnons du Prophète, qui se chargera de cette expédition. » Puis, Omar les consulta sur celui quil devrait choisir. A ce moment même, il reçut une lettre de Sad, fils dAbou Waqqâs, qui était en voyage dans lune des provinces. Ils conseillèrent à Omar de nommer Sad. « Cest, dirent-ils, un lion lorsquil fond sur lennemi. » Or, lestime en laquelle Omar tenait Sad était daccord avec ce jugement; il le fit donc appeler, le préposa à la guerre de l’Iraq et lui confia larmée. Sad mit les troupes en marche, et Omar les accompagna quelques parasanges, puis les exhorta et les excita à la guerre sainte avant de prendre congé deux pour retourner à Médine. Sad continua sa route, se transportant par étapes dans la plaine qui est entre le Hedjaz et Koûfa, cherchant à se rendre compte de la situation, et recevant dOmar messagers et messages, et aussi conseils sur conseils, renforts sur renforts, jusquà ce quil eût pris la résolution de gagner Qàdisiyya , qui était la clef de l’empire perse. Lorsque Sad se fut établi à Qâdisiyya,[244] le besoin de vivres se fit sentir pour lui et ses troupes. Il envoya des émissaires et leur ordonna de se procurer quelques brebis et quelques bœufs. Or, les populations du Sawâd avaient reculé devant les arabes. On rencontra un homme que lon interrogea sur les brebis et les bœufs disponibles. « Je nen sais rien », répondit-il. Or, il était lui-même le berger et il avait fait rentrer ses bêtes dans un enclos qui nétait pas loin. On dit quun des taureaux enfermés cria : « Le berger a menti, nous voici dans cet enclos. » Les pourvoyeurs y entrèrent, et poussant quelques-uns devant eux, les amenèrent à Sad. On considéra cette prise comme de bon augure, et l’on y vit un secours dAllah (quil soit exalté !). Si le taureau navait pas démenti le berger en prononçant des paroles articulées, il nen demeura pas moins que son cri dans de telles circonstances pour indiquer la retraite des bêtes, alors quon en avait le plus pressant besoin, était un démenti éclatant pour le berger, et cest une de ces coïncidences merveilleuses qui présagent la victoire et la puissance, et on ne peut en tirer quun bon augure. Cest ici le lieu de rapporter une anecdote du même genre, quil nest pas mauvais de faire connaître. Falak ad-Dîn Muhammad, fils dAidamir,[245] ma raconté ce qui suit: « Jétais dans l’armée du petit Dawaidâr,[246] lorsquil fit une sortie à la rencontre des Tatares, à louest de Bagdad, dans le grand combat qui y fut livré en 656 (1258 de J.-C). Il poursuivit : « La rencontre eut lieu près de Nahr Bachîr,[247] dans le district du Petit-Tigre. Chacun de nos cavaliers sortait des rangs pour se mesurer avec un rival ; porté sur son cheval arabe et recouvert de son armure complète, il ressemblait avec son cheval à une haute montagne. Puis, du côté des Mogols, il sortait à sa rencontre un cavalier monté sur un cheval semblable à un âne, et tenant à la main une lance semblable à un fuseau; il nétait ni vêtu ni armé, et quiconque le voyait riait de lui. Mais le jour nétait pas achevé que les Mogols firent contre nous un retour offensif et nous infligèrent une sanglante défaite. Ce fut le point de départ des événements malheureux qui se déroulèrent par la suite, comme on le sait. » Puis les messagers allèrent et vinrent entre Roustoum et Sad. Le messager bédouin venait jusquà la porte du palais, où Roustoum était assis sur le trône dor, et sur le sol avaient été répandus et étendus les coussins et les tapis aux tissus dor. Les Perses avaient mis leurs couronnes sur leurs têtes, étalé leurs ornements, mis en évidence les éléphants sur les côtés de lassemblée. Alors venait le Bédouin, tenant sa lance dans sa main, ceint de son épée, portant son arc sur lépaule, et il attachait son cheval près du trône de Roustoum. Les Perses criaient alors contre lui et se disposaient à len empêcher. Mais Roustoum les retenait, puis faisait approcher le Bédouin, qui savançait vers lui, en sappuyant sur sa lance, sans crainte de fouler et de déchirer avec sa ferrure pointue coussins et tapis, tandis que les Perses assistaient à ce spectacle. Lorsque le Bédouin parvenait jusquà Roustoum, il discutait avec lui. Roustoum ne cessait pas dentendre les Arabes dire des sentences et lui faire de sages réponses qui leffrayaient et le terrifiaient. Sad envoyait chaque fois un autre messager. Roustoum dit alors à lun de ceux qui lui avaient été dépêchés : « Pourquoi ne nous a-t-on pas envoyé notre compagnon dhier ? — Cest, répondit le messager, parce que notre émir [Sad] tient la balance exacte entre nous aux heures de danger et aux heures de détente ! » Roustoum dit un jour à un autre : « Quest-ce que ce fuseau qui est dans ta main ? » il désignait ainsi sa lance. Le Bédouin répondit : « La braise, pour être petite, nen est pas moins brûlante. » Une autre fois, Roustoum, sadressant aussi à un autre messager, lui dit : « Comment se fait-il que je te voie une épée usée? — Le fourreau, répondit-il, nest plus poli, mais la lame est acérée. » Roustoum se laissa effrayer par de telles réponses. Il dit à ses compagnons : « Tenez-vous sur vos gardes ; car, ou ces hommes disent vrai ou ils mentent. Sils mentent, des hommes qui gardent ainsi leurs secrets sans jamais se contredire, et qui se sont entendus de la sorte pour dissimuler la vérité sans quaucun deux ne la révèle, constituent un peuple dune extrême bravoure et dune force immense. Si, au contraire, ils disent vrai, qui pourrait tenir en face deux ? » Les Perses qui entouraient Roustoum se mirent à crier et dirent : « Vrai Dieu ! vas-tu donc renoncer à tes projets pour ce que tu as vu de ces chiens? Non, persiste à les combattre. » Roustoum reprit : « Les choses sont comme je vous le dis; je nen suis pas moins avec vous pour ce que vous désirez. » Le combat dura plusieurs jours, au bout desquels le vent se retourna contre les Perses, au point que la poussière les aveugla. Roustoum fut tué, son armée mise en déroute et les biens des Perses pillés. Ils senfuirent en toute hâte, cherchant à gagner les gués du Tigre pour passer sur la rive orientale. Sad les poursuivit, traversa les gués, fit dans leurs rangs un nouveau massacre à Djaloûlâ,[248] pilla leurs biens et fit prisonnière une fille de Chosroès. Sad écrivit ensuite à Omar pour lui annoncer la victoire. Or, pendant la durée des hostilités, Omar se préoccupait beaucoup du sort de larmée. Chaque jour, il sortait à pied dans la banlieue de Médine, comme pour flairer les nouvelles. Peut-être quelquun arriverait-il et lui apporterait-il des informations sur ce qui était advenu des troupes. Cela coïncida avec larrivée du porteur de la bonne nouvelle, chargé par Sad de faire connaître sa victoire. Omar le vit et lui dit : « Doù viens-tu ? — De lIraq, répondit-il. — Quel est le sort de Sad et de larmée ?demanda le khalife. — Allah, dit le messager, leur a accordé la victoire. » Pendant ce temps lhomme continuait à cheminer sur sa chamelle, et Omar à marcher à côté de son étrier, sans que le cavalier sût que son compagnon était Omar. Lorsque le peuple fut réuni et salua Omar du titre dEmir des Croyants, le Bédouin sut à quoi sen tenir et dit: « Pourquoi ne mas-tu pas fait savoir (quAllah te prenne en pitié ! que tu es lEmir des Croyants ? » Omar dit : « Ne crains rien, ô mon frère. » Puis Omar écrivit à Sa d : « Reste où tu es et ne poursuis pas tes ennemis ! Contente-toi de ce succès, et choisis pour les Musulmans un lieu de refuge et une ville quils puissent habiter. Ne place pas entre moi et eux un grand fleuve.[249] » Sad choisit Koûfa, y traça les plans de la mosquée cathédrale, et les hommes y alignèrent des habitations. Sad fit de Koûfa une capitale, puis il soumit Madâin et devint maître de ses richesses et de ses trésors. Voici quelques faits piquants qui se rapportent à cette époque : Un Arabe sétait emparé dun sac en cuir, où il y avait du camphre. Ses compagnons, auxquels il montra son butin, crurent que cétait du sel, firent cuire des mets et y mirent du camphre. Ils ny trouvèrent point de goûtet, ne surent ce quétait cet ingrédient. Quelquun [plus avisé] layant vu, sut ce que cétait et leur acheta le camphre contre une tunique usée valant bien 2 dirhems. Dautre part, un Bédouin sétait emparé dune pierre précieuse, une jacinthe de grande taille, qui avait beaucoup de valeur. Il nen savait pas le prix. Un connaisseur la vit et la lui acheta pour 1.000 dirhems. Peu après, le Bédouin apprit ce que valait sa pierre précieuse. Dans son entourage on le blâma, et on lui dit : « Que nas-tu demandé une somme plus considérable ? — Si javais su, répondit-il, quau-delà de 1.000 il existât un nombre supérieur à 1.000, je leusse demandé. » Un autre Arabe prenait dans sa main de lor et disait: « Qui me prendra cette matière jaune et men donnera une blanche à la place ? » Il croyait que largent était plus précieux que lor ! Parlons maintenant de ce que devint la situation de Yezdédjerd. Il sétait enfui dans le Khorasan, et ses affaires ne cessèrent pas dempirer jusquà ce quil y fût tué en lan 31 de lHégire (651 de J.-C). Il est le dernier des rois Chosroès.[250] Et ce fut pendant la dynastie dont nous nous occupons, que furent organisés les registres et fixée la solde des Musulmans. Auparavant, ceux-ci ne savaient pas ce que cétait quun registre. Voici des détails sur cette organisation des registres. Les Musulmans constituaient larmée, et ils combattaient pour la religion, non pour les biens de ce monde. Il se trouvait même toujours parmi eux quelquun qui dépensât une bonne part de son bien pour des œuvres pies et saintes. Mais les Musulmans ne voulaient pour leur Islam et pour la défense de leur Prophète aucune rétribution, excepté celle que leur réservait Allah. Et ni le Prophète, ni Abou Bakr ne leur avaient fixé de solde déterminée. Seulement, lorsquils avaient fait une incursion suivie de pillage, et quils avaient pris quelque butin, ils en touchaient une partie[251] que la loi religieuse déterminait. Sil arrivait à Médine quelques richesses provenant dune région quelconque, elles étaient portées à la mosquée du Prophète et partagées entre eux, selon la proportion quil fixait lui-même. Cette manière dagir continua pendant toute la durée du khalifat dAbou Bakr. En lan 15 (636) de lHégire, Omar, qui était alors khalife, observa que les victoires sétaient succédé sans interruption, que les trésors des Chosroès avaient été conquis, et que les charges dor, dargent, de pierres précieuses et détoffes éclatantes navaient cessé daffluer. Il résolut de mettre au large les Musulmans et de leur partager ces richesses, mais il ne savait comment faire ni comment organiser cette distribution. Or, il y avait à Médine un des satrapes[252] perses. Lorsquil vit lembarras d’Omar, il lui dit : « O Emir des Croyants, les Chosroès avaient une chose quils nommaient registre, où ils notaient tous leurs revenus et toutes leurs dépenses, sans que rien en fût omis. Les ayants droit à la solde y étaient rangés en un certain nombre de classes, où aucune erreur ne pouvait se glisser. » Omar, dont lattention sétait éveillée, dit: « Décris-moi le registre. » Le satrape le lui décrivit. Omar comprit, organisa les registres, fixa la solde, attribua à chaque Musulman une somme déterminée, et assigna des pensions aux épouses, aux concubines ainsi quaux plus proches parents du Prophète, jusquà ce quil épuisât le capital disponible et ne laissât aucune réserve dans le Trésor. Un homme, dit-on, vint le trouver et lui dit: «. Émir des Croyants, si tu laissais quelque chose dans les caisses, comme réserve pour des éventualités qui pourraient se produire. » Omar le réprimanda sévèrement en lui disant: « Cest une parole que Satan a mise dans ta bouche. Puisse Allah me garder du mal quelle peut amener ! Ce sera là une tentation pour mes successeurs ; quant à moi, je ne préparerai rien pour les éventualités de lavenir, sinon lobéissance à Allah et à son Apôtre, car cest là notre réserve, grâce à laquelle nous sommes parvenus au point où nous en sommes. » Puis, Omar fut davis de prendre comme base, pour la fixation de la solde [de chacun] la date de son accession à l’islâm et le secours quil a porté au Prophète dans ses divers champs de bataille. Il nomma ensuite des employés pour tenir les registres et leur ordonna de disposer les noms dans plusieurs catégories et dinscrire la solde. « Par qui commencerons-nous, ô Emir des Croyants ? » demandèrent-ils. Parmi les compagnons du Prophète, il y en eut qui conseillèrent à Omar de commencer par lui-même et qui lui dirent : « Tu es lÉmir des Croyants, tu dois être placé en tête. » Cela répugna à Omar, qui dit : « Commencez par Abbas, loncle paternel de lenvoyé dAllah, et par les Hachémites, puis continuez par les autres, classe par classe, et placez les descendants dal-Khattâb là où Allah les a placés. » On se rangea à son avis et cela demeura en vigueur pendant les khalifats d’Omar et d’Othman. Omar, à la fin de son khalifat, avait eu la pensée de renverser tout cela et daccorder à chaque Musulman 4.000 [dirhems],[253] et il avait dit: « Il y en aura 1.000 qui serviront aux dépenses de sa famille lorsquil sera parti pour la guerre, 1.000 avec lesquels il séquipera, 1.000 quil gardera par devers lui, et 1.000 qui lui serviront à payer un compagnon darmes. » Omar était mort avant davoir réalisé ce projet.
Posted on: Tue, 29 Oct 2013 03:12:05 +0000

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