Stagiaires en banque d’affaires, l’envers du décor Par Les - TopicsExpress



          

Stagiaires en banque d’affaires, l’envers du décor Par Les Echos | La mort de Moritz Erhardt, ce stagiaire de vingt et un ans retrouvé sans vie en août dernier dans sa douche après avoir travaillé trois jours d’affilée pour Bank of America-Merrill Lynch, a entraîné de nombreuses réactions et soulève d’innombrables questions. Parmi elles, l’une revient avec insistance: s’agit-il d’un cas isolé ou les conditions de travail sont-elles semblables dans toutes les banques d’affaires? Tentative de réponse dans un milieu où les confidences ne sont pas légion. «Il faut bien faire la distinction entre l’activité salle de marché et celle de fusions-acquisitions car les rythmes ne sont pas du tout les mêmes. Je suis presque sûr que ce stagiaire travaillait dans le département fusions-acquisitions, il n’y a que là que de tels volumes horaires sont atteignables», explique le trader d’un grand établissement français, qui a d’abord fait plusieurs stages en banque d’affaires «Même en France, je sais qu’on y travaille de 80 à 100 heures par semaine. Il n’est pas rare qu’un manager revienne d’un rendez-vous avec un client en fin d’après-midi et annonce à ses équipes qu’une présentation doit être prête pour le lendemain matin. Ce qui explique les nuits blanches à répétition et comment on peut en arriver à des extrémités pareilles.» «Constamment sur le gril» Rien de tel selon lui en salle de marché. «Les heures de présence sont extrêmement intenses et stressantes. Mais ensuite, les marchés ferment et il est impossible de travailler de chez soi. Les bureaux commencent ainsi à se vider vers 18 heures et à 20 heures, il n’y a généralement plus personne, explique-t-il. Seuls ceux qui travaillent à l’élaboration de produits financiers innovants font un peu plus d’heures. On est donc loin des excès de l’activité fusions-acquisitions, les semaines tournent plus autour de 50-60 heures et on ne travaille pas le week-end.» Mais des garde-fous existent-ils dans les établissements français? «Dans le département fusions-acquisitions, nous réalisons des sortes de point étape avec le stagiaire, après un deal ou une grosse opération, pour voir comment ça se passe et s’ils ne sont pas trop exténués», répond-on dans le service ressources humaines d’une grande banque française. «Plus globalement, nous alertons régulièrement les managers pour leur rappeler que les stagiaires ne doivent pas être soumis aux mêmes exigences que les salariés et que leur charge de travail doit être limitée. Nous leur disons également de faire attention à ce que certains ne fassent pas un excès de zèle. Certains sont hypermotivés et il faut savoir les freiner!» La nature des stages diffère par ailleurs fortement entre banques françaises et anglo-saxonnes. Dans ces dernières, «la durée est moindre (quelques semaines) et le stage vise à recruter les juniors. Nous étions une soixantaine d’étudiants pour 30 postes, et donc constamment sur le gril», se souvient ce trader passé par une banque américaine. «Je commençais à 7 heures le matin, et on terminait entre 19 heures et 22-23 heures, cela dépendait des équipes. Et on faisait des “nocturnes” assez souvent. J’ai ensuite été en stage dans une banque française et les conditions sont quand même différentes. Ils sont plus longs (de six à neuf mois) et il n’y a pas la même compétition entre stagiaires dans la mesure où il y avait très peu de postes à la clef.» «Meilleure porte d’entrée» Ce trader estime que si les stagiaires représentent approximativement 20% des effectifs de la banque d’affaires où il a actuellement ses quartiers, moins de un stage sur dix se transforme en CDI ou en Volontariat international en entreprise (VIE). Cependant, le stage demeure la meilleure porte d’entrée. «80% des personnes que nous embauchons en Corporate Finance (Fusions-acquisitions, financements structurés) sont déjà passées en stage chez nous», note-t-on du côté d’une autre grande banque française. «Il y a un flux continuel de recrutement, car ce sont des postes où il y a beaucoup de turnover, entre les gens qui quittent la profession et ceux qui rejoignent une autre banque. Après, c’est vrai que le volume de nos effectifs est plutôt à la baisse depuis 2008.» Ce qui ne décourage pas les demandes. Cet établissement confie recevoir encore plusieurs milliers de CV pour 300 à 400 stages annuels répartis entre Paris et Londres, et Goldman Sachs a affirmé en mai dernier avoir enregistré 17.000 candidatures pour 350 stages possibles… En dépit de conditions parfois très difficiles et d’embauches qui se raréfient, il semble que les banques d’affaires n’aient pas de souci à se faire pour trouver de la main-d’œuvre
Posted on: Tue, 03 Sep 2013 13:31:25 +0000

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