Sous les révoltes fiscales, la menace populiste PAR LAURENT - TopicsExpress



          

Sous les révoltes fiscales, la menace populiste PAR LAURENT MAUDUIT LE 7 NOVEMBRE 2013 Avec la Nuit du 4-Août puis la Déclaration de lhomme, la République sest construite en 1789 sur un fondement majeur, celui du consentement à limpôt. Or, cest ce même consentement qui est aujourdhui menacé par la politique fiscale injuste et incohérente conduite par François Hollande. Cest dire la gravité des événements qui, partis de Bretagne, secouent aujourdhui le pays. C’est comme un méchant clin d’œil de l’histoire. Voici 224 ans, c’est de la Bretagne qu’un vent nouveau a d’abord soufflé sur la France, contribuant à abolir les privilèges et les passe-droits qui étaient les fondements de l’Ancien régime, et à instaurer des principes nouveaux, et notamment ceux de l’égalité des citoyens devant l’impôt, qui sont devenus les fondements de la République naissante. Et voilà qu’aujourd’hui, c’est de nouveau de Bretagne que soufflent des vents contraires, charriant une contestation contre l’écotaxe, mais au-delà, manifestant un rejet beaucoup plus large et donc beaucoup plus grave, celui du consentement à l’impôt. Un méchant clin d’œil qui vient illustrer la très lourde responsabilité prise par les dirigeants socialistes, et au premier chef par François Hollande, qui depuis l’alternance ont conduit une politique fiscale brouillonne, incohérente et surtout profondément inégalitaire et qui ont réussi du même coup le tour de force de fédérer contre eux toutes les couches sociales du pays, des plus pauvres jusqu’aux plus riches, et d’alimenter une fronde aux accents parfois populistes. Il ne faudrait pas en minimiser la gravité de la bourrasque qui vient ces dernières semaines de Bretagne et n’y voir que les soubresauts, somme toute assez classique, d’une fronde sociale, sur fond d’envolée du chômage, de multiplication des plans sociaux, et d’effondrement du pouvoir d’achat. Car, dans la contestation multiforme qui ne cesse d’enfler dans le pays, il y a le rejet de l’écotaxe, dont la suppression pure et simple est demandée par les « bonnets rouges » bretons. Mais il y a plus largement une grogne fiscale – un « ras-le bol fiscal » pour reprendre la formule désastreuse que le ministre des finances, Pierre Moscovici, a eu l’irresponsabilité d’employer le premier. Or, la contestation sociale n’a strictement rien à voir avec la contestation fiscale. La première est consubstantielle à la République, dont la raison d’être est précisément d’être un mode de règlement des conflits, aussi âpres soient-ils. La seconde, elle, est en revanche antagonique à la République, dont l’un des fondements majeurs est précisément le consentement à l’impôt. Que l’on se souvienne des premiers soubresauts de la Révolution française. Emmené par Isaac Le Chapelier ou encore le duc d’Aiguillon, c’est le Club breton, qui, ultérieurement, sera l’amorce du Club des Jacobins et qui est constitué par les délégués de Rennes, de Saint-Brieuc ou encore de… Quimper aux Etats Généraux, et qui propose le premier, le 3 août 1789, l’abolition des droits seigneuriaux. La revendication était au cœur des cahiers de doléances. Au milieu du siècle suivant, dans son célèbre pamphlet Napoléon le Petit, Victor Hugo décrira avec verve l’exaspération que suscite à l’époque les privilèges dont jouissent la noblesse et le clergé : « Un jour, il y a soixante-trois ans de cela, le peuple français, possédé par une famille depuis huit cents années, opprimé par les barons jusqu’à Louis XI, et depuis Louis XI par les parlements, c’est-à-dire, pour employer la sincère expression d’un grand seigneur du XVIIIè siècle, mangé d’abord par les loups et ensuite par les poux, parqué en provinces, en châtellenies, en bailliages et en sénéchaussées, exploité, pressuré, taxé, taillé, pelé, tondu, rasé, rogné et vilipendé à merci, mis à l’amende indéfiniment pour le bon plaisir des maîtres ; gouverné, conduit, mené, surmené, traîné, torturé ; battu de verges et marqué d’un fer chaud pour un jurement ; pendu pour cinq sous ; fournissant ses millions à Versailles et son squelette à Montfaucon ; chargé de prohibitions, d’ordonnances, de patentes, de lettres royaux, d’édits bursaux et ruraux, de lois de codes, de coutumes ; écrasé de gabelles, d’aides, de censives, de mainmortes, d’accises et d’excises, de redevances de dîmes, de péages, de corvées, de banqueroutes ; bâtonné d’un bâton qu’on appelait sceptre ; suant, soufflant, geignant, marchant toujours, couronné, mais aux genoux, plus bête de somme que nation, se redressa tout à coup, voulut devenir homme, et se mit en tête de demander des comptes à la monarchie, de demander des comptes à la Providence, et de liquider ces huit siècles de misère. Ce fut un grand effort ».
Posted on: Thu, 07 Nov 2013 07:31:30 +0000

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