Une histoire de cul.4 Je pus faire mes courses. Je m’étais - TopicsExpress



          

Une histoire de cul.4 Je pus faire mes courses. Je m’étais rendu au Spar du quartier, puis javais rempli mon panier dun « Rustique » bien mûr, dune brique de rouge, de chips aux oignons et dun gel douche aux saveurs citron-chocolat. Le supermarché se trouvait sur la vieille place, repaire de malfrats et cas sociaux en tous genres. Il y avait aussi une boulangerie, une laverie, une boucherie. Certains vendaient du shit, de la coke en petites quantités, dautres cuvaient leur alcool de bon matin, en discutant brutalement de tout et de rien. Lendroit était sale et désolé, proche dun taudis de Sao-Paulo. Le matin, c’était les vieux qui prenaient place, et baragouinaient dans un patois incompréhensible. A onze heures la vie émergeait : jeune maman maigrichonne, Heineken dans une main et poussette en avant, schizophrène bavardant avec les bancs, chiens et enfants errants, clients qui arrivaient trop tôt, patrouilles de sécurité inutiles, nymphomanes en recherches, clochard qui sortait de chez lui, de sa cabine téléphonique... lambiance était électrique, et morte à la fois, c’était un paradoxe sur lequel nimporte qui pouvait bugger pendant des heures. Tant d’énergie, de richesses, de différences, de force, et une telle inertie, une telle débilité, que lon ne pouvait quannihiler pour mieux oublier et peut-être finalement, comprendre, les mouvements secrets de la cité. Souvent des bagarres éclataient, pour un gramme, une gorgée, un cul, et les flics débarquaient deux heures plus tard, quand tout était rentré dans l ordre, que le mort était au frais, et l’assassin bien au chaud chez lui. Le père Tool qui prêchait dans la paroisse Paul Montel, avait tagué, sur le grand mur de carrelages : « pardonnez-leurs Seigneur, ils ne savent pas où investir leur amour ». Les types, qui traînaient sur la vieille place, ce quils adoraient le plus, c’était baiser les gamines. Des gamines de douze ans et des poussières. Elles aimaient les gars dangereux, les grandes bites de noirs, la défonce, et passaient et repassaient, habillées et maquillées comme des putes, attendant quun valeureux mort de faim et de chair fraîche, se lance. Ça donnait de sacrées histoires. Ces types ne pouvaient s’empêcher de baiser les petites sœurs de leur potes qui, elles, étaient attirées par les problème, comme des immigrés par la France, et alors toutes ces petites gosses tombaient en cloque et, le temps quelles accouchent, dautres jeunettes, prenaient la relève et ainsi, la vieille place restait un endroit, comme dit le philosophe, « plein de vie ». Le père Tool, un matin d’été, débarqua sur la vieille place, armé, quand il découvrit des vidéos de sa plus jeune filles prise en pleine tournante dans la cave du 21. Il y eut un mort, un nouveau né, un pendu en prison. Moi aussi, jaimais la chair fraîche. Mais je devais ruser pour men procurer. Quand on na ni le physique, ni le CV, il faut trouver des combines. Y a toujours plus conne que soi, Dieu merci. Je me souviens dune proie que javais saigné à blanc. J’étais le vampire qui l avait mordue. Elle séchait les cours pour venir me voir et prendre sa dose quotidienne. Au bout dun mois, son père reçut un coup de téléphone de lécole se plaignant de son absentéisme. Elle disparut de la circulation, pour reparaître, un beau jour, le crane rasé de près, longeant les murs, les yeux rivés au sol. Cet épisode, me donna le statut de salopard sans cœur, et du crédit dans toute la cité. Dans le quartier, on ne peut pas tenir le coup sans ça. Soit on est alcoolo, drogué, obsédé, ou en prison, ou mort. J’évitai de croiser qui que ce soit, et rentrai chez moi. Sur le retour, je pensais à Lito qui enculait trois travelos daffilée, et au temps quil allait passer en prison. Il devait être en ce moment gardé à vue. A vrai dire jen avais rien à foutre. Il faisait beau, l air était glacial, et les habitant de la cité erraient tels des zombies, lentement dun coin à un autre avec, en tête, des secrets aussi sordides et inutiles que la énième couche de peinture qui tentait de recouvrir les murs cramés du porche par un incendie de poubelle. Je passai au tabac et jetai un œil au journal. Aucun vent au sujet du pont. Je passai chez l’épicier, piquai un piment dans une cagette puis passai mon chemin. Les bras autour des genoux ramenés sur sa poitrine, Josie, la fille de la voisine du premier, squattait par terre, le cul posé sur un catalogue Carrefour, en bas de limmeuble. Jallais faire comme si elle nexistait pas quand elle leva son visage de mongole, rond comme un pamplemousse, rougi par le froid. Les deux fentes qui lui servaient dyeux, se posèrent sur moi. Ils étaient humides. « Quelle est laide » pensai-je. Je la pris de vitesses et lui demandai : — Quest-ce que tu fous là ? — Ma connexion internet déconne... — Tu joues à quoi ? — Wow. — Cest quoi ce truc ? — Laisse tomber. Tas une clope ? — Non, jai tous les vices de la terre, mais je fume pas. Attends un peu, et gratte quelquun qui passe, lui conseillai-je. Elle soupira un haleine blanche. — Impressionnant, dis-je, en direction du pont. — Cest plus beau comme ça je trouve, dit-elle. — Moi aussi, fis-je. — Ils ont sorti une dizaine de personnes depuis ce matin. Des morts, pour la plupart. — Comment tu sais quils sont morts ? De là cest pas facile à voir... — Ça se sent, répondit-elle. Un jeune homme, qui portait un sac à dos, et qui devait se rendre au lycée de louest, passa devant nous. Josie le siffla. Il aima ça. Elle échangea quelques mots avec lui en se dandinant sur une musique imaginaire. Leur ombres, nettement découpées, dansaient sur le bitume de la Santoline, discutant de tout autre chose que leurs homologues lumineux. De là, on aurait dit un Européen, en vacance en Mongolie, en train de sentretenir pacifiquement avec une autochtone, sauf que les plaines infinies, les steppes désertiques, s’étaient changées en routes goudronnées, trottoirs, immeubles, cages de bétons, et voiture-cheval, par centaines. Elle lui tira une clope de son paquet et revint s’asseoir à sa place. Elle devait avoir quinze ans tout au plus. Une tache grise qui traversait mon existence, de temps à autre. Mal fagotée. Pas maquillée. Elle ne tentait pas sa chance sur les podiums de la vieille place. Josie, quel nom ridicule ! Elle portait un pantalon, trop petit pour ses grosses cuisses, parsemé de carreaux noirs et blancs, qui voulaient rappeler un damier. Une doudoune au coutures usées, pour fille, serrée à la taille, avec une capuche immense. Une paire de tongs enfoncés sur une paire de chaussettes de foot. Ses cheveux fins et noirs étaient tirés en arrière, et retenus par un chignon tordu. Son front était large. Avec cet accoutrement, impossible de voir ses formes, son corps. Même sa bouche n’était qu un fin coup de crayon, tracé au centre dun cercle parfait. Elle navait aucun potentiel, rien qui puisse mattirer. Jallais passer les portes de limmeuble quand elle marmonna dans mon dos. Je m’arrêtai et lui demandai de répéter. — Ma mère. fit-elle, ça fait une semaine quelle nest pas rentrée. Je sentis une légère distorsion dans lair. Un vertige me prit. Des fils en moi s’étaient connectés. Jattendis, cherchai mes mots, puis demandai. — Ta mère ? Cest qui ? Je lai jamais vue. — Mais si, tu las déjà vue. Tu las même aidée à pousser sa voiture un matin. Je me rappelais ce matin-là. Je croyais avoir aidé une pute qui bossait de lautre coté de la Nationale, pas une voisine. La mère de Josie était une pute donc....En tout cas : minijupe pailletée, ras la moule, talons de vingt centimètres, à laube, avec, dans un sac plastique, un sandwich triangle, et un ice-tea pêche, tout ceci concordait bien avec le fait que la mère de la petite voisine était une pute. — Elle fait quoi ta mère dans la vie ? — Cest une génie. — Une génie ? répétai-je, tremblotant, — Oui, ma mère, cest le genre de personne, qui aurait beau être analphabète, elle pourrait te pondre un best-seller, n avoir quune main, te composerait une symphonie, être aveugle, verrait dans lavenir... une génie. Cest très dur de vivre avec elle. Elle sénerve souvent et me frappe. Mais bon, les génies ne sont pas forts physiquement.... Limage des collants effilés de sa mère et de sa chatte, entre-aperçue quand elle sétait installée dans sa Renault5, avant que je la pousse, son sourire qui disait : « Vu que tu mas poussée, je te suce quand tu veux », me laissait songeur quand aux dires Josie. — Le problème, reprit Josie, cest que, dans lappartement, il ny a que des choses inachevées. Un bout de roman, une maquette musicale, un portrait, la peinture de la cuisine, moi.... tout est commencé mais rien nest fini... — Et tu crois quelle est partie faire une mise au point ? Finir quelque chose ? — Moi, je crois quelle est morte. Cette déclaration aurait pu me faire froid dans le dos, si je n’étais pas déjà glacé jusquaux os. — Tas prévenu quelquun ? Ton père ? Il est où ? — En Afrique, avec sa deuxième famille. Tes la première personne à qui jen parle... — Pourquoi moi ? — Je sais pas... Elle me dévisagea dune manière étrange, un regard entre la moquerie et lennui. Midi approchait. Je me sentais sale et javais envie dune douche brûlante. Cette discussion me gênait. Cette petite était bizarre. Je naimais pas son regard, ce quelle dégageait. Plus j’étais en sa présence et plus je me fichais de son sort, de sa mère, de tout ce quelle me racontait. Javais limpression quelle était entrain de me contaminer, de me refiler un virus, de manière subtile et irréversible. Le vent se leva et le branchage dégarni du sycomore tordu, planté devant lentrée, frissonna. Une feuille, jaunâtre et séchée, se détacha de l’écorce, et virevolta un long moment dans le vide, avant de tomber pile au centre de la tache noirâtre dhuile de moteur, que la voiture de loncle Phil a faite doucement, en coulant du nez tous les soirs, sur cette place de parking. — Il faut prévenir la police dis-je. — Je les appellerai dès que la connexion reviendra, répondit-elle calmement. Dis, reprit-elle, si je me sens seule, ou si jai peur, je peux venir te voir ? Elle me fit un sourire, et ses yeux se plissèrent tant, quon aurait dit quils étaient fermés. Ça me fit chaud au cœur. Je ne sais pas pourquoi. Une partie moi criait à la peste mais je ne pus la refouler. — Pas de souci, viens me voir quand tu veux. dis-je avec la voix dun autre, la voix dun faible connard. Elle hocha la tête, rictus aux lèvres, pattes doies au coin des yeux, puis reprit sa contemplation de la rue. Je poussai la porte, et ne demandai pas mon reste. Elle se mit à fredonner. J’accélérai le pas, sortis mes clefs. Il faisait déjà plus chaud dans lentrée. Quand je voulus tourner le verrou, je constatai que la porte était déjà ouverte. Ma petite amie du moment, caressait le chat, assise bien droite sur le canapé. Elle avait retiré le torchon et observait sa rivale posée sur la table. Elle portait un long imperméable gris. Une paire de talons couleur vert bouteille, que jaimais beaucoup. Elle s’était lissé les cheveux. Complètement craquante. — Comment est-tu entrée? — Ben... jai fait un double, de ton double ! confessa-t-elle. — Ah... fis-je, faute de mieux. J’étais content et excité quelle soit là. — Il faut quon parle... fit-elle, en fuyant mon regard. Je ne répondis rien, déposai les sacs de courses sur le plan de travail de la cuisine, puis préparai du café.
Posted on: Fri, 22 Nov 2013 11:52:29 +0000

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