Un mec redoutable, qui ne sera sans doute jamais premier ministre - TopicsExpress



          

Un mec redoutable, qui ne sera sans doute jamais premier ministre tant il méprise ses collègues politicards, les élections et le peuple en général... une ordure de gros calibre. Parfaite incarnation des élites socialistes mondialisées, Pascal Lamy est pressenti au poste de premier ministre (ou de ministre des Finances) en remplacement de Jean-Marc Ayrault, dès que, comme avec François Mitterrand en 1983, il faudra véritablement pratiquer une politique de rigueur. [Emmanuel Ratier - Faits & Documents n° 363 - Septembre 2013] Libéré de sa fonction de président de l’OMC (2005-2013) ce « haut fonctionnaire international, archétype de la tête d’oeuf hyperdiplômé » (Libération du 19 décembre 2005) appartient à ce que Jean-Claude Michéa appelle la « Gauche Kérosène ». En effet, en 8 ans, il a parcouru chaque année 450 000 km, soit 10 fois le tour du monde. Ce « Torquemada du libre-échange », affilié au Siècle, au CFR, au Forum économique de Davos et invité récurrent du Groupe Bilderberg, est, comme François Hollande, un disciple de Jacques Delors. Alain Minc résume : « Pour Lamy, Hollande c’est le gamin qui portait le café dans les groupes Delors (rapporté par LeLab Europe1, 14 juin 2013). » Le « camarade Lamy » a déjà prévenu les Français et mis en garde Arnaud Montebourg : « la démondialisation est une thèse réactionnaire » (Europe 1, le 25 juin 2013). Bref, Lamy est le socialiste providentiel pour s’entendre avec le grand patronat sur le dos de la classe moyenne, la classe ouvrière étant déjà liquidée. « Aussi antigaulois que possible, pour un Français. » The Guardian, juillet 1999. « Un homme qui possède un aplomb peu commun pour dire, avec un cynisme absolu, la chose qui n’est pas. La social-démocratie française a trouvé en lui le parfait Janus pour faire triompher le libéralisme intégral. » L’économiste Raoul-Marc Jennar. « Le camarade Lamy n’a rien contre le niveau des prélèvements sociaux obligatoires en France, après tout sensiblement égal voire inférieur à ce qu’il est au Danemark, en Suède, en Finlande. » Le Monde, 19 décembre 2005. « Le cas franco-français est unique. Il est intéressant, fascinant même, mais aussi préoccupant. Ce qui se passe en France est sans équivalent ailleurs […] Ce qui frappe en France, c’est que les préoccupations protectionnistes traversent tout le spectre politique de l’extrême droite à l’extrême gauche. Et que le débat occupe davantage la classe politique que les milieux d’affaires. Les discussions en France sont de la même nature que la controverse de Valladolid (NDA : pour savoir si les Indiens avaient une âme) […] En France, on refait le monde. Ce sont des discussions abstraites, étonnamment éloignées de la réalité. » Réponse à une question sur le rejet de la mondialisation par les Français, Le Point, 19 janvier 2012. (...) (...) Pascal Lamy est né le 8 avril 1947 à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Ses grands-parents étaient d’anciens agriculteurs devenus quincailliers rue Montorgueil. L’un de ses grands-pères fut officier de liaison avec les Alliés. Il est le fils de pharmaciens conservateurs de Saint-Denis. Sa mère, Lucienne Dujardin, fut vice-présidente dans les années 70 de la Chambre de commerce de Paris. Il serait venu, selon la plupart des articles qui lui ont été consacrés, à la gauche par la Jeunesse étudiante chrétienne (il se revendique toujours comme catholique pratiquant) mais il semble qu’en réalité, au lycée Carnot où il en fut le responsable durant dix ans, l’aumônier d’alors, l’abbé Manet, était nettement traditionaliste et la JEC y était conservatrice. Il passera un bac sans éclat avant d’intégrer HEC au bout de deux ans, dans un rang modeste (où il se liera avec l’un des principaux « intellectuels » français, Pierre Rosanvallon, futur patron de la Fondation Saint-Simon, dont il sera membre). Il assure, sans doute pour « gauchir » son profil, avoir fréquenté l’Union des grandes écoles (alors sous contrôle communiste) ainsi que le Comité Vietnam d’obédience trotskiste (mais nul ne s’en souvient comme l’indique Le Nouvel observateur du 5 mars 1992, d’autant que plus prosaïquement, en mai 1968, il n’était pas sur les barricades mais aux jeunesses radicales-socialistes…). Grand, maigre, voire sec, la calvitie envahissante, cet homme rigoureux est marathonien et capitaine de corvette de réserve. Sa famille maternelle détient une belle et vaste propriété au Boisgeloup, près de Gisors, où il organise des séminaires avec ses collaborateurs et où il reçoit pour ses rendez-vous secrets (tel, en 2003, l’ancien représentant américain au Commerce devenu le numéro deux du département d’État Robert Zoellick). C’est ce qui explique qu’il ait cofondé la section de Gisors du Parti socialiste en 1977. Pour recruter des militants, il en sera réduit à passer des annonces publicitaires dans L’impartial, le journal local. Ses deux frères médecins exercent dans la région. En 1981, on lui proposera d’être candidat aux élections législatives, mais il refuse : « Ce qui intéresse Lamy, c’est le vrai pouvoir, celui qui fait avancer les dossiers, bouger les hommes, changer les structures (Le Nouvel Observateur, 5 mars 1992). » On ne lui connaît qu’une seule candidature, évidemment catastrophique en bon inspecteur général des finances qu’il est : il se fait battre en 1993 dans la 5e circonscription de l’Eure, dont le député sortant était le socialiste Freddy Deschaux-Baume, passé en 1988 avec 54,21 % et qui ne se représentait pas. Humiliation suprême, il est éliminé dès le premier tour, étant dépassé par le candidat Front national. Il faut dire que dans cette circonscription pourtant guère rurale (5 % de la population active effective), les paysans étaient tellement remontés contre Bruxelles que Jacques Delors, qui avait peur de passer un mauvais quart d’heure, préférera annuler sa venue à un meeting de soutien. Jean-Louis Bianco, Martine Aubry, Frédérique Bredin, Jean-Noël Jeanneney, Ségolène Royal et quelques autres étaient pourtant venus ! Mais, comme le notera Le Monde (23 février 1993) : « On l’interroge sur l’emploi ? Il répond par « télétravail », cette méthode d’avenir, peutêtre encore trop subtile pour séduire les électeurs. » Il avait pourtant écrit dans sa profession de foi, signe de sa rouerie et de son entregent (alors que toutes ses actions ont abouti à plus de délocalisations et de désindustrialisation) : « C’est d’un député efficace, influent, capable d’apporter chez nous les implantations d’entreprises et les emplois qui manquent, de mobiliser des énergies nouvelles pour mettre sur pied un véritable projet de développement économique et social conforme à vos besoins. » Cette gentilhommière jouxte celle de François Luchaire, lequel, très favorable à François Mitterrand, organisait des séminaires des jeunes radicaux-socialistes strictement interdits à ceux qui n’étaient pas mitterrandiens. Pascal Lamy sautera le mur… et épousera finalement (ce qui est très rarement précisé dans ses biographies) la juriste Geneviève Luchaire, la fille de ses voisins « … et ses opinions politiques » comme l’indique fielleusement Le Nouvel Observateur du 5 mars 1992. En 1967-1968, il milite donc aux Jeunesses radicales-socialistes, puis adhère à la FGDS en 1969 et enfin au Parti socialiste (section du XIe arrondissement de Paris), dont il est toujours membre cotisant. Ce qui a très certainement largement joué en sa faveur dans ses débuts de carrière, puisque François Luchaire, conseiller d’État, ancien membre du Conseil Constitutionnel, vice président d’honneur des Radicaux de gauche, fut une personnalité incontournable du milieu politique de la IVe puis de la Ve République, étant notamment président du Comité de soutien à François Mitterrand, installé à la Tour Montparnasse, en 1974 (dont Lamy sera le trésorier). Ce qui ouvrait à son gendre toutes les portes du pouvoir. Diplômé de Sciences Po Paris, cet énarque (promotion Léon Blum) est sorti deuxième de sa promotion, juste derrière Alain Minc (mais devant Martine Aubry, la fille de Jacques Delors – ce qui a son importance pour son déroulement de carrière car il entretient des relations quasi-filiales avec ce dernier – et Hervé Hannoun, qui fut sous-gouverneur de la Banque de France et sous-directeur de la Banque des règlements internationaux). Il militera activement à la section CFDT de l’ENA (il en sera délégué des élèves avec Isabelle Bouillot (directrice du Budget, conseillère à l’Élysée, PDG d’une filiale de la Caisse des dépôts, fondatrice du fond CEL Partners, administratrice de multiples sociétés). En parallèle, il appartient dès 1977 à la commission nationale du contrôle financier du PS, aux côtés de son ami Pierre Joxe, rejoignant rapidement le comité directeur du PS dont il sera toujours un membre passe muraille (jusqu’à son entrée au Crédit lyonnais en 1994). En 1975, il sort donc dans la botte et devient inspecteur général des finances. Il se fait d’abord les dents, avec son jeune collègue Jean-Louis Bianco (que l’on retrouvera à l’Élysée), comme rapporteur d’une obscure mission sur l’aide sociale, avant d’être désigné par Raymond Barre, qui cherchait une « bonne plume », comme secrétaire général du groupe sur la décentralisation centrale et financière (1978-1979) animé par Jacques Mayoux, qui devait aboutir à la grande réforme bancaire, avant d’être appelé par Jean-Yves Haberer comme secrétaire général adjoint (1979), puis secrétaire général du Comité interministériel pour l’aménagement des structures industrielles (Ciasi, puis Ciri). Comme l’indique Le Nouvel observateur (5 mars 1992) : « D’un haut fonctionnaire du Trésor, socialiste de surcroît, on pouvait s’attendre à ce qu’il vole, sans états d’âme, au secours de l’emploi avec force dirigisme. C’est le contraire qui va se produire. Au nom de l’efficacité et des intérêts supérieurs de l’État, Lamy organise le retrait méthodique de la puissance publique. » Il fut cité dans un dossier d’escrocs opérant pour le compte du PS, l’équipe Lelouch-Loviconi et la fameuse CFDE longuement étudiée dans Mitterrand et les 40 voleurs (Albin Michel, 1994) de Jean Montaldo, mais a toujours nié, semble-t-il contre l’évidence, toute connaissance de ce dossier. Sur cette affaire, on pourra consulter Le Retour des pilleurs d’entreprises (Le Monde, 19 décembre 1995). « Exocet », comme il sera rapidement surnommé, devint donc, à l’arrivée de la gauche au pouvoir, conseiller technique au cabinet de Jacques Delors (rencontré via Martine Aubry et lors de séminaires à l’ENA) même s’il a déjà « à peu près autant de convivialité qu’un réfrigérateur neuf » (Le Nouvel observateur, 5 mars 1992). Les deux hommes ont tout pour s’entendre comme l’avoue Libération (6 septembre 1999) : « Catholiques engagés, ils partagent la même vision d’une Europe fédérale, une même “conception de l’intérêt général européen”. » Il sera donc son « premier complice » et son « complément idéal », pour reprendre quelques formules de journaux, dans le vaste plan mondialiste concocté dans les cénacles d’influence, les cercles du grand patronat, etc. Il sera son directeur de cabinet l’année suivante avant d’être, en 1983-1984, directeur adjoint du cabinet du Premier ministre Pierre Mauroy, ayant en charge de « serrer les boulons » en cette période d’inflexion idéologique au profit d’une rigueur toute capitalistique. Ayant la haute main sur les questions économiques et financières, il a donc largement été à l’origine de la « politique de la rigueur » (doublée d’une immigration de peuplement désirée pour casser les valeurs de la classe ouvrière française et accessoirement à faire baisser les salaires) : « Il a joué un rôle essentiel dans l’élaboration de la rigueur » indique Le Monde (3 mars 1998). Un élément qui ne trompe pas sur son influence grandissante : il apparaît comme membre du Siècle dès 1982 et en deviendra très rapidement administrateur. C’est lui qui, avec Jean Peyrelevade, Hervé Hannoun, Philippe Lagayette et Daniel Lebègue, persuada François Mitterrand de ne pas sortir le franc du Système monétaire européen et défendra la politique de rigueur financière, qui allait à 1’encontre des engagements électoraux progressistes du président. Il fut donc l’un des pères de la politique de la rigueur financière et du ralliement du PS aux thèses néolibérales et à l’Europe, inversant le cours de tout ce qui avait constitué la doctrine du socialisme français depuis sa fondation. Raoul-Marc Jennar écrit dans Europe : La Trahison des élites (Fayard, 2004) : « Pascal Lamy est envoyé au cabinet du Premier ministre Pierre Mauroy pour piloter ce « tournant de la rigueur » et veiller à ce que ce ralliement socialiste aux thèses libérales ne connaisse aucune altération. » Alors même que la direction générale des impôts lui est offerte sur un plateau, quand Jacques Delors est nommé président de la Commission des communautés européennes, l’organe directionnel de la CEE, à Bruxelles en 1985, le « moine-soldat » le suit comme directeur de cabinet et reste à ce poste jusqu’en 1994, c’est-à-dire toute l’époque où Delors instillera des doses de plus en plus massives de réformes néolibérales avec l’Acte unique puis le traité de Maastricht. « Il est le bouclier et le bras armé de Jacques Delors. L’estime qu’on lui porte n’a d’égale que la crainte qu’il inspire (Le Nouvel observateur, 5 mars 1992). » Son travail : préparer les dossiers pour Delors, sérier les problèmes, aplanir les difficultés. « Delors se pose quarante questions à la fois. Le rôle de Lamy est d’en éliminer trente-neuf » confiait son collaborateur Jérôme Vignon (Le Figaro, 5 mars 1993). Jennar ajoute : « Privilégiant comme son patron l’Europe économique et monétaire, il va appuyer les démarches de ce dernier afin de réduire les initiatives de la Commission européenne en matière d’environnement, sujet d’irritation grandissante pour le patronat européen. » Comme « sherpa » pour tous les grands sommets internationaux, en particulier ceux du G7, il règne en maître de 1985 à 1994, années décisives de l’intégration européenne forcenée qui aboutiront à la monnaie unique. Mais, en homme d’influence efficace, il n’apparaît pratiquement jamais au grand jour : « Sa silhouette de militaire est inconnue du grand public même si, sur les photos qui illustrent les grands événements de la planète, des sommets européens aux réunions du G7, on l’entrevoit souvent à l’arrière- plan (Le Nouvel observateur, 5 mars 1992). » En parallèle, il seconde Delors dans toutes ses opérations para-politiciennes. C’est ainsi qu’il deviendra son adjoint à la création de la Fondation Notre Europe, participera au Club Clisthène (groupe de réflexion deloriste) ou présidera, à partir de 1998, le conseil d’administration de l’Institut des relations internationales et stratégiques (puissant institut mondialiste) dirigé par le socialiste Pascal Boniface, démissionnaire du PS en 2003. « Détail d’importance, Pascal Lamy est de ceux qui maintiennent un lien étroit avec Paris puisqu’il est administrateur du Siècle. Il passe aussi, à Bruxelles, pour l’un des trésoriers officieux du Parti socialiste. ET surtout, il garde le lien avec l’Élysée (Profession politique, 20 février 1989). » De ce fait, il sera le représentant du président de la Commission européenne au sein de la très influente Fondation Saint-Simon, dont l’idéologie s’apparentait fort à celle de Jacques Delors, comme l’indiquera L’Evénement du jeudi : « Leur réussite est l’une des plus spectaculaire qu’ait enregistré un réseau pendant toute l’histoire de la République. Ce lobby réduit, qui n’a jamais compté plus d’une centaine de membres, est parvenu à empêcher que la France décroche de l’Europe et le franc du mark, et à imposer l’économie sociale de marché à un pays réticent. En influençant les élites ou en plaçant carrément certains de ses génies tutélaires à des postes clés : Michel Rocard à Matignon, Jacques Delors à la Commission européenne […] Un cas de lobbying d’une rare efficacité.» Lorsque Delors quitte ses fonctions, « Rottweiler » rejoint, en avril 1994, son ami Jean Peyrelevade (à qui il avait succédé comme directeur adjoint du cabinet de Pierre Mauroy) au Crédit Lyonnais, officiellement en charge des activités de marchés de capitaux, des ressources humaines, de l’informatique, des grandes entreprises et du contrôle des coûts. En clair, il est chargé, en servant de paratonnerre au PDG, de faire le sale boulot tout en se refusant à poursuivre les véritables responsables, tous membres du corps des inspecteurs des finances : licenciements drastiques (10 000 départs ou mises à la retraite) et préparation de la privatisation. Il sera désigné par la CGT comme « celui qui a organisé la casse sociale ». Ce qui recoupe nombre d’avis : « Lamy n’est pas homme à s’embarrasser des états d’âme de ses collaborateurs. Esprit brillant et synthétique, bourreau de travail, il n’hésite pas à briser ceux qui s’opposent à lui sans bonnes raisons ou qui ne sont pas assez rapides pour le suivre (Libération, 9 juillet 1999). » Un élément ne trompe pas : en février 1998, le grand patronat nomme ce pur haut fonctionnaire président de la commission prospective du CNPF, jusqu’alors dirigée par Denis Kessler (qui l’avait choisi comme successeur), véritable patron idéologique du CNPF puis du Medef, président du Siècle et mondialiste convaincu « Le CNPF s’offre un « socialo-capitaliste », pour reprendre une formule qui, au début des années 90, a fait florès, en servant à désigner les grandes figures de « l’élite rose » des affaires (Le Monde, 3 mars 1998). » Pur hasard évidemment, il avait fait l’intermédiaire entre Lionel Jospin, nouveau Premier ministre, et le grand patronat, en organisant un dîner aussi important que discret, le 8 septembre 1997, dans le fameux Pavillon de musique (au fond de l’hôtel Matignon) avec une dizaine de grands patrons sur la question de la réduction du temps de travail. Le « para-commando » a fait courir un vent de panique parmi les fonctionnaires qui ont eu affaire à ce bulldozer et qui craignaient de devoir à nouveau l’affronter (Libération, 9 juillet 1999). » On en aura un assez bon exemple avec le sans-gêne dont il fit preuve avec les députés français de la délégation pour 1’Union européenne, le 9 décembre 1999, qui entendaient l’interroger. Il commença par indiquer qu’il aurait peu de temps à leur consacrer car il avait « quatorze autres clients à servir ». Il justifia ensuite au nom de l’efficacité sa manie de s’exprimer en anglais dans les assemblées où le français est pourtant langue officielle et refusa ensuite de répondre aux principales questions ou botta en touche. L’Audition mouvementée de M. Lamy à l’Assemblée nationale (Le Monde, 11 décembre 1999) évoque des échanges « aigres » et l’usage de la « langue de bois ». Il faut dire qu’en 1997 il avait refusé la tête d’Air France, jugeant le poste indigne de ses capacités. En juillet 1999, cette « tête de turc préférée des altermondialistes » (Libération, juin 2004) est nommée, sur proposition de Dominique Strauss-Kahn et de Lionel Jospin (Lamy était secrètement son principal conseiller pour les affaires communautaires), commissaire européen en charge du Commerce international (il quitte son poste fin 2004), devenant le négociateur unique des Quinze sur tous les points du globe. Jennar écrit : « Défini par son maître, Jacques Delors, comme un « moine-soldat », le commissaire européen met son savoir et son intelligence, en bon social-libéral, au service d’une vision marchande de la société qui, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, contribue à la destruction du modèle européen. Il inaugure son mandat de manière spectaculaire en proposant de lever l’interdiction d’importer en Europe des semences génétiquement modifiées en provenance des États-Unis. » À Strasbourg, le 6 octobre 1999, il déclarera : « L’OMC doit élargir ses attributions pour englober les questions de société telles que l’environnement, la culture, la santé et la nourriture, qui, à l’instar de la concurrence et de l’investissement, ne peuvent plus être tenues à l’écart du commerce » Bref, celui qui se prétend porteur d’un message chrétien d’humanisme, de solidarité et de générosité est en réalité le défenseur d’une pure Europe des marchands, n’oubliant pas d’obtenir la suppression des subventions agricoles à l’exportation (ce qui ne représentait rien financièrement) pour frapper le coeur de l’électorat chiraquien (Le Canard Enchaîné du 25 mai 2005). Peu après son entrée en fonction, il déclare devant 1’assemblée du TransAtlantic Business Dialogue, un des plus puissants lobbies mondiaux d’affaires : « La nouvelle Commission soutiendra (les propositions du TABD) de la même manière que la précédente. Nous ferons ce que nous avons à faire d’autant plus facilement que, de votre côté vous nous indiquerez vos priorités […] Je crois que le monde des affaires doit aussi parler franchement et convaincre que la libéralisation du commerce et en général la globalisation sont de bonnes choses pour les peuples. » Il manifeste une agressivité néolibérale digne de son prédécesseur le conservateur Leon Brittan, formulant les propositions les plus avancées pour une mise en oeuvre de la libéralisation des services. C’est lui qui tentera d’imposer aux 148 pays de 1’OMC le contenu de l’Accord multilatéral sur l’investissement (rebaptisé « matières de Singapour »). Son obstination et son arrogance seront directement à 1’origine de 1’échec cuisant sur ce dossier par 1’Union européenne à Cancun en 2003. Il faut dire qu’il déclarait : « Le libre-échange est une bonne chose, même quand il provoque des licenciements, pourvu que cela se fasse selon certaines règles. » Comme le disait le professeur invité à l’université d’Oxford George Monbiot au lendemain de la conférence de Cancun : « S’il y avait un prix Nobel de l’hypocrisie, cette année, il serait décerné à Pascal Lamy. » Pour le fondateur d’Attac, Bernard Cassen, « Lamy tient exactement le même discours que Chirac. Tout en passant son temps à demander aux Français de s’adapter à la mondialisation, il essaie de faire croire qu’il fait le maximum pour en limiter les effets. Il mériterait de prendre sa carte à Démocratie libérale, le parti de Madelin, car il n’y a pas un cheveu de divergence entre eux. » Il siège évidemment dans de nombreux cénacles mondialistes et différentes fondations influentes comme l’Institute for East Studies, 1’Overseas Development Council (dont il est administrateur) ou la Rand Corporation, le principal think tank du complexe militaro-industriel américain. Les 28 et 29 décembre 1999, il fut un des très rares invités français de la fameuse Fabian Society, le plus influent lobby économique travailliste, qui passe pour avoir été à l’origine du lancement du New Labour et de la « troisième voie » de Tony Blair. Il a participé au Forum de Crans Montana et est un familier du Forum économique mondial de Davos. Une rumeur persistante, mais non attestée par des documents, prétend qu’il aurait été initié dans une loge belge, sans doute au Grand Orient de Belgique. Membre de la Fondation Saint-Simon puis d’En temps réel, il a également été trésorier de Transparency international France, association sous influence américaine oeuvrant en faveur de la transparence des institutions publiques mais qui véhicule en fait les thèses de l’État minimum et de la pensée néolibérale américaine et qui sert souvent de paravent aux actions des services secrets américains (F&D 118 et 119). Il est aussi membre du bureau national du Mouvement européen France, président d’honneur de l’Institut des relations internationales et stratégiques et l’un des rares membres non-américains du Council on Foreign Relations, où il a été invité en 2002, 2004, 2005 et 2010. Il a par ailleurs cosigné The Future of Global Trade dans sa revue (10 mars 2005). Il appartient au Groupe de Bilderberg, ayant participé à ses assemblées secrètes en 2000, 2001, 2003, 2005, 2009, 2011 et 2012. Il devait signer, en janvier 2002, avec Jean Pisani-Ferry, président délégué du Conseil d’analyse économique du Premier ministre, une importante note de la Fondation Jean-Jaurès (l’un des think tanks du PS), L’Europe de nos volontés, où il explique benoîtement qu’il n’y a d’autres possibilités que la France fonde sa voix dans celle d’une Europe pratiquant la régulation du capitalisme de marché. Il devait récidiver en 2004 avec La Démocratie-monde. Pour une autre gouvernance globale (Seuil). Voilà ce qu’en dit Libération : « Le commissaire européen au commerce extérieur semble totalement imperméable aux interrogations, un mélange bien français d’arrogance française et de tranquille certitude. ». Raoul-Marc Jennar écrivait à son tour : « L’actuel commissaire européen en charge du commerce international est probablement une des plus brillantes machines de l’institution. Une remarquable puissance de travail et une maîtrise parfaite des dossiers en font un négociateur redoutable. Mais c’est aussi un homme qui possède un aplomb peu commun pour dire, avec un cynisme absolu, la chose qui n’est pas. La social-démocratie française a trouvé en lui le parfait Janus pour faire triompher le libéralisme intégral. ». Il est également professeur associé à l’Institut d’études politiques de Paris. En novembre 2004, il prend la présidence de la fondation Notre Europe, où il a succédé à Jacques Delors. Cette année-là, le Parti socialiste européen lui confie la rédaction de son programme. Partisan du « oui » lors de la campagne du référendum sur le traité de la constitution européenne en 2005 (il refusera même une invitation à Arrêt sur image en raison de la présence de Raoul-Marc Jennar comme contradicteur), il imputera la victoire du « non » et les réticences d’une partie du PS à un « formidable narcissisme » expliquant que « les Français parlent aux Français, se regardent en tant que Français et éprouvent une extrême difficulté à franchir ce miroir et à parler d’autre chose que de la France (Le Monde, 27 août 2005) ». Conscient du rôle joué par Internet dans la victoire du « non », il préside le comité de parrainage de Télos.eu (« Télos » signifie la « cause finale ») en décembre 2005. Il recycle ainsi Zaki Laïdi, son conseiller spécial lors de son époque bruxelloise. Homme de la « troisième gauche » également proche de Daniel Cohn-Bendit et de Dominique Strauss-Kahn, Zaki Laïdi prend donc la présidence de « cette agence intellectuelle » chargée de porter la bonne parole mondialiste, par le biais d’articles d’universitaires zélés, pouvant être reproduits dans les pages « débats » des journaux. 2005 sera l’année de la consécration de Lamy avec son arrivée à la tête de l’Organisation mondiale du commerce. Il est alors déjà « un des Français les plus connus des grands de ce monde » comme le fait remarquer Challenges du 26 mai 2005 qui dans une hagiographie ira jusqu’à chercher un camarade de CM1 : « Il suffisait que dans la cour de récréation Pascal aperçoive un gamin en difficulté pour qu’il vole à son secours ». Gustave Massiah, vice-président d’ATTAC prévient alors : « Quoi qu’il dise de ses tropismes pour l’hémisphère sud, Lamy [dans les négociations internationales] finit toujours par s’aligner sur les Américains » (rapporté par Le Canard Enchaîné du 25 mai 2005). Contrairement à ses rodomontades (voir par exemple Comment Lamy a fait campagne dans L’Express du 16 mai 2005, qui ose écrire qu’il ne doit sa nomination qu’à ses capacités d’organisateur), Pascal Lamy ne doit nullement son élection à une supposée « blitzkrieg ». Sa nomination est due exclusivement au jeu des grandes puissances, et essentiellement à Jacques Chirac qui a négocié son poste avec George W. Bush : lorsque le président des États-Unis a décidé de propulser à la tête de la Banque mondiale le faucon sioniste Paul Wolfowitz, le président français (dont l’accord était indispensable en raison du nombre de ses droits de vote) a donné son aval… en échange du fait que l’OMC reviendrait à Lamy. Un échange de bons procédés en quelque sorte. « Depuis Jean Monnet, Pascal Lamy est le premier politique français à être sorti du cadre franco-français, le premier à avoir une connaissance intime, de l’intérieur, du système européen et des rouages du monde. À ce titre, il peut servir de « passeur ». » Il est donc pour Le Nouvel observateur (19 mai 2005), qui s’en flatte, « un international pur sucre ». Impatient, il avait qualifié l’OMC de « médiévale » au lendemain des conférences de Seattle (1999) et de Cancun (2003). Ce défenseur de la « globalisation » (qu’il préfère au terme de mondialisation) et de la « démocratie alter nationale » (Le Canard Enchaîné du 25 mai 2005), s’échinera obstinément pendant ses deux mandats (2005-2008) à relancer le cycle de Doha de 2001 (libéralisation des échanges mondiaux au niveau planétaire)… jusqu’à la crise de 2008. Il peut s’enorgueillir de l’adhésion de la Russie à l’OMC et de la participation de l’OMC au G20. En 2009, en pleine crise financière mondiale, il demandera une augmentation de 32 % de son salaire (480 000 francs suisses) qui lui sera finalement refusée. Dans un entretien paru dans L’Express du 12 avril 2007, il certifiait que « la mondialisation profite à la France » expliquant à propos des protections douanières « À présent, imaginez que les Européens décident seuls de remonter ces barrières : croyez-vous que leurs partenaires resteraient les mains dans les poches ? Nous connaissons, car nous avons pu mesurer dans les années 30 les ravages du protectionnisme en cascade ». Il était alors pressenti comme premier ministre de Ségolène Royal ou de François Bayrou. Il récidive dans Le Point (19 janvier 2012) où il évoque le « pragmatisme » et la « démarche concrète » des cas brésiliens, américains et chinois en matière de protectionnisme. Quant à la possibilité d’un protectionnisme français, Lamy explique sans rire : « Le protectionnisme français est barrésien et teinté juste comme il faut de xénophobie. » faitsetdocuments
Posted on: Thu, 28 Nov 2013 04:42:26 +0000

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