Translation of Badious email that he sent out right after the Paris attacks translated by William Heidbreder: Seminar of Alain Badiou, Session of Monday, January 19, 2015, 8:00 PM: Tragedies of Identity Linked to the construction of the motif of the immanence of truths, we have often encountered, in the figure of the adversary, the obsession with identity. What we can say today is this: inasmuch as the world is completely invested by the figure of global capitalism, subject to the international oligarchy that controls it, and enslaved to monetary abstraction as the sole recognized figure of universality, and in the interval separating the end of the second historical stage of the communist idea (the untenable construction of a “state communism”) from the third stage (the communism that realizes the politics, adequate to the real, of an emancipation of “humanity in its entirety”), in the climate, then, of rampant ideological terrorism and the absence of any other future besides the deployment of the repetition of what there is, we are seeing the appearance, in a response at once logical and horrifying, desperate and deadly, a mixture of a corrupt capitalism and a murderous gangsterism, a manic folding back upon oneself, subjectively organized by the death drive, in the direction of the most diverse identities, giving rise to the most archaic identitarian counter-identities. Projected upon the general screen of the “West” (homeland of that capitalism that is dominant and “civilized”), against “Islamism” (referent denoting a bloody terrorism), we see on the one hand murderous armed gangs, super-armed bandits, brandishing Allah or any other fetish, sustained from a distance by patronage of forces that while obscure are interestsed in everything having to do with oil, mines, and diamonds; and on the other, in the name of human rights and democracy, savage military expeditions, destroying entire states (Yugoslavia, Iraq, Libya, Afghanistan, Sudan, Congo, Mali, the Central African Republic,…), without being able in any way to negotiate with the most corruptible bandits a precarious peace around the wells, mines, and enclaves where the major corporations prosper. The same goes for true universalism: The taking in hand by humanity itself of its own destiny, and thus of the new and decisive historico-political incarnation of the communist idea, will not have deployed its new power on a world scale, destroying in passage, along with the oligarchy of owners and their servants, with monetary abstraction, with the identities and counter-identities that ravage minds and call them to death. May the time come when all identity (for it will be indeed) will be integrated on an egalitarian basis in the destiny of generic humanity. In the philosophical background of all this lies the opposition, more than ever, of dialectical and analytical thought. That is to say, the radical critique of all that renders identities (cultural, religious, linguistic, “civilizational,” racial, ideological….) phantasmic when constructed from the sole perspective of their irreducible opposition to other identities. Or again: an old question, clarified by Plato in his dialogue “The Sophist”: what is the true relation between the Same and the Other? This seminar will be devoted to this question. We shall rely one more time upon theater: we will, in effect, interpret Scene 24 of my series of plays entitled “Amhed Philosophique” (“Ahmed the Philosopher”), a scene that is quite properly titled “The Same and the Other”). Original in French: Séminaire d’Alain Badiou. Séance du Lundi 19 Janvier 2015, 20h : Tragédies identitaires Attachés à la construction du motif de l’immanence des vérités, nous avons souvent croisé, dans la figure de l’adversaire, l’obsession de l’identité. Le constat que l’on peut faire aujourd’hui est le suivant : au fur et à mesure que le monde est investi en totalité par la figure du capitalisme global, soumis à l’oligarchie internationale qui le régente, et asservi à l’abstraction monétaire comme seule figure reconnue de l’universalité et dans l’intervalle qui sépare la fin de la deuxième étape historique de l’Idée communiste (la construction intenable d’un « communisme d’Etat ») de sa troisième étape (le communisme réalisant la politique, adéquate au réel, d’une émancipation de « l’humanité tout entière »), dans ce climat, donc, de terrorisme idéologique rampant et d’absence de tout futur autre que la répétition déployée de ce qu’il y a, nous voyons apparaître, contrepartie à la fois logique et horrifiante, désespérée et fatale, mélange de capitalisme corrompu et de gangstérisme meurtrier, un repli maniaque, manœuvré subjectivement par la pulsion de mort, vers les identités les plus diverses, suscitant à leur tour les contre-identités identitaires les plus archaïques. Sur la trame générale de « l’Occident » (patrie du capitalisme dominant et « civilisé ») contre « l’Islamisme » (référent du terrorisme sanguinaire), on voit d’un côté des bandes armées meurtrières, bandits surarmés, brandissant Allah ou tout autre fétiche, soutenus à distance par des patrons obscurs, mais intéressés à tout ce qui touche au pétrole, aux mines et aux diamants, de l’autre, au nom des droits de l’homme et de la démocratie, des expéditions militaires internationales sauvages, détruisant des Etats entiers (Yougoslavie, Irak, Libye, Afghanistan, Soudan, Congo, Mali, Centrafrique, …), sans parvenir à rien qu’à négocier avec les bandits les plus corruptibles une paix précaire autour des puits, des mines et des enclaves où prospèrent les grandes compagnies. Il en ira ainsi tant que l’universalisme vrai, le prise en main du destin de l’humanité par l’humanité elle-même, et donc la nouvelle et décisive incarnation historico-politique de l’Idée communiste, n’aura pas déployé sa neuve puissance à l’échelle mondiale, détruisant au passage, avec l’oligarchie des propriétaires et de leurs serviteurs, avec l’abstraction monétaire, les identités et contre-identités qui ravagent les esprits et en appellent à la mort. Que vienne le temps où toute identité (car il y en aura toujours) sera intégrée égalitairement dans le destin de l’humanité générique. A l’arrière-plan philosophique de tout cela : l’opposition, plus que jamais, de la pensée dialectique à la pensée analytique. C’est-à-dire la critique radicale de tout ce qui phantasme des identités (culturelles, religieuses, linguistiques, « civilisationnelles », raciales, idéologiques…) du seul point de leur opposition irréductible à d’autres identités. Ou encore : une vieille question, éclaircie par Platon dès son dialogue Le Sophiste : quelle est la relation vraie entre le Même et l’Autre ? Le séminaire sera consacré à cette question. On s’y appuiera une fois encore sur le théâtre : nous interpréterons en effet la scène 24 de Ahmed philosophe, scène titrée justement : Le même et lautre
Posted on: Mon, 26 Jan 2015 03:30:23 +0000
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