SOMBRE UNIVERSITE. La lumière décampe du campus. C’est le - TopicsExpress



          

SOMBRE UNIVERSITE. La lumière décampe du campus. C’est le péché mignon de toute génération de se sentir supérieure à celles qui lui succèdent. C’est le défaut majeur de toute génération de trop vite mésestimer ses devancières. C’est ainsi que les premiers instituteurs resteront les seuls professionnels, les anciens guerriers plus courageux, le roi Pelé incomparable à Maradona qui lui-même dépasse Zidane, les femmes d’aujourd’hui nulles en cuisine, le Certificat d’Etude Primaire d’hier plus valeureux que le Baccalauréat de nos jours, et les médecins d’autant plus consciencieux qu’ils sont proches d’Hippocrate en date. L’acteur d’aujourd’hui, assis sur ses lauriers, se laissera décliner cette nomenclature d’une autre époque, et pourra toujours répondre avec un sourire narquois que la distance avec le passé contribue à magnifier l’action et la position DANS LA SOUVENANCE des « ayant vécu »; A beau mentir qui vient de loin (dans le temps) dira t-il. Le temps s’écoulant, l’Histoire déroulant devant l’Humanité un long chemin sinueux avec d’imprévisibles bifurcations et de si brusques secousses, la mesure des écarts générationnels est difficilement valide, parce que soumise à une forte dose de subjectivisme. Dans la succession linéaire des générations, le « CRUEL SOUVENIR DE MA GLOIRE PASSEE ! » d’un des héros du Cid de Corneille se le disputera toujours avec cette autre exclamation de ce même héros :« ŒUVRE DE TANT DE JOURS EN UN JOUR EFFACE ».Dans cette opposition générationnelle dramatique où la douceur de la nostalgie résistera toujours à l’angélisme révolutionnaire ,qui laisse se dessiner un avenir aux contours incertains et subséquemment angoissant, le contemporain qui observe et juge ne peut s’adosser qu’à des lieux communs transgénérationnels ,des sortes de lapalissades qui mettent tout le monde d’accord. Il ne peut procéder que comme tout bon médecin ; vérifier les constantes avant de s’aventurer à poser un diagnostic. Autrement, il n’est pas crédible. Or, s’il ne devait en rester qu’une seule, quelle constante serait l’empreinte génétique d’une Université ? Pas besoin de remonter jusqu’ au Lycée d’Aristote, à l’Agora d’Athènes ou à l’inscription sur le fronton du temple de Delphes pour mijoter une réponse. Les lieux communs les plus courus dans notre glossaire de l’Education nous ont toujours présenté l’espace universitaire comme le « Temple du savoir », et nous sénégalais avons tellement cru en ce précepte que la devise de notre université de référence n’est ni plus ni moins que « LUX MEA LEX ».J’ose espérer que les étudiants savent encore ce que signifie ce latinisme. Et voila que la lumière décampe de nos universités. Chaque génération d’étudiant aura le loisir de dater ce début d’obscurantisme avec la pinte de nostalgie qu’est la sienne. On n’y peu rien. Mais pour ma part je regrette. Je regrette que les joutes oratoires dans les assemblées générales d’étudiants ne soient plus un lieu d’expositions d’idées, mais de biceps ; que l’argument de la force ait pris le dessus sur la force de l’argument. Je regrette l’époque où des étudiants à la tête bien pleine rêvaient d’avoir une tête bien faite, et éprouvaient, toute peur surmontée, toute timidité vaincue, leur capacité d’analyse, leur technique d’expression et leur force de persuasion au contact de camarades critiques mais matures. . En ce temps là (car je parle d’un temps révolu, mais pas à jamais je l’espère), les échanges intellectuels envahissaient tant et si bien le campus universitaire qu’il était difficile pour un étudiant en sciences de terminer son cursus, sans rencontrer au détour d’un couloir de la CU ,d’un rayon de la BU ou d’un coin de table du Restau U Tocqueville lui causant Démocratie, Marx lui parlant Dialectique, Keynes Economie et d’autres penseurs d’autres choses ;la culture générale d’ensemble ne s’en portait que mieux. C’est vrai qu’e ce temps là, la gauche était bien à gauche et la droite à Droite. Dans l’entre jeu, des Centristes qui veillaient à ce que les extrémistes ne triomphent pas et des Nationalistes pour rappeler aux plus sourds que la Nation primait sur tout. Il s’en trouvait toujours un Mahatma Gandhi quelque part pour tempérer les ardeurs de tous ces excités qui, malgré tout, se respectaient pour ce qu’ils étaient : l’intelligencia en devenir. Bruce Lee, Jackie Chan, Mike Tyson et Double Less ne musclaient qu’exceptionnellement les débats et les gyrophares lumineux de la raison les faisaient vite rentrer dans le rang. L’avantage de cette situation étant que les stratégies estudiantines étaient bien pensées, et même mauvaises, elles portaient le sceau de la concertation vive mais civilisée, parce que décontaminées des tactiques impulsives qui aveuglent l’action. Les LUMIÈRES étaient là, quoi qu’on dise, et qui éclairaient. Je ne serais pas surpris, même en ayant anticipé certaines objections dès le départ, que mes devanciers dans les amphis me soupçonnent de ne voir midi qu’à ma porte. Soit, mais toutes générations confondues, consentons à constater que l’Espace Universitaire s’assombrit. S’il y reste une raie quelque part, il urge de la sauver et de la vivifier avant que l’obscurantisme total ne s’y installe. L’EXPRESSION du Politique dans l’Espace universitaire est une donne à corriger. C’est à dessein que j’évite de parler d’INCURSION du politique comme je l’entends parfois décrier. Il serait naïf de croire que le campus social et même pédagogique puisse être vierge de vie politique. C’est pourquoi dans tous les pays, sous toutes les latitudes, des mouvements politiques ont toujours cherché à caporaliser des mouvements étudiants. Au change, elles gagnaient des militants aguerris au combat politique, parce que habitués aux combats d’idées. Un universitaire qui pense que c’est par la force physique de dissuasion peut remplacer la force intellectuelle de persuasion ou la force éthique de la conviction n’a pas sa place dans l’espace universitaire. J’ai beau regarder, m’abstenir de jouer au cassandre, mais en vérité je ne puis m’empêcher de voir dans la façon dont le politique s’exprime dans nos universités ce que J J ROUSSEAU a tôt fait de baptiser « LA PASSION QUI CROIT RAISONNER ». Ou était ce plutôt « L’ENTENDEMENT EN DELIRE » ? Ni l’un ni l’autre ne sauraient de toute façon être source de lumières. Je ne m’offusquerais pas que d’aucuns n’aient pas compris. Par gentillesse, inscrivez moi sur la liste des nostalgiques…tout simplement, tout bonnement. CITOYENNEMENT VÔTRE.
Posted on: Sun, 06 Oct 2013 22:55:36 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015