Sankara a certes fait des erreurs. Mais on a aussi mal compris les - TopicsExpress



          

Sankara a certes fait des erreurs. Mais on a aussi mal compris les bouleversements qu’il entreprenait. Il voulait imposer aux fonctionnaires de participer à des chantiers, et ça ne plaisait pas à tout le monde. Il s’est heurté aux partis politiques et aux syndicats qui préféraient garder leurs habitudes, leurs prérogatives. Dans l’enthousiasme de la "révolution", il remplace par exemple 2.600 instituteurs par des "révolutionnaires" peu qualifiés. Mais peut-on parler véritablement de révolution populaire ? Alors qu’en fait cela a commencé par un putsch de militaires… Et pour faire contre-poids à l’armée, il encouragera la création de sortes de milices qui finiront par créer de l’insécurité. Il contrôlera la presse, et certains de ses opposants qu’il fait enfermer. Quels paradoxes ! Il a une formation de militaire, et malgré sa grande ouverture, un esprit militaire demeure en lui. Un conflit frontalier conduira à des affrontements avec le Mali, durant lesquels près de 100 personnes perdront la vie. Lors du 4ème anniversaire de la révolution, Sankara reconnaîtra quelques erreurs, et décidera d’infléchir certains aspects de la révolution. On lui prête notamment la phrase : « Je préfère faire un pas avec le peuple, que cent sans le peuple ». Des rumeurs de complot bruissent au Burkina-Faso ce pays qui, comme on l’a vu, a souvent été agité par des coups d’état. Sankara, comme tous, les entend, et on lui prête les propos suivants, difficiles à vérifier, mais qui auront contribué à augmenter sa légende après sa mort : « On peut tuer un homme, mais on ne peut pas tuer ses idées », ou commentant l’attitude de Blaise Compaoré « Le jour que vous entendrez que Blaise Compaoré prépare un coup d’État contre moi, ce n’est pas la peine de me prévenir. Car, ce serait trop tard ». Ce qui est certain, c’est que Compaoré, alors ministre de la justice dans son gouvernement, ignore les recommandations de Sankara, et vit dans le luxe. Il a également épousé un membre de la famille d’Houphoüet-Boigny, le président de la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire voit Sankara d’un mauvais oeil, et est très proche de la France, qui digère mal les discours de Sankara et craint qu’il fasse tache d’huile en Afrique. L’attitude de Sankara, et la grande popularité dont il jouira au sein de la jeunesse africaine finiront par lui attirer la méfiance de ses voisins, et de certains pays occidentaux, dont surtout la France, qui, cohabitation aidant, resserre les liens de la Françafrique et décide d’en finir d’avec ce trublion, en jouant la carte Compaoré.
Posted on: Thu, 22 Aug 2013 15:18:54 +0000

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