Sa ki fèt fèt ! Terroir sacré ! NE PAS TOUCHER. Il y a de - TopicsExpress



          

Sa ki fèt fèt ! Terroir sacré ! NE PAS TOUCHER. Il y a de l’eau sous les champs de cannes à SAINT-PIERRE . C’est ce qui fait la richesse du terroir et la qualité de la canne , donc le bouquet inimitable et l’excellence du rhum produit à partir de ces cannes là . Le rhum de mon pays la Martinique et de ma ville SAINT PIERRE bénéficie après un long combat de l’appellation AOC . Le terroir doit être classé définitivement Zone protégée et Patrimoine Naturel des Martiniquais Donc INTOUCHABLE . La canne depuis toujours est cultivée sur cette zone. Elle plonge ses racines dans l’Histoire géologique de la Martinique. Sa tige est gorgée de l’Histoire de la colonisation et sa fleur pointe droit vers le ciel , vers l’immensité , en quête d’avenir. Elle pousse , elle murit , elle fleurie , elle ondoie dans les Alizées , elle frémit puis s’incline en gémissant sous le coutelas . Récoltée et pressée elle donne un Rhum incomparable riche et généreux qui se transmet de générations en générations . Des ruines de l’église du Fort au château DEPAZ , tout le quartier qui longe les champs appelé « L’allée Pécoul » est né de la canne et vit au rythme de la canne depuis plus de deux siècles . Nous les enfants de Saint Pierre , le Saint Pierre des années 1960, 1970 , avons tous couru derrière les camions de cannes de Neisson ou Depaz pour arracher quelques tiges bien juteuses . Le camion Neisson était attendu par les enfants du centre et du mouillage souvent rassemblés à la saison de la récolte Place Félix BOYSSON ou place BERTIN . 3 ou 4 d’entre nous à bicyclettes occupaient toute la largeur de la route , obligeant le camion à ralentir , voir à s’arrêter . A ce moment là , les autres surgissaient à l’arrière du camion et arrachaient quelques bottes de cannes, essuyant au passage une bordée bien appuyée d’injures de la part du chauffeur . Fiers d’avoir trompé la vigilance du conducteur , fort de notre butin , direction la plage à quelques mètres de la route pour la dégustation immédiate et surtout pour se raconter des histoires affolantes de voleurs de cannes à la tire … Comme celle du jeune qui s’était fait couper la tête par une des chaines qui retient le chargement mais qui continuait à courir et à arracher des tiges de canne alors que sa tête roulait toujours dans le rétroviseur du camion . Tout le monde en avait entendu parler , tout le monde avait vu et même entendu la chaine se rompre et fouetter mortellement le jeune…C’était à Basse pointe , c’était au Lorrain , c’était à Sainte Marie , c’était au Carbet , c’était à Saint Pierre… Personne ne se souvenait ni du lieu ,ni de l’heure ni du nom du jeune . C’était les histoires qui nous faisaient entrer dans la légende des grands et courageux détrousseurs de camions de cannes . Un jour les camions surchargés au ras la gueule qui enchantaient et parsemaient d’exploits nos après midis ont été remplacés par des camions à bennes conduits par des chauffeurs hilares mettant toutes leurs dents « à la blani » , le majeur pointé vers le ciel actionnant en signe de victoire leur klaxon à deux tons lorsqu’ils nous croisaient assis, dépités et désœuvrés sur les bords de route .On a bien essayé de trouver des parades , de monter des plans farfelus avant de renoncer devant cet acquis du progrès en acier trempé. Nos histoires et nos légendes ont sombré dans les replis des profondeurs de notre mémoire . Avant de tomber dans l’oubli éternel . D’un seul coup , sans aucune violence , impérieux , vivace, tenace , le souvenir a surgi , puissant comme une colonne d’eau jaillissant des profondeurs de la terre, de cette terre torturée par la montagne Pelée , de cette terre devenue si riche et si féconde des colonnes de cendres qui la recouvrent au gré des éruptions , de cette terre devenue terroir , de cette terre de mon enfance . Intact est le gout de ce sirop qui coulait sur mes lèvres quand mes dents se plantaient goulument dans cette partie fibreuse et tendre de la canne , juste entre deux nœuds . Ma mémoire imprègne mes sens , je ferme les yeux , le jus de canne envahit ma bouche et j’entends encore les « Sic..Sic …Sic (à prononcer en aspirant) de mes amis d’enfance chaque fois qu’ils absorbaient une gorgée du précieux liquide sucré avant de recracher les fibres dans de grands éclats de rire ponctués immanquablement de « Manmaille Fout i bon ! » . La hauteur du tas de fibres blanchâtres et de « la po cann » reflétait l’importance de nos prises , mettant en valeur le courage et l’adresse des arracheurs montés à l’assaut des malheureux camions immobilisés par les cyclistes d’un jour . Sans oublier que lors du Bal traditionnel de L’ASSAUT , le brave d’entre les braves faisait chavirer le cœur des filles, plus facilement qu’un canot rempli de gros coulirous après le « cout’senn » du petit matin . Merci au SCCNO d’avoir réveillé ces moments merveilleux de la vie des enfants de Saint Pierre . Merci aux élus du SCCNO d’aller chercher de l’eau entre la Rivière des Pères et la Rivière du Prêcheur . La ressource ne manque pas . Il y a suffisamment de ravines et de rivières à ciel ouvert pour ériger des barrages et constituer des réserves importantes d’eau . Il y a aussi des sources chaudes qui pourraient fournir également de l’électricité sans polluer l’air en brulant du Gasoil . En Guadeloupe c’est déjà le cas à BOUILLANTE . C’est une vraie question d’aménagement du territoire et d’exploitation des ressources pour les générations actuelles et futures . Ne touchez pas à mon terroir , ne touchez pas à mon passé devenu aujourd’hui un enjeu majeur de mon avenir . A la mémoire de Raoul et André DEPAZ qui m’ont initié A Grégory pour son combat légitime A mes Amis de Saint Pierre du Carbet , du Prêcheur et d’ailleurs , respectueux de notre Histoire , de notre Patrimoine , de nos Valeurs. Gérald PRUFER Enfant de SAINT PIERRE Et Fier de l’être .
Posted on: Fri, 18 Oct 2013 22:20:38 +0000

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