Sur un plan strictement esthétique, c’est toujours un plaisir - TopicsExpress



          

Sur un plan strictement esthétique, c’est toujours un plaisir exquis d’observer entre les mains expertes d’un créateur de talent, la naissance d’une œuvre d’art et son évolution vers l’éclosion d’une pièce sublime qui provoquera l’extase des connaisseurs. Dans le même ordre d’idées, regarder manger mon ami Moustapha Ndiaye est un vrai ravissement des yeux et de l’esprit. A la vérité, Moustapha Ndiaye a, sans exagérer, fait de l’action de manger un art à part entière. On ne peut que tirer le chapeau bien bas à cet orfèvre de la fourchette, quand on l’observe à table. C’est donc ce Moustapha Ndiaye (rappelons-le, professeur de Mathématiques dans l’établissement dont j’étais le Principal) qui, ce jour là avait été invité à une Journée Portes Ouvertes à la SEDIMA. Pour ceux qui ne le savent pas, précisons que la SEDIMA est une société avicole, donc spécialisée dans l’élevage des poulets et dans la production des matériels et intrants y afférant. En compagnie de son ami Monsieur Ibra Dieng, lui-même professeur de français dans un autre collège de la place, Moustapha Ndiaye débarqua sur les lieux, bien résolu à donner la pleine mesure de ses talents en laissant libre cours à son inspiration de fin gourmet. Pour la circonstance, le Maître des lieux avait dressé de grandes tables sur lesquelles trônaient des poulets accommodés à toutes les façons possibles et imaginables : poulets rôtis, poulets panés, poulets fumés, poulets braisés, poulets cuits à la vapeur, poulets accommodés en soupes assaisonnées de diverses herbes et épices de toutes sortes, etc. Il y’avait même des beignets à base de poulet. Inutile de vous dire, qu’à la vue de tous ces délices, Monsieur Ndiaye, les yeux exorbités, la bouche ouverte sur un énorme sourire de ravissement qui fendait son visage d’une oreille à l’autre, faillit s’évanouir de plaisir. La consigne était de consommer à volonté sans retenue, mais de ne rien emporter ! Qu’à cela ne tienne ! Sans se faire prier, Monsieur Ndiaye passa à l’abordage ! Scientifiquement, méthodiquement, il en fit tant et si bien que bientôt tous les regards surpris et admiratifs de l’assistance furent braqués sur lui. Il goûta pratiquement de tout. Mais hélas, trois fois hélas, la nature a quand même ses réalités. Et, le ventre plein à craquer, Monsieur Ndiaye fut contraint, la mort dans l’âme, de baisser pavillon. Mais ce ne fut pas sans pousser un soupir à fendre l’âme, à la vue de tout ce qui restait à consommer. A Monsieur Dieng qui s’inquiétait de la raison de ce soupir si profond et si plein de dépit, Monsieur Ndiaye expliqua: « Ibra ! Ayla yéwén, biir bi féés na! Waayé, beut bi moo souroul! » C’est-à-dire que même si son ventre ne pouvait plus rien héberger, il n’en demeurait pas moins que se yeux étaient encore sous le ravissement de toutes ces victuailles qu’il considérait. J’ai oublié de préciser qu’une sono assez discrète distillait une musique d’ambiance qui égayait l’atmosphère de la salle. A ce moment précis, l’animateur mit un morceau de Badou Ndiaye qui était en vogue à l‘époque et qui s’intitulait « Watar-Watar » Et Moustapha Ndiaye, retroussant son thiaya d’un air résolu, annonça à son ami: « Damay fééthie morceau bii, ba boroom keur gui kham ni beg naa thi moom ! » En somme, il indiquait que, pour signifier sa satisfaction et sa reconnaissance au Maître de céans, il allait danser au son de ce tube. Le pauvre Ibra Dieng qui se tordait de rire eut tout le mal du monde à l’en dissuader.
Posted on: Sat, 20 Jul 2013 05:26:26 +0000

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