Une soirée chez paulette Kahlouche, un garçon du désert - TopicsExpress



          

Une soirée chez paulette Kahlouche, un garçon du désert algérien, est invité en Tunisie par son ami Paolo qui le présente à des amis de Tunis. Extrait du roman « Marie céleste », du même auteur. Figole : organisation qui luttait pour la paix dans le monde. Comme prévu, Paolo m’emmena dîner chez Paulette. Ils étaient tous là : le Dr. Gérard et sa femme qui était Belge, Ludvick et Djeridi, la paire inséparable qui partageaient les mêmes enfants mais pas la même femme bien sûr : Ludvick et sa femme avaient adopté à la naissance un garçon et une fille de Djéridi pour le décharger d’une famille trop nombreuse. Tous des Figoles de Tunis, avec la fièvre de faire ma connaissance, étaient là. Paolo n’arrêtait pas de m’appeler « Le Qualife » parce que j’avais pris la relève de Feu Si Said. Nous étions sept au total : un (faux) Italien, un Algérien (pas de son siècle), un Allemand (qui sort de prison), un Tunisien (dépassé par une 76 famille nombreuse), un (vrai) Français et une Belge (qui se prend pour une châtelaine). Paulette était d’origine Juive mais se présente toujours en tant que Tunisienne parce qu’elle rejette cette histoire de race et de religion dont elle avait horreur et souffert. Paolo était considéré comme mon manager de la soirée. C’était lui qui avait tout organisé et insisté à ce que tout le groupe soit là. « C’est mon poulain » disait-il à ceux qui ne m’ont jamais vu. Il voulait me hausser à un niveau international dans l’organisation Figole. Il avait même pronostiqué en moi un avenir fiévreux vu mes 20 ans qu’il trouvait éblouissants par rapport à ce que je véhiculais comme sagesse et grandeur d’âme dans une physionomie plus qu’attrayante ; ma couleur et mon accent affichent bien la déroute de tout le monde surtout pour Mr. Gérard qui n’a pas dit un seul mot depuis qu’on est attablé. Pendant cette soirée, je subissais comme un teste d’aptitude et d’évaluation de mon comportement et de mes connaissances, certainement pour confirmer ou infirmer les pronostiques de Paolo. Que de harcèlements et de questions auxquels euxmêmes n’avaient pas de réponses. Mme. Gérard qui était Belge et montée sur ses grands chevaux, d’un air dédaigneux, presque désagréable avec des manières d’une châtelaine dépaysée, me voyait comme un représentant de mon désert qui venait demander de l’aumône pour la survie de mon peuple. Elle ne pouvait pas imaginer une possible vie sur du sable sec. Elle parlait d’insécurité, d’insalubrité, de sécheresse et de famine. Elle était toute désemparée quand je lui ai dit qu’il n’y avait pas plus sécurisant qu’un palmier dans un désert dont on tire tous nos besoins : la nourriture, le lit, le toit avec le palmier male pour la solidité du tronc, le mobilier, les ustensiles, le bois de cuisine et de 77 chauffage (le kornaf), le tapis de sol et le matelas bourré de « Life » (une sorte de membrane végétale qui sépare les tiges à la naissance). « Life et kornaf » fut l’intitulé d’une œuvre d’art saharienne (une ossature colossale symbolisant la puissance de la tempête de sable), l’éventail, le couffin, les filtres à eau, les jeux pour enfants, la fraîcheur pendant l’été, le climat doux en hiver, sont assurés par cet arbre sacré. Le palmier a permis de dégager toute une civilisation au fil du temps, avais-je rajouté. Ses racines une fois enfuies sous terre, cherchent l’eau qu’il faut pour s’alimenter et climatiser le milieu. C’est une pompe, un climatiseur, un parasol, un nid de protection des oiseaux et des reptiles… Le taux d’humidité nécessaire à la vie est régulé naturellement par cet arbre colossale et magique (peut atteindre 40 m de hauteur et une envergure de 10 m). Comme tous les arbres, le palmier respire et expire et sous la lumière son laboratoire fabrique les matières dont il a besoin ; ce que les scientifiques appellent « une photolyse puis une photosynthèse biologique et chimique des plantes. « Les dattes mûrissent pendant les grandes chaleurs et ne peuvent mûrir sans un certain taux d’humidité dans l’air. Pour cela le palmier expire l’humidité nécessaire tout en rafraîchissant son environnement. C’est dans les palmeraies qu’on arrive à supporter les canicules de l’été. En hiver c’est le phénomène inverse qui se produit : le palmier respire le froid et dégage de la chaleur d’où la douceur et la température modérée en hiver. Du palmier toute une civilisation a découlé à travers les siècles mais ignorant ses bienfaits, l’homme commence à délaisser ce que la nature lui a offert. Pendant la guerre beaucoup de massacres naturels ont été enregistrés dans nos palmeraies et dans les montagnes de tout le pays. 78 Malheureusement cela n’a pas suffit pour que les nationaux se livrent à un abattage d’arbres précieux leur permettant de gagner des espaces pour le bâtiment alors qu’ils auraient pu créer des villes entières sans toucher au site naturel ; un crime dans tous les sens parce que l’arbre est le seul garant de l’équilibre écologique pour le carbone qu’il élimine de l’atmosphère évitant l’effet de serre, économique pour la survie et touristique pour le site ensorcelant et magique qu’il offre aux visiteurs. Pendant que j’excellais à la manière des conteurs à mettre sous leurs pieds notre désert parsemé de scorpions et de ces vipères redoutables qui vous fixent de leur regard menaçant avant l’assaut mortel, le Dr. GERARD avait regardé sérieusement sous la table en soulevant ses pieds tellement il était dévoré par cette image vivante et terrifiante qu’il s’était faite des vipères de notre désert. Ludvick qui avait remarqué le geste de Gérard, éclata d’un rire fou entraînant tout le monde dans un fou rire tapageur et scandaleux quand Gérard en calmant ses amis, avoua qu’il a toujours eu des frissons en parlant de reptiles. Paulette pour mouiller la peur de Gérard avait fait observer que les vipères ne sont agressives que lorsqu’on les dérange. Par contre, avaitelle rajouté, les scorpions peuvent se cacher occasionnellement dans des chaussures, dans les poches d’un veston ou d’un pantalon quand Gérard n’osa pas à tâter les poches de sa veste tellement il était terrifié par le danger qu’il encourait dans son imagination féconde. « J’espère que tu ne vas faire des cauchemars cette nuit », lui dit sa femme qui était aussi épouvantée que lui parce qu’elle aussi, avait fait le coup de la table juste après son mari mais discrètement avec des yeux grands ouverts et qui n’en disaient pas moins. 79 Ludvick qui n’arrêtait pas de me sourire et de répéter « Oh, que c’est bon ! » pour le couscous, s’était retiré de la discussion ne voulant plus entendre parler de piqûres et de morsures alors qu’il dégustait peutêtre le plat le plus savoureux de sa vie. Paulette qui était à moitié Arabe, tendait l’oreille avec un air indifférent parce que les Oasis, le Sud fascinant et ces histoires de serpents, elle en eu sa claque. Peu importe mes amis, leur disait-elle, que vous ayez peur des serpents à réchauffer dans votre sein, que vous soyez Sudiste ou Nordiste, noirs ou blancs, croyants ou non, Français ou Belges, Wallons ou Flamands, l’essentiel est que vous soyez à l’aise chez moi. Je remercie Kahlouche de nous avoir rendu visite, de nous avoir surtout apporté un peu de joie. Aussi je le dis de tout mon cœur… Je voudrais qu’il soit mon poulain ! « C’est le mien ! » riposta Paolo, sentant lui dérober son ami. – Alors à lui de trancher, fit Paulette.-C’est très juste, observa Ludvick. Il n’y a que lui qui puisse choisir son soi disant « Manager ». Vas-y, Kahlouche ! ordonna Ludvick. Dis-nous ce que tu penses même si c’est embarrassant pour toi. Fais-nous un discours sur la soirée avant de te fixer sur un choix. On t’écoute. Paulette et Paolo se sont arrangés pour être en face de moi me faisant les yeux doux et me tendant les bras grands ouverts. Oh là ! fit Ludvick. Il ne faut pas l’influencer de vos singeries ni de vos mines d’enterrement. Vas-y Kahlouche ! Qu’est ce que tu attends pour leur cracher ton choix ! cria Ludvick. – Oui, lui murmurais-je. C’est que je n’arrive pas à faire mon choix mais je dois vous dire combien je suis heureux de vous avoir connu. Mes paroles s’adressent surtout à Paulette, ce grand modèle de sagesse et de bonté qui est le lien entre nous tous, cette femme qui 80 ne cesse de s’oublier pour les autres. Le mérite de la réussite de cette soirée revient aussi à Paolo qui a eu l’idée de m’inviter au bon moment parce que je n’avais plus rien à faire chez moi. Quant à cette histoire de Poulain, j’ai beaucoup appris de Paulette dans les moments les plus durs de ma vie. Elle ne sait peut être pas que j’étais son enfant depuis sa relation de feu Si said et j’en garde de très bons souvenirs. C’était le couple modèle qui m’avait guidé dans mes pas et c’est grâce à eux si je suis là. Pour moi j’étais tout le temps le poulain de Paulette sans qu’elle le sache. Je ne suis que de passage en Tunisie mais au retour je lui promets de lui rendre visite pour la chaleur et la douceur en sa compagnie. Maintenant Je crois que je sens le besoin de la serrer dans mes bras. Vraiment je ne trouve plus les mots pour la remercier de cette magnifique soirée et pour son talent de grande cuisinière à la manière de chez nous car elle me rappelle vraiment ma mère. – « Bravo Kahlouche ! » cria Ludvick. Vraiment l’émotion en vaut plus que la chandelle. Moi, je voudrais que Paulette soit ma pouliche ! Des larmes de séparation furent versées par tout le groupe. Madame Gérard qui n’était pas habituée aux sensations fortes, et comme pour me présenter des excuses, m’a embrassé hâtivement d’émotion et de passion pour le désert qu’elle ne pensait pas aussi déroutant. Nous quittions Paulette avec la satisfaction d’avoir plus à nous-mêmes et à nos amis. « Je suis fier de toi. » m’avait avoué Paolo en traversant le boulevard des Italiens qui longeait le port. Il était 23h quand nous regagnâmes le bateau de Paolo qui semblait pressé. « J’ai du travail à la radio. Si tu as soif, y a tout dans le frigo. Ne m’attends pas, m’avaitil dit. 81 Dr. Fatma Après une tempête, dans un bateau de croisière entre Tunis et Marseille, une femme éprouvant des douleurs atroces mais son mari qui est intégriste, ne veut pas qu’elle soit examinée par un médecin homme… La tempête passa et le « Bébé phoque » reprend connaissance. On ouvrit la porte d’accès au pont pour annoncer la victoire aux passagers. Tous les officiers étaient sur le pont pour féliciter leurs collègues. Les trois hommes furent relevés du poste de commande pour toute la nuit. Paolo se rappelle qu’il doit appeler le bureau des hôtesses pour prendre des nouvelles de ses passagers. « Marguerite, passe-moi le médecin. Est-ce que vous avez des problèmes en bas ? » – Commandant, je vous passe le médecin pour son rapport. « Oui Jacques, je t’écoute. » – Franchement il se passe beaucoup de choses ici. Je crois que j’ai besoin d’un hélico. J’ai un cas qui me dépasse… Quelque chose comme un avortement qui ne vient pas. » – Elle a tous les symptômes ? 82 – Sauf un. Elle dit qu’elle n’est pas enceinte. – Merde alors ! Et toi tu n’es pas capable de le prouver ? – Non. Je n’ai pas les moyens. – Mais de quels moyens tu parles ? Tu as des mains au moins ? Une grossesse de quelques mois se
Posted on: Fri, 30 Aug 2013 23:52:59 +0000

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