Sil est un sujet qui a retenu notre attention commune, dont on a - TopicsExpress



          

Sil est un sujet qui a retenu notre attention commune, dont on a parlé jusquà nen plus pouvoir, cest bien laffaire Léonarda. Et de ressortir les traditionnels sondages, les propos des uns contre les autres pour gagner de laudimat, etc. Cest à croire quil nest pas bon de débattre et de raisonner dans ce pays. Il est dit que 74% des citoyens sont favorables à laction de M. Valls. Je ne suis pas de leur avis. Quand bien même les sondages auraient été en sa faveur à 99,9%, jaurais tout autant trouvé cela dommage et fort dommageable. Je ne connais pas suffisamment le dossier, aussi ny argumenterai-je pas, mais par principe, jy suis hostile. Je souhaite mentretenir avec vous dun tout autre sujet, lié et qui, je le crois, vous permettra de comprendre mon opposition à ce genre de mesures. Vous êtes contre limmigration ? Vous voulez stopper celle-ci ? Jen suis fort aise et rien nest plus simple. Mais tout dabord, sagit-il de connaitre les causes profondes. Pour juger dun fait ou du moins mieux appréhender, il convient, je crois, de parfois se mettre à la place des gens. Lempathie, cest pas pour les cailloux. Alors examinons lorigine je vous prie. Comme vous le savez certainement, il existe des frontières pour des personnes faites de chair et de sang, et non pour des transactions financières. Le marché est libre. Jy vois une contradiction mais passons voulez-vous... Figurez-vous un Pays du sud où est en place un pouvoir autoritaire et corrompu. Soutenu par des chancelleries occidentales (ou qui ferment les yeux) et par quelques multinationales. Figurez-vous donc dans votre esprit éclairé, des paysans cultivant pour nourrir leurs familles. Jour et nuit. Mois après mois. Sous un soleil de plomb. Orages, outils traditionnels, insectes etc. Figurez-vous que par la suite, après que soit venue la période des moissons (si et seulement si la nature et la providence ont été clémentes et que les récoltes ont été bonnes), ce paysan se rende dans les petites villes environnantes pour y vendre ses produits. Figurez-vous encore que ses produits à lui ne se vendent pas car trop chers par rapport aux produits importés et subventionnés du nord (Grands groupes agricoles pouvant bénéficier des aides de ces Etats riches). Narrivant pas à avoir des fonds, de largent, ces paysans ne peuvent se nourrir et nourrir leurs familles. Ne supportant plus cet état de fait, voulant vivre, non plutôt survivre dirai-je, ces paysans se rendent à la capitale dans lespoir, croient-ils ces malheureux, dune vie meilleure. Et qui pourrait leur en vouloir ? N aspirons-nous pas en tant qu’êtres humains à être simplement heureux ? Qui dentre vous ny aspire pas ? Qui dentre vous ne souhaiterait que ses proches, ses enfant puissent sourire ? Puissent accomplir leurs rêves ? Puissent se nourrir ? Je défie quiconque de me prouver le contraire. Ce nest pas tout le monde qui a cette étonnante capacité de vouloir fuir la misère. De trouver le bonheur ailleurs. Quand on a vécu pendant longtemps dans un endroit, quon y a tous ses amis, ses souvenirs, il nest pas aisé de tout laisser derrière soi malgré la misère et la faim. Beaucoup restent par dépit, ne sachant ou aller, que faire, etc. Là opère le premier filtre. Le premier Obstacle. Figurez-vous donc que par la suite, ces paysans étant arrivés à destination en ville, se rendent comptent que la vie ny est point meilleure. Certes, une minorité réussit à sen sortir. Les classes aisées. Des bureaucrates proches du pouvoir « autoritaire » en place. Figurez-vous encore que sans emploi, ne pouvant se loger dans les centre-ville du fait de la cherté de la vie, quils ne puissent que se loger dans des bidons-villes, à la périphérie. Du fait de la pauvreté, le groupe séparpille. Certains pour survivre vont voler, travailler tels des forçats, se prostituer et que sais-je encore... Figurez vous une de ces famille dont la fille aînée se prénomme Claire. La vie est dure. Le soleil, les maladies, les deuils, népargnent pas ces gens même sils souffrent déjà assez et arrivent malgré tout à garder le sourire et parfois la générosité. Malgré tout cela, la haine de lautre ne lemporte pas. Figurez-vous encore que nen pouvant plus, La fille du père de famille décide quelle ne veut plus survivre mais tenter de VIVRE. Elle ne veut pas mourir dans ce ghetto. Elle veut vivre, rire, aimer et si possible aider sa famille, fonder peut-être une famille et qui sait ? Se permettre, idée folle mes amis ! de découvrir autre chose. Cest la plus courageuse. Elle rappelle à son vieux père, sa mère décédée quelques années plus tôt en couche. Oui car quand on na pas de moyens, il nest pas aisé de s’offrir les prestations dune clinique privée. Le service public ? Quel service public? Largent du contribuable est plutôt largent des dirigeants. Oh certains ont bien voulu protester, sûrs de leur bon droit, mais il y a toujours des prisons et la torture pour ramener à la raison les petites gens. La corruption règne. Les fonctionnaires ne sont point payés. Ils essaient eux aussi de survivre comme ils peuvent avec largent de la corruption. Les patients ne peuvent que subir. Mais revenons à cette jeune fille que nous appellerons Claire. Claire décide donc de partir. Malgré lavis de son père. Claire veut juste vivre. Intervient ici le second filtre car beaucoup parmi ses amis denfance, ses nouveaux amis ne la suivront pas. Un long périple, fait dhumiliations, de vexations car on peut être pauvre et rester digne, on peut être pauvre et rechigner à lillégalité malgré le fait quon le fasse pour la VIE. Qui dentre nous, pour trouver un emploi, une vie meilleure ne se rendra pas dans une autre région ? Une autre ville ? Et encore... Nous sommes des privilégiés. Pendant ce long périple donc, pendant cette rencontre avec des trafiquants, pendant cette rencontre avec de nouveaux amis, marchant à lombre des arbres, courant pour échapper aux gardes-frontières, voguant dans les mers dans une minuscule pirogue, dans le froid, horrible froid, les ténèbres à épouvanter le plus courageux dentre nous, la peur de mourir de ne plus voir les siens, une minute équivalant à des heures, les larmes, beaucoup de larmes, le silence de la nuit, elle perdra beaucoup damis. Énormément damis. Noyades, faim, bref le quotidien de notre société. Ce nest quun détail. Passons. Intervient ici le troisième filtre. Un esprit cynique dirait quil sopère là une sélection naturelle. Les plus forts et les plus courageux survivent. Arrivée dans cet environnement nouveau, elle sémerveille tout dabord. Effectivement, cest bien différent de chez elle. Il ny a pas un conflit civil meurtrier à proximité. Il y a la paix, labondance. Un îlot de bonheur, dabondance dans un océan de malheurs, de faim, de pauvreté. Les pauvres dici sont des riches chez elle. Elle ne peut travailler du fait de son illégalité et pourtant, elle veut travailler, à tout prix. Quel que soit le job, le salaire. Ce sera toujours mieux que chez elle. Elle doit se faire toute petite car les autorités veillent. Elle a entendu parler des chasses à lhomme. Elle ne connait que trop, via les récits de nouveaux amis, les risques à errer dans les rues piétonnes. Pour Léonarda, une gamine, il semblerait quil y ait eu besoin de plusieurs militaires et quelques policiers. Alors.... Elle réussit donc à trouver un travail au noir pour vivre. Cest dur mais au moins, elle a quelque chose. Par un heureux hasard, elle tombe amoureuse car même si elle est pauvre, issue dun pays du sud, elle reste une femme et peut encore aimer. La vie est dure. Les tracas népargnent pas les pauvres; Il ny a pas de seuil pour ces choses-là même si on est miséreux. Le jeune homme s’appelle Lucas. Il est gentil, beau, un peu naïf et sincèrement amoureux. Un précaire lui aussi qui vivote au gré des missions dintérim. Quelques années passent. Cela fait maintenant 7 ans quelle essaie de vivre dans ce pays malgré lillégalité. Elle a bien tenté de régulariser sa situation mais au regard de lopinion en ce moment, il ne fait pas bien d’Être un étranger, encore moins un clandestin. Les politiques suivent. Elle a pu mettre un peu dargent de coté et en envoyer de temps en temps pour permettre à son père de survivre, à son petit frère de partir à lécole. Elle fait parfois lobjet de regards racistes, xénophobes, mais elle garde toujours le sourire. Elle est toujours avec son compagnon. Ils saiment. Ils veulent fonder une famille. Cest une fille forte, sa vie ne fut pas simple mais elle ne peut s’empêcher davoir des larmes aux yeux quand elle voit des familles heureuses au dehors. Elle les envie... Si seulement... Et là survient le drame. Par téléphone. son frère lui annonce le décès de son père. Ce père qui avait tant daffections pour elle. Qui la tant aimée. Elle se rappelle son regard tendre malgré la fatigue, le dur labeur de celui-ci pour ne serait-ce que nourrir sa famille au quotidien. Ce père qui se privait souvent de manger pour que ses enfants puissent le faire. Ce père qui na pas eu de nouvelles relations amoureuses. En avait-il seulement le temps et lenvie ? Elle se rappelle de la tristesse de cet homme à la mort de son épouse. Elle se rappelle les prières de celui-ci pour que sa petite fille puisse connaître un destin meilleur que le sien. Que Faire ? Pleurer, juste pleurer. Peut-être crier. Voyager pour pouvoir assister à lenterrement ? Elle ne le peut pas. Si elle part, elle sera fichée car elle nest pas régularisée. Si ELLE part, elle perdra son conjoint, ses amis, sa vie et peut-être même son enfant. Mais en même temps, ne pas assister à lenterrement de son père, nest pas lun des plus horribles malheurs ? Elle fera une dépression pendant quelques mois et restera à jamais marquée. Ce sont les funestes marques dune vie tourmentée. La précarité naide pas. En allumant la télévision, en ce soir dété, elle écoute un débat où il est question des étrangers, de leurs coûts. De leur volonté de ne pas s’intégrer. De leur fainéantise. Elle regarde son compagnon et son bébé de quelques mois. Parfois, se lamenter, sindigner ny changera rien. Mieux vaut en rire. Les pauvres peuvent aussi rire de leurs malheurs.
Posted on: Mon, 21 Oct 2013 17:36:18 +0000

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