Te souviens-tu aussi du Père Baumann ? Avec sa longue et blanche barbe, dont l’immaculée s’harmonisait agréablement avec la blancheur de sa soutane et le vieux ronron de sa 2 cv. Te souviens-tu de Serigne Mounirou, notre marabout ? Et de notre case d’homme, faite en banco. En vérité, dans une course, seule compte l’issue finale. Que de galops, de trots, de cavalcades, que de ronces, que de blessures, que de chutes, que de courage. En vérité, dans un chemin, seul compte la constance du pas... Te souviens-tu de la maison de Róofé la folle ?, de celle de Jam ?, bariolés de trucs divers, pots, tissus, bidons vides, paille, bois, boites de conserves vides, fers rouillées, pneus usagés et tout... Sa chambre, niche des serpents, œuvre picturale d’un fou qui nous avait tous subjuguée par sa beauté plastique. Te souviens-tu de Baay Jaan, le charmeur de serpents ? Débarqué un jour dans notre fief, et dont la chambre chargée de serpents, jouxtait les maisons environnantes. Sa joute agonale et orale avec Lamin Jaañ, où le ton de l’affront juvénile d’un môme, fils de charpentier, s’opposait au défi magique d’un gourou aventurier, impudique. Lamin lui disait : « Baay Jaan, Billaay, Jaan a lay mujjé ! » (Papa Serpent, pardieu, tu finiras par un serpent !) Baay Jaan lui rétorquait: « Lamin Jaañ, s… ndeyam doo admi! »(Lamin Jaañ, c… de la mère de qui te ment, tu ne réussiras point !)... Les veillées de Gaamaan, j’en suis sûr, sont gravés à jamais dans l’éternité de vos souvenirs. Son violon monocorde, les beats en volées du rythme des calebasses, à la coque sèche, que les femmes sérères baguées scandaient dans la nuit du Xutti-mbulli, réveillent encore mes sens de paysan qui aime chants, rythmes, danses et rires. A nos soirs eternels et juvéniles. Et Yaaduwan, et Dookoor l’aveugle, et la fraicheur hivernale. Vous ne pouviez tous les oublier n’est-ce pas ?... mAnEl Ndiaye
Posted on: Sat, 19 Oct 2013 00:16:01 +0000
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