Thierno Mamadou Diallo « Moi, Diallo TThierno Mamadou, je jure - TopicsExpress



          

Thierno Mamadou Diallo « Moi, Diallo TThierno Mamadou, je jure solennellement d’exercer en toute loyauté, discrétion et confiance les fonctions qui m’ont été confiées en qualité de secrétaire général administratif de l’OUA ». Ainsi prêtait serment l’un des plus anciens hauts cadres de la Guinée aux premières heures des indépendances africaines. Un serment qui a été rempli sans fausse note, incarnant de fait la diplomatie guinéenne, voire africaine. Toutefois, au lieu de s’accrocher à un second mandat, Diallo Tély a préféré rentrer au bercail, par patriotisme. Même si ce retour lui avait été déconseillé par des chefs d’Etats et certains proches suivant l’évolution politique guinéenne sous Sékou Touré. Dès que ce haut cadre a posé son baluchon en Guinée, il a été arrêté puis emprisonné sans même qu’il ne soit démis de ses fonctions de ministre de la Justice. Celui là qui a longtemps symbolisé l’image de la Guinée à l’étranger a été conduit au sinistre camp Boiro. Il lui a été extorqué des aveux faisant état d’un complot visant à renverser le régime de Conakry dont les architectes seraient pour lui les peulhs. D’où la chasse orchestrée contre toute une ethnie. Mais ce sont surtout les intellectuels qui ont payé le lourd tribut. C’est pourquoi, jusque dans la prison, Diallo Tély était nous dit-on persécuté par le guide suprême de la révolution. Dans une lettre qu’il a adressée à Diallo Tély et dont l’authentification a été prouvé par une source autorisée, Sékou Touré est toujours resté menaçant : « Nous n’avons pas peur de toi. Nous n’avons peur que du peuple et de Dieu. Jusqu’ici, nous continuons de penser que rien n’est perdu pour toi. (…) Ton apport au parti a été jugé très insuffisant depuis notre indépendance. (…) Là où tu es tu peux faire des livres pour rendre service à ce parti qui t’a grandi. Désormais, ton sort est lié à ta sincérité pour le parti Etat de Guinée ». Conscient désormais du mauvais sort qui lui est réservé, l’ancien Secrétaire général de l’oua ne se fait aucune illusion. Et sans porter des gants, il a répondu à son tortionnaire de toujours : « L’histoire nous a montrés que tous les régimes dont l’assise repose sur le mensonge et la force, périssent par la force. Le soulèvement populaire qui te hante, je ne l’ai jamais souhaité pour mon pays. Tu sais que je connais tout ce scénario depuis que je suis dans la cellule 54… » A un mois de sa diète noire à la cellule 52 du camp Mamadou Boiro – 13 janvier 1977 – Diallo Tély continue encore de répondre aux lettres de son tombeur. Cet extrait qui a déjà été diffusé par la rfi dans l’émission ‘’Archives d’Afrique’’ d’Alain Foka est resté vivace : « Je crois pour des raisons qui te sont personnelles et que je ne vais pas évoquer ici, tu vas épargner à nos familles l’horreur de notre mort publique par pendaison ou fusillade. Mais je t’ai découvert à Boiro et tu laisses penser que mes jours sont comptés. Depuis, je suis à cheval entre ce monde régit par ton humeur et celui où Allah, notre créateur commun nous attend tous les deux. Etant musulman pratiquant, je ne me suiciderai pas. Je répondrai à l’appel d’Allah par mes sommaires prières. Le moment venu, je te demanderai de faire vérifier si mon comportement a bien été celui que je dis. » C’est ainsi que le 12 février 1977 une triste alerte ‘’ Barrage, barrage’’ retentit au camp comme pour annoncer des mesures draconiennes hors normes contre les prisonniers. Dans ce lot, se retrouvent Mamadou Fofana, Dr Alpha Oumar Barry, Sy Savané, etc. Dans sa nouvelle cellule 52 où il avait été transféré, tout sera difficile et intenable pour Diallo Tély, privé de tout. C’est la diète noire. Il en mourra un 1er mars 1977. Informé, Siaka Touré met au courant son frère. Celui-ci pour se rassurer, s’est rendu nuitamment dans un des nombreux charniers de la banlieue de Conakry. Mais, jamais aucun membre de la famille de l’ancien secrétaire général de l’oua n’a pu retrouver les vraies traces. Pour Abdoulaye Porthos Diallo, co-détenu de Diallo Tély, après la sortie du sinistre Boiro, toutes révélations étaient synonymes de guillotine pure et simple. (Nous vous recommandons de lire son lire ‘’La vérité du ministre’’) Aujourd’hui, avec le pardon demandé publiquement au peuple de Guinée et aux familles des victimes du camp Boiro, le chef de la junte au pouvoir, le capitaine Moussa Dadis Camara, en recevant la famille des victimes du camp Boiro, aura voulu réconcilier ses prédécesseurs présidents (en l’occurrence Sékou Touré) à l’ensemble de tout le peuple de Guinée. Déjà, à la veille du décès de Lansana Conté, un ministère chargé de la réconciliation nationale a été crée sous le gouvernement Souaré, pour rapprocher toutes les composantes de la nation. Mais cela suffit-il pour enterrer la rancœur et la haine qui ont été longtemps entretenues en Guinée, depuis des lustres ? Certainement non. De toute évidence, en cette date souvenir, l’attitude commune devra consister à prier pour que le ciel inspire à tout le peuple de Guinée, le pardon, l’amour du prochain et le sens de la justice, la vraie. Que les citoyens entretiennent la fraternité et que le sang des martyrs et hérauts serve de sacrifices éternels pour la Guinée. Thierno Mamadou Diallo
Posted on: Thu, 18 Jul 2013 20:25:58 +0000

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