Salle de shoot : le blocage du Conseil d’Etat appelle à - TopicsExpress



          

Salle de shoot : le blocage du Conseil d’Etat appelle à remettre en cause une loi désuète Le Monde 10.10.13 Tout était prêt pour l’ouverture d’une salle de consommation expérimentale à Paris début décembre. Lendroit était choisi, les professionnels sur le point dêtre recrutés. Les réunions de concertation avec les habitants avaient eu lieu, un travail sur le quartier était lancé. Les acteurs de la salle avaient travaillé avec la police, la justice, la mairie de Paris. La réduction des risques allait pouvoir trouver un second souffle après dix ans darrêt. Ne restait plus qu’à préciser le cadre juridique de cette expérimentation. Cétait sans compter sur le Conseil dEtat, qui a annoncé hier que ce lieu de consommation de drogue à moindre risque nest pas conforme à la loi de santé publique de 2004, héritière de la loi de 1970 sur les stupéfiants (qui en interdit et pénalise lusage). Le décret prévu par le gouvernement ne suffisant pas à sécuriser ce dispositif, le Conseil dEtat a recommandé dinscrire les salles de consommation dans une future loi. Le Conseil dEtat a adopté une lecture stricte de la loi de 1970, sans hostilité volontaire à la réduction des risques, encore moins au principe dune salle. Mais montrant indirectement la situation absurde dans laquelle nous sommes, il a remis en cause le processus amorcé, reportant louverture éventuelle après les élections municipales. La réduction des risques a toujours été en contradiction avec la loi de 1970. Les établissements médico-sociaux (Caarud) distribuent des seringues pour que des personnes sinjectent des substances interdites. Ils accueillent des usagers sans leur demander darrêter les drogues et les conseillent sur les méthodes dinjection à moindre risque. Mais aujourdhui, les salles de consommation, en permettant aux usagers de consommer des stupéfiants sur place sous la supervision des professionnels de santé, repoussent les limites un cran plus loin, et cet avis du Conseil dEtat ne fait que souligner à quel point les professionnels des addictions sont condamnés à travailler avec des outils datant de quarante ans. Les principes de la loi de 1970 datent dune époque où il ny avait pas de consommation de drogues de masse, pas de scènes ouvertes et de grande précarité dans les centres-villes, pas de dommages tel que le VIH et lhépatite. Loffre de drogue n’avait rien à voir avec ce qu’elle est devenue, en partie du fait d’une stupide politique dite de guerre à la drogue, qui n’a fait qu’en soutenir le développement. La crise économique n’avait pas encore commencé, l’Europe politique balbutiait, la mondialisation était un concept en devenir… Ordonnerait-on aux policiers de poursuivre les dealers avec une 2 CV en respectant les limitations de vitesse et d’utiliser un téléphone en bakélite comme il y a quarante ans ? Lavis du Conseil dEtat montre finalement que lidéologie de la guerre à la drogue (dont est issue la loi de 1970 et la pénalisation de lusage) condamne lémergence de nouveaux outils pragmatiques et adaptés à notre époque. Alors que les salles de consommation sont une solution pour réduire les dommages et pacifier les quartiers, les habitants de ces quartiers et les usagers en précarité devront faire comme autrefois ! Les policiers continueront à chasser vainement de sites en sites les regroupements qui font problème dans l’espace public. Les soignants les recevront dans des dispositifs de sevrage et d’abstinence dont ces personnes ne peuvent pleinement bénéficier et dont ils sortiront trop vite, sans autre effet qu’un découragement supplémentaire. Ils aligneront les passages en prison. Et des budgets seront inutilement dépensés, en santé, en sécurité, en justice ! Tout compte fait, l’avis du Conseil d’Etat invite à avoir le courage d’une autre politique des drogues et à sortir de limmobilisme.
Posted on: Thu, 17 Oct 2013 07:04:23 +0000

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