SACRILÈGE La - TopicsExpress



          

SACRILÈGE La passion qui parfois nous entraîne à des excès sacrilèges. — Noooooon !!! La négation murmurée par Lisbelle a la saveur dune invite et ses mains impatientes le long du corps de son amant la démente. Une de ses jambes se lève, découvrant un éclair de chair sous la longue jupe qui s’évase jusqu’aux chevilles dans une débauche de couleurs vives. — Non ! Pas ici, répète-t-elle sous des caresses de plus en plus fébriles, sa silhouette gracile coincée contre l’un des nombreux piliers qui bordent l’antique place romaine. Le jour rosit à peine un bout de ciel à l’orient et des pans entiers de la place en forme de cloître sortent doucement de l’ombre, laissant seulement les arcades et le couple étroitement enlacé sous la protection éphémère d’une ombre accueillante. Les deux corps se pressent à nouveau, impatients, soudés par deux bouches avides et goulues qui se mangent. — Tu me rends fou ! Giovanni, un grand gaillard aux cheveux blonds en désordre, à la barbe naissante serre encore plus contre lui la belle italienne qui s’offre et s’esquive, ballet amoureux les laissant tous les deux pantelants. Leurs quatre mains affolées se croisent, se lient se détachent pour explorer chaque centimètres de peau et sous une caresse plus précise, les reins de la jeune femme se creusent. Dans un gémissement, elle implore. — Pas ici je ten prie ! Le jour se lève… Quand des doigts impatients se hasardent insistants sous la robe, Lisbelle cette fois les repousse fermement. Ils restent alors, essoufflés, haletants, mélangeant leurs haleines parfumés par le vin de la fête. Mais la passion est plus forte. Elle les entraîne à nouveau vers une nouvelle étreinte. D’une torsion habile, la jeune femme se libère. — Pas ici, je t’ai dit ! chuchote-t-elle à nouveau à l’oreille du jeune homme dans le silence de cette fin de nuit, troublée par un bruit croissant de sabots sur les pavés de la place. Dans un même ensemble, leurs corps glissent et contournent le large pilier. — Où ? demande impatient Giovani. Le regard affolé par cette passion dévorante, cest à peine sil voit la charrette s’avançant au milieu de lesplanade. Viens ! murmure-t-il dans le jour naissant en tirant sa proie consentante. Tous les deux longent alors l’enfilade de colonnes jusqu’au parvis accueillant dune église. Après avoir montés quelques marches, ils disparaissent par une des portes latérales de la maison sacrée. — Tu es fou, murmure Lisbelle dans la maison de Dieu, effrayée par la solennité du lieu. Devant le confessionnal, ils hésitent un instant puis en pouffant, ils s’engouffrent à l’unisson dans l étroit isoloir. — C’est un blasphème, gémit la jeune femme. — Pas du tout, répond aussitôt le jeune homme en refermant sur eux la porte. C’est Lui qui a dit « croissez et multipliez… » Et ça Le changera un peu du spectacle des vieilles bigotes qui passent leurs temps à radoter devant Lui. — Tu es bête, badine Lisbelle vaincue alors que la symphonie à quatre mains reprend dans le noir de cet abri précaire. Pour aider son amant, elle se colle contre la paroi de bois en s’asseyant sur le siège étroit et quand Giovanni se débraguette, elle prend sans hésiter dans sa main le trophée palpitant. Reins creusés, elle ceint de ses deux jambes largement découvertes la taille de son amant qui l’empale, sans ménagement, jusqu’à la garde, deux corps soudés, haletant, râles timides d’abord qui enflent sous les coups de boutoir. Telle la coque d’un navire maltraitée par les vagues, le confessionnal en bois craque et tangue de toute la membrure de sa vieille carcasse sous des assauts de plus en plus frénétiques des deux amants. — Va ! Va ! encourage Lisbelle prête à recevoir de sa monture l’estocade finale. Et ils ne sont plus quun seul désir en fusion quand, brutalement, la porte du confessionnal s’ouvre en grand. — MAIS…MAIS… QU’EST CE QUE VOUS FAITES ? bafouille le pauvre curé, les mains jointes, le regard troublé devant le couple qui instantanément se fige. MON DIEU ! fait-il en se signant, refusant de croire au spectacle qui s’offre à lui dans la pénombre ; celui dune pécheresse troussée jusqu’aux hanches, chevauchée par un diable blond en rut. Lisbelle, la première, retrouve ses esprit en repoussant durement Giovanni. Le pauvre va butter contre la cloison opposée aussi exposé que le jour de sa naissance devant le curé, estomaqué devant la vision d’une jupe qui retombe sur deux éclairs de chairs blanches et d’un membre grotesque piquant tristement du nez. — SACRILÈGE… suffoque-t-il en se détournant pour ne pas voir Giovanni en train de s’ajuster à la hâte. Le jeune homme est sur le point de bondir en entraînant son amante mais cette dernière ne lui en laisse pas le temps. — Mon père, c’est ma faute…Je l’ai entraîné, gémit-elle en se jetant aux pieds du curé, geste théâtral de piété qu’elle croyait avoir oublié. Elle supplie maintenant, ses deux bras enlaçant la soutane. Devant cette confession spontanée, lhomme en noir en perd la voix. CO… CO… bafouille-t-il, prisonnier de deux bras dénudés qui lenserrent, plus très sûr tout à coup si la vision qui sest offerte à lui nest pas le fruit d’une nuit de veille et d’une abstinence un peu trop forcée. — Vous rendez-vous compte ! Dans la maison du Seigneur, soupire-t-il, un peu calmé. Dans le confessionnal… Mon père ! Nous navons rien sali, je vous le garantie, lassure Giovanni, rouge de confusion, on ne peut mieux bien placé pour donner cette précision. Transpercé par un regard terrible, il réalise trop tard ce que le prêtre déduit de sa déclaration. Sentant que la colère de lhomme déglise pourrait à nouveau détoner, la joue toujours collée contre le vêtement rêche, à nouveau Lisbelle supplie. — Mon père, j’ai péché. Je veux me confesser… * Et de la même manière que deux élèves s’interrogent sur leurs punitions respectives à la sortie du conseil de discipline, Lisbelle, un peu plus tard, sur le parvis de l’église, questionne son amant. — Alors ? Giovanni, plus mortifié par l’acte interrompu que par la prise de conscience du sacrilège commis, lève les yeux au ciel. — Cent Pater et autant d’Ave, murmure-t-il sombrement en se signant, entraînant Lisbelle au bas de marche du parvis noyé par un soleil printanier. Les yeux de la jeune femme s’arrondissent de surprise. — Cent Pater et autant d’Ave…murmure-t-elle pour elle-même, estomaquée en suivant docilement son amant au milieu de la place déjà traversée de nombreux chalands. Ce n’est que lorsque son indignation se calme un peu qu’elle murmure enfin à l’oreille de son compagnon. — Quel vieux misogyne ce curé ! Devant l’étonnement du jeune homme elle ajoute pour se justifier. A moi, comme pénitence, c’est le double que je dois réciter...
Posted on: Thu, 21 Nov 2013 23:05:42 +0000

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