Transition énergétique Les faits - Directeur général de Suez - TopicsExpress



          

Transition énergétique Les faits - Directeur général de Suez Environnement, Jean-Louis Chaussade réclame du temps pour la transition énergétique. Il s’inquiète aussi de la motivation des jeunes pour entreprendre: « Ce serait dommage de se priver de l’énergie et de l’envie d’entreprendre de ceux qui veulent gagner de l’argent. » Quels sont pour vous les grands enjeux de la deuxième conférence environnementale qui s’ouvre vendredi à Paris? La transition énergétique, qui a déjà commencé et dont nous sommes un acteur, est au menu de cette conférence. C’est un événement majeur et positif. Mais il faut bien comprendre qu’elle prendra du temps. On ne peut pas imaginer des transitions courtes, sauf à casser des entreprises et de l’emploi. Regardez l’Allemagne qui a décidé d’arrêter ses centrales nucléaires en une fois: pratiquement 20000 emplois ont été supprimés chez RWE et Eon et les émissions de CO 2 sont reparties à la hausse. Par ailleurs, si on fait des choix, il faut en mesurer le coût. Suez Environnement compte en Europe 12000 camions de collecte de déchets qui consomment environ 220 millions de litres de gazole par an, dont 100 millions en France. Si on augmente le prix du carburant pour verdir la fiscalité, par exemple de 10 centimes, cela représente un coût supplémentaire de 10 millions d’euros. C’est une perte sèche que nous devons facturer à nos clients. Ils vont protester, à juste titre. Il faut dix ans pour renouveler une flotte de camions, sans que l’on sache avec certitude par quoi les remplacer: l’essence? l’électricité? L’impact d’une taxe, en soi pas sans intérêt, est très concret. Une autre manière de préserver l’environnement, c’est de consommer moins… C’est un autre thème qui sera abordé, l’économie circulaire. Nous entrons dans un nouveau monde où le coût environnemental de la matière va être bien davantage pris en compte. On peut vivre aussi bien, voire mieux, en consommant moins de matières premières. L’autre question est de savoir comment je peux réutiliser et valoriser la matière consommée. Prenons un enjeu très important et au fond très nouveau: la valorisation des plastiques, dont la gamme est large et complexe. Suez Environnement collecte environ 600000 tonnes de déchets plastique par an, dont pas loin de 400000 en France. Il nous faut des centres de tri très performants pour séparer les plastiques, par densité, par couleur… Si l’on veut vraiment atteindre l’objectif de 75 % de recyclage total à l’horizon 2020, nous avons besoin de 50 à 60 nouveaux grands centres de tri. Il faudra sans doute pour cela repenser la réglementation, accroître la pédagogie et financer ces centres car la matière produite ne suffira pas à en amortir le coût total. Par ailleurs, les centres actuels font partie de l’économie solidaire, les automatiser ne sera pas sans impact sur l’emploi. On comprend la prudence des élus. Dans beaucoup de pays d’Europe du Nord, la contribution de la valorisation énergétique des déchets résiduels est plus importante qu’en France, qu’il s’agisse d’incinération, de méthanisation ou de combustibles de substitution. Ces techniques se développent aussi en France pour produire de l’énergie sous forme de vapeur ou électrique. Suez Environnement produit ainsi l’équivalent d’un EPR, soit 1800 mégawatt, un tiers en énergie électrique, deux tiers en vapeur pour chauffer les réseaux urbains. C’est le cas à Paris, largement alimenté en chaleur par les trois grands incinérateurs de la région. Vous affirmez que le XXIe siècle sera celui de l’eau. Que voulez vous dire? Je suis convaincu que le monde souffrira de pénurie s’il n’y a pas une gestion coordonnée de l’ensemble des usages et des besoins en eau. Si en 2030 nous sommes neuf milliards d’habitants, il faudra plus d’agriculture, plus d’industrie, et donc plus d’eau y compris dans les villes, où vivront deux tiers de la population. Les calculs montrent qu’à cet horizon, 40 % de la population résidera dans des zones affectées par des stress hydriques ou des risques de sécheresse. Il faut réfléchir en terme de bassin hydraulique. De quelle quantité d’eau dispose-t-on et comment peut on la gérer de façon optimale? Si vous utilisez un barrage seulement pour la production électrique, vous prenez le risque de ne plus avoir assez d’eau pour l’agriculture. Une fois définis les usages prioritaires, il faudra optimiser leur gestion. En Australie ou au Chili, les autorités demandent aux grands miniers d’aller chercher l’eau ailleurs que dans les nappes phréatiques, ce qu’ils font. L’industrie et l’agriculture font déjà des progrès dans ce domaine. Et puis les avancées technologiques ouvrent de nouveaux horizons. Ainsi, les usines de dessalement de l’eau que nous construisons dans la zone de stress hydrique au Moyen-Orient ou sur le pourtour méditerranéen permettent d’exploiter de nouvelles ressources en eau. Et les ménages? Il faut mettre l’accent sur l’éducation. Les habitants de New York consomment 700 litres par jour, ceux de San Francisco 80 litres tout simplement parce qu’il y a beaucoup d’eau à New York et moins à San Francisco. Les gens savent adapter leur comportement. En France, nous sommes à environ 100 litres par jour et par habitant et cela commence à baisser d’environ 1 % par an. D’ailleurs la technologie progresse aussi pour bien connaître sa consommation et la réduire. C’est tout le concept de « smart water ». Nous sommes heureux de continuer à développer notre activité dans l’eau en France à travers la Lyonnaise des Eaux. Les communes renégocient leurs contrats, mais baisse des tarifs et baisse des marges ne sont pas liées. Beaucoup d’investissements ont été financés par le tarif au cours du siècle précédent. En les baissant, on réduit mécaniquement les tarifs, mais il y aura d’autres cycles d’investissement pour faire face à de nouvelles réglementations et à des pollutions émergentes. Le coût de service augmentera donc nécessairement dans la décennie qui vient, mais pas forcément le prix de l’eau qui bénéficiera des gains de productivité, généralement rendus aux utilisateurs. Il faut toujours être vigilant, mais le niveau de la concurrence en France est de plus en plus fort. Je ne suis pas certain que l’on puisse faire de la distribution d’eau « low cost » d’autant que les prix en France sont peu élevés. Certains de nos concurrents ont beaucoup défendu ce modèle, j’y suis très opposé, tout simplement parce que l’eau est un bien de santé publique. A force de vouloir baisser les coûts, on finira par ne plus pouvoir gérer dans l’intérêt du consommateur. Le marché français de l’eau reste attractif pour nous si nous évoluons: plus de transparence, plus de co-management avec les communes et plus de services qui nous sont demandés par celles-ci. Quel jugement portez-vous sur la conception française du principe de précaution? Une société ne peut pas à la fois progresser et appliquer ce principe à 100 %. Prendre des risques est au cœur de la capacité de l’homme à se dépasser. En France, on a dépensé près de 4 milliards d’euros pour enlever toutes les connexions en plomb. Le geste simple consistant, lorsqu’on s’est absenté, à ne pas boire l’eau de la première ou deuxième minute n’aurait-il pas été aussi efficace? N’aurait-on pas pu consacrer les 4 milliards à autre chose? La France a été très loin avec l’inscription de ce principe dans sa constitution. C’est un choix politique que je respecte mais il faut en assumer toutes les conséquences. Les hydrocarbures au sens large sont un marché important à long terme. Pour extraire le gaz ou le pétrole, il faut utiliser de plus en plus d’eau. Pour le gaz de charbon, il faut extraire l’eau des couches. Pour le gaz de schiste, on injecte de l’eau qui remonte ensuite. Nous avons les technologies pour traiter ces eaux contaminées. Dans les secteurs industriels qui nous intéressent, nous réalisons seulement 350 millions d’euros de chiffre d’affaires, mais il y a un fort potentiel de croissance. Après l’échec de vos négociations avec Véolia, envisagez-vous d’autres rapprochements? Avec nos projets actuels, notre moteur est la croissance organique qui peut être accompagnée par des acquisitions petites ou moyennes. Jusqu’ici, nous avons privilégié la première, sans regret quand on voit les prix d’achat payés avant la crise, et ce que cela a coûté en dépréciations ensuite… A l’époque, les multiples dans nos métiers atteignaient 10 à 12 fois le RBE. En Europe, ils sont tombés à 5 ou 6 fois aujourd’hui. Regardez à quelle valeur les banques ont repris certains de nos concurrents! Non, j’aime mon pays et j’ai une responsabilité à son égard. Mais bien sûr, les membres de mon comex vivent là où ils exercent leur activité. Dans mon équipe de tête, l’Espagnol responsable de l’eau en Europe vit à Barcelone. Le patron de Sita UK est à Londres. Le patron de la zone Asie est en Asie. Mes directeurs sont là où ils sont utiles. Ce qui me préoccupe le plus, c’est la jeunesse à qui il faut donner le goût d’entreprendre. Je suis convaincu que les jeunes seront prêts à entreprendre s’ils pensent pouvoir profiter de la valeur qu’ils créent. Il ne faut pas les décourager. Ce serait dommage de se priver de l’énergie et de l’envie d’entreprendre de ceux qui veulent gagner de l’argent. Un conseil à François Hollande? Favoriser l’actionnariat français des groupes français! Sinon, ce ne sont pas les membres des comex qui partiront parce qu’ils veulent partir, ce sont les actionnaires étrangers, qui, s’ils dominent nos entreprises, voudront les délocaliser. Je suis pour un puissant mouvement actionnarial français. C’est comme ça que l’on créera de l’emploi en France.
Posted on: Sat, 21 Sep 2013 17:29:06 +0000

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