Une vie sociale comme les autres Déjà avant, en dehors du - TopicsExpress



          

Une vie sociale comme les autres Déjà avant, en dehors du sport, je n’avais pas beaucoup de vie sociale. Pour quelle raison ? Simple question de caractère je dirai. Je n’ai jamais trop aimé la foule ou la vie en groupe. N’y voyez pas automatiquement une quelconque forme de sociophobie, c’est juste que je ne m’y sens pas à ma place, pas même parmi mes amis puisqu’en dehors du sport et de notre enfance, nous n’avons pas les mêmes aspirations. Du coup, me mêler aux autres pour des sorties autres que sportives, ne me faisaient absolument pas de bien car je me sentais tout aussi seul avec que sans eux, et ce parce qu’en dehors du jeu, je ne cherchais que quiétude et paix alors que la jeunesse qui m’entourait ne baignait que dans la futilité, toujours en quête de fête et beuverie… Et n’ayant jamais été d’un naturel suiveur, j’ai toujours pris mes distances quant à cette vie. Certes, comme je vous l’ai déjà dit, je suis passé parfois et même souvent à côté de certaines choses, mais au fond je peux tout de même être fier de cet isolement volontaire car ce n’était pas une fuite mais un choix de vie, un refus de l’inconscience et insouciance. Vous allez peut-être me dire que je noircis tout, mais osez seulement m’affirmer que vos sorties ne sont pas marquées de fanfaronnades et mensonges afin de ne jamais sembler quelconque et ordinaire, ou arrosées d’alcool comme si vous aviez davantage besoin de 5 bières pour vous amuser plutôt que de 5 amis, alcool ne suscitant d’ailleurs en vous que la crainte d’être arrêté pour conduite en état d’ivresse plutôt que celle de blesser ou tuer autrui du seul fait de votre ânerie... Désolé de dresser un si triste tableau de ces vies, mais elles sont bien telles que je les décris : futiles, amorales et inutiles. Certes la plupart vivent des milliers de péripéties, mais à quoi bon si l’on ne prend même pas le temps de les vivre pleinement et sainement ? J’ai peut-être moins de vécu, mais une chose est sûre : si eux vivent, moi j’existe. Je vous rassure tout de même, je sortais de temps à autres. Par contre, depuis mes mésaventures, je ne sors plus du tout. D’une part parce que je n’ai plus vraiment d’amis, mais surtout parce que la douleur m’y contraint. Elle vous isole en vous obligeant à limiter vos sorties ou au moins à les écourter. Et petit à petit, on vous oublie… Ne vous y trompez pas, je ne vous en fait nullement part pour que l’on me prenne en pitié puisque y ayant une part de responsabilité, je l’assume et l’accepte finalement. Et d’ailleurs, après quelques années passées ainsi, je dois bien avouer que je ne le vis plus trop mal puisque lorsque mon côté aventurier se tait, mon côté casanier s’en satisfait assez, à tel point qu’aujourd’hui le sport ne me manque même plus. Je n’ai absolument plus envie d’en faire même si je le pouvais. Ça ne m’intéresse plus, tout simplement. Toutefois ceci a un revers : comment trouver ce dont nous avons tous besoin, à savoir l’amour ? C’est déjà pas évident lorsque la vie ne vous met pas trop de bâtons dans les roues, mais lorsqu’elle vous écrase le dos, ça l’est encore moins. Comme je vous l’expliquais dans un précédent chapitre, il faut déjà plaire à une nana malgré mes ennuis, et qu’ensuite cette acceptation ne soit pas pathologique… Certes, ceci doit bien se trouver, mais si c’est pour avoir les restes des autres, les morceaux dont personne ne veut, je ne vois pas en quoi ceci pourrait être bien pour moi car je ne veux pas d’un second choix. Je ne veux pas d’une personne à défaut de mieux. Et malheureusement, jusqu’alors je ne trouve pas. Je dois bien le reconnaître cela dit, même si mon physique assez banal et mes difficultés ne devraient pas me le permettre, je suis assez difficile. Je ne veux pas d’une nana parmi d’autres, une nana qui me plairait comme tant d’autres. Non, je veux la nana ! Un cocktail de douceur, de charme et de vécu, bref une vraie personne qui ne m’inspirait pas qu’un vulgaire désir charnel mais un véritable désir d’union et de communion. Ce serait très facile finalement de trouver une nana juste pour tirer un coup, mais ce n’est pas ça qui me rendra heureux car il faut le faire avec quelqu’un que l’on aime pour toucher à ce que tous recherchent et si peu obtiennent, sinon ce ne serait que se soulager, ce qui ne suffit pas à rendre un homme heureux. Et bien que j’aie des besoins purement physiques, me contenter de les assouvir ne me convient pas, surtout que mon côté introverti ainsi que mon refus de sombrer dans la futilité me freinent dans ces démarches de prise de contact où les formules de politesse et le parler-pour-ne-rien-dire sont roi... Du coup, je passe mon tour sur ces relations d’une ou quelques nuits. Je sais ce que je veux et je l’attendrai. Et même si en attendant je me retrouve plus seul que jamais, ceci aura au moins eu le mérite de développer certaines facettes de ma personnalité, notamment mon imaginaire ainsi que certaines compétences artistiques puisque tout ce temps passé seul dans mon coin, seul avec mes pensées sans personne avec qui les partager, a tout simplement eu pour conséquence de développer chez moi d’autres modes d’expression comme la musique, la peinture ou l’écriture. Au début, je faisais tout ça comme à titre posthume, histoire de laisser une trace de mon passage, mais à force, je m’y suis mis sérieusement. Je n’avais évidemment aucun talent pour les activités artistiques, alors je faisais dans le symbolisme car une image exprime souvent bien plus que 1000 mots, et je dois dire qu’au final je n’étais pas si mécontent du résultat. Je me suis alors rendu compte que j’avais pas mal de chose à transmettre et que je n’étais pas si mauvais pour les faire passer, c’est pourquoi je me suis investi à fond dans l’écriture. J’étais un peu hésitant au départ car j’avais l’impression que ça ne me correspondait pas, pas seulement parce que j’étais le roi des fautes d’orthographe, mais surtout parce que mon passé n’avais rien en commun avec ça sinon quelques tites histoires mises sur papier quand j’avais 6-7 ans… Mais bon, j’ai persévéré car ce qui compte après tout, c’est d’avoir de véritables choses à dire et c’est pour ça que j’ai continué à écrire, sans compter le bien que cela me faisait… Passionné de sciences humaines et surtout de philosophie, j’ai naturellement commencé par cette voie puis est venu le temps de la poésie. Et étant dévoué à l’humanisme, tout écrit allait en ce sens. Bien entendu ce fut laborieux au début, non parce qu’il s’agit de branches assez difficiles, mais plutôt parce que mes écorchures gênaient : ma solitude faisait de ces textes mes interlocuteurs à qui je disais tout et notamment tout un tas de choses inutiles ; et mon manque de confiance en moi me faisait craindre d’être mal compris, alors je faisais attention à tout, à chaque mot, chaque phrase, bref je surchargerais de précisons sans nécessité, ce qui est très ennuyeux en poésie où il faut être précis mais concis… Et à force, ces défauts me bouffaient. Je réfléchissais sans cesse, sans jamais pouvoir me mettre en veille et c’était vraiment très éprouvant, comme une forme d’hypersconscience qui vous empêche de respirer et apprécier. L’écriture était certes devenue très importante pour moi puisque je n’avais finalement plus que ça pour exister, m’accomplir et me réaliser, mais là c’était carrément pathologique ! Par chance, petit à petit, avec l’évolution régressive de ma maladie, j’ai trouvé d’autres centres d’intérêts, d’autres choses auxquelles m’accrocher, et c’est finalement ainsi que j’ai pu me libérer l’esprit et écrire enfin avec fluidité, sérénité et justesse d’esprit comme j’espère le faire ici. Concernant ma vie professionnelle, le bilan est tout aussi désolant que ma vie sociale. Si aujourd’hui j’ai retrouvé un travail que j’aime, c’est parce que l’apaisement de mes douleurs me le permet. Mais avant, c’était simplement la merde ! Travailler m’était inenvisageable, j’avais trop mal pour ça. Je souffrais déjà à ne rien faire, alors imaginer travailler, c’était juste de la folie ! Je préférais clairement finir sous les ponts à mendier plutôt que me faire mal à bosser. Du coup pendant plus d’une année, ceci était totalement exclu même pour mon entourage. Mais plus le temps passait, moins il tolérait la chose. Quelques petites phrases par ci par là, puis sans cesse, mes parents me parlaient de boulot. Pour eux, c’était simple : y avait qu’à. Mais non, ce n’est pas comme ça que ça marche ! Je ne peux même pas écrire 30 minutes sans vivre un tourment, alors travailler, rendez-vous compte… Et je n’exagère même pas. Encore aujourd’hui, tout ce que je dois ou veux faire, je suis contraint de le peser à l’avance (« combien de temps cela va-t-il durer ? Quelle posture cela va-t-il m’obliger à prendre ? Vais-je avoir mal et combien ?) et ce, que ce soit pour sortir, lire, manger, faire la vaisselle, le ménage ou même cuisiner ! Oui, même pour cuisiner. Si je veux faire un plat, disons des tomates farcies, je suis forcé d’y renoncer en fin de compte car ça va me demander 30 minutes de préparation où je serai debout, inerte et la nuque ou le dos inconfortablement placés… Et si d’aussi petites choses sont devenues à ce point complexes, imaginez alors une journée de travail de 8h où je ne peux même pas disposer de temps ou d’endroit pour apaiser mes douleurs naissantes… C’est juste impossible. Certes, anatomiquement, tout m’est possible, que ce soit sortir, travailler ou agir comme tout le monde, sauf que lorsque l’on mal la tête, on prend une aspirine. On ne se la tape pas contre un mur, et c’est la même chose ici. J’ai mal, je ne vais donc pas faire quelque chose qui va aggraver la situation. Bien sûr, pour survivre, il faut bien de l’argent et donc travailler, mais si travailler signifie se faire du mal, que feriez-vous ? Vous casseriez-vous le bras juste pour travailler ? Moi pas et vous non plus évidemment. Que l’on ne prétende alors pas que je me cache derrière le handicap pour justifier ma sédentarité (tel un obèse accusant sa thyroïde plutôt que son manque de volonté) sans même savoir ne serait-ce qu’un peu ce que c’est que vivre avec une douleur qui vous fait mettre genoux à terre au moindre zèle, et qui vous rappelle que vous êtes faible. Certains individus sans gêne me sortiront comme d’autres voulant faire de l’esprit, qu’il y a deux types d’hommes : ceux qui trouvent des solutions et ceux qui se trouvent des excuses, sauf que la vie n’est pas aussi simple. Elle ne peut se réduire à quelques mots ou quelques belles formules de littéraire à deux balles. C’est un tout bien plus grand que des mots car les émotions et les sensations qu’elle nous fait vivre sont bien au-dessus de toute verbalisation. Du coup, les répliques du genre on a toujours le choix, vous pouvez les garder pour vous car se laisser mourir ou souffrir n’est pas ce que j’appelle un choix ! Malheureusement c’est tout de même une décision que j’ai dû prendre en fin de compte car le temps passant et mes douleurs oscillant, je me suis dit que je ne pouvais pas rester éternellement dans cette situation. Il me fallait trancher. Ou me foutre en l’air ou essayer de me construire tant bien que mal une vie, mais en aucun cas persister ainsi. Et comme cette prise de conscience coïncidait avec une période où je m’offrais des sursis du fait des examens médicaux qu’il me restait encore à passer et des espoirs liés à eux, j’ai finalement décidé d’aller de l’avant, doucement évidemment. Au début, je cherchais des postes d’éducateur sportif mais ça ne m’enchantait pas beaucoup car même si je voulais être enseignant d’EPS, il faut bien reconnaître que c’était pour de mauvaises raisons. J’aimais le sport, les vacances mais pas les enfants. Et plus ils sont jeunes, moins je les supporte… C’est pourquoi j’ai laissé tomber cette branche et cherché n’importe quel autre job. Je n’avais pas le choix de toute façon, COTOREP ne me reconnaissait pas comme personne handicapé. Par conséquent, je n’avais ni droit à des aides financières ni celui de postuler à des emplois réservés aux handicapés, c’est-à-dire des tâches assises comme j’avais grandement besoin. J’avais juste le droit de souffrir et fermer ma gueule. En même temps vous me direz, même pour ceux reconnus handicapés, rien n’est fait. Pour l’Etat, ça ne rapporte rien, ça coûte cher et ça fait chier, alors ils sont mis de côté. Enfin bon, devant me démerder seul, je cherchais et postulais un peu pour tout, essentiellement pour des jobs de secrétariat ou standardiste, des tâches bien inférieures à mes capacités certes, mais je n’avais que faire de ce fait car il n’y a pas de tâches ingrates lorsqu’il s’agit de remplir un frigo ! Et je suis même allé encore plus loin, j’ai postulé et fait un essai en tant que livreur de colis, une tâche bien déplaisante pour mon dos, preuve d’une certaine volonté d’avancer… Mais au bout du compte, rien ne fut fructueux. Tout s’arrêtait soit au cours de ma période d’essai soit dès l’entretien téléphonique. Et je dois bien l’admettre, c’était généralement par ma faute. D’une part par manque de motivation, mais surtout parce que je n’aimais pas ces jobs. J’étais à chaque fois ennuyé que l’on retienne ma candidature, pas par peur d’échouer ensuite mais plutôt de réussir et devoir ainsi m’engager dans quelque chose que je n’aimais pas. Et c’est pourquoi je me mettais volontairement des bâtons dans les roues : je déclinais les offres, je négligeais mon apparence, je ne répondais pas au téléphone ou j’arrêtais en cours d’essai puis je trouvais une excuse à donner aux parents… Ce n’était certes pas bien vis-à-vis d’eux, mais ils manquent tellement d’empathie qu’il était impossible de leur faire comprendre que travailler juste pour survivre n’a aucun intérêt, que ce qu’il me fallait, c’était trouver une tâche dans laquelle je me sente bien car j’avais déjà tant perdu qu’il ne fallait surtout pas sacrifier pour autant tout et encore moins une chose pour laquelle j’étais parvenu à retrouver de l’envie et de l’intérêt. Non, leur expliquer ça, aurait été stupide de ma part, stupide de les estimer à même de le comprendre. Et c’est pour ça que je leur mentais et arrangeais les choses de façon à ne pas trop les décevoir. Je me doute bien qu’après vous avoir confessé tout ça, j’ai certainement dû faire naître un peu de scepticisme chez vous. Je pense que certains se disent finalement qu’il n’y a pas que mes douleurs qui expliquent ma sédentarité mais aussi beaucoup de fainéantise et d’immaturité, mais ils se trompent car on ne se réjouit pas de vivre ainsi. Qu’avais-je à y gagner après tout ? Je passais mon temps allongé devant la TV à regarder des programmes qui m’ennuyaient plus que tout, je vivais comme une loch, chez mes parents encore à 21 ans passés et devant toujours compter sur eux pour vivre alors qu’à côté, je voyais tous mes amis construire leur vie, obtenir un travail, fonder un foyer, faire des projets, etc. Je vous assure, on ne s’enjoue pas de n’avoir aucune indépendance, de n’être rien devenu sinon un déchet et un poids pour les autres… Je dirais même que l’on a honte, pour tout et beaucoup. Et ce dont j’avais le plus honte, c’était d’être au chômage… Beaucoup de vieux aigris parlent des chômeurs avec mépris, les accusant de profiter des aides sociales financées par le contribuable, et de se réjouir de ne pas travailler, mais c’est profondément débile car on a vraiment honte d’être sans emploi. On n’ose même pas regarder les autres droit dans les yeux car on a honte d’être celui dont on ne veut pas, d’être celui qui ne réussit pas, celui qui dépend de l’argent des autres. Pour ma part en tout cas, lorsque l’on me demandait ce que je faisais dans la vie et pour faire face à l’embarras, je répondais avec humour : « je suis chercheur. Je fais de la recherche, d’emploi »… Aujourd’hui ça va, je suis chercheur retraité, mais avant, c’était autre chose. Je ne faisais pas toujours dans l’autodérision mais plutôt dans l’abattement. J’en arrivais même à me saouler moi-même tant je ne parlais plus que de ça et ne me définissais plus que par ça. Je n’étais plus Christophe, j’étais malade : « qu’est-ce que je deviens ? Eh bien je suis malade… » Je ne parlais plus de quoi que ce soit d’autre. C’est navrant mais je ne voulais surtout pas qu’on l’oublie. Je voulais même que cela se sache car je voulais tout simplement de l’aide. Je voulais être traité différemment. Je comprends que certains handicapés comme des défigurés ou autres veuillent être traités comme tout le monde puisqu’avoir pitié d’eux revient à leur dire qu’ils sont moches, faibles, impuissants ou autre, mais pour nous qui avons besoin d’aménagements, il faut nous considérer différemment car comment ferait un aveugle sans son chien ou un tétraplégique sans son fauteuil et ses rampes d’accès ? Ça peut vous sembler être les propos d’un pleurnichard mais je vous certifie la chose, rien qu’oser le dire et appeler à l’aide demande beaucoup de courage car il en faut pour accepter de révéler sa faiblesse et mettre sa fierté de côté. Et que vous me croyiez ou non, de l’aide il m’en fallait car à 20 ans, on a tout à construire. Ça n’est pas comme à 50 où finalement nous n’avons qu’à limiter la casse puisque l’on a déjà un travail, une femme et un foyer. Là c’est différent, je n’ai rien de tout ça et je dois pourtant les acquérir comme tout le monde mais en partant avec un lourd handicap… Par chance, après 4 années de profonde galère, tout ceci est aujourd’hui derrière moi. Petit à petit, j’ai repris pied. Je pourrais me la raconter en vous disant que c’est grâce à une grande force moral, sauf que c’est uniquement parce que je souffre nettement moins qu’avant. J’ai toujours très mal mais plus assez pour m’empêcher de vivre certains plaisirs. Et je dis bien plaisir en parlant de travail car j’ai tout simplement réussi à trouver ma voie : la protection de la planète ! Entre-temps, je suis passé par un certain nombre de jobs : assistant d’éducation, coordinateur de projets sportifs, mais tout s’est éclairci un jour bien précis. Et c’est ce jour-là que j’ai véritablement relevé la tête et décidé d’avoir à nouveau des projets. Et il s’agissait tout bêtement du jour des résultats du CAPEPS de l’année qui suivait l’arrêt total de mes études : en voyant la réussite de mes anciens camarades, je fus terriblement jaloux de les voir ainsi avancer pendant que moi, je ne faisais que m’enfoncer… J’ai alors touché le fond. Et finalement, l’image n’est pas si fausse, parfois il faut attendre de toucher le fond pour s’y repousser et ressortir la tête de l’eau. En l’occurrence, c’est bien comme ça que ça s’est passé pour moi car c’est ce jour de pure déprime que j’ai finalement fait un choix qui a totalement changé ma vie et l’a rendu cent fois plus trépidante qu’elle ne l’aurait été si rien de ces malheurs ne m’étaient arrivés. En fait, il faut savoir que depuis tout petit je suis amoureux des animaux et de la nature, certainement en partie grâce à mon grand-père, et peu de temps avant j’avais vu une annonce de cours en soins animaliers par correspondance, ce qui me bottait assez mais sans plus puisque je pensais ça trop physique et donc trop douloureux. Mais ce jour-là, j’ai cessé de peser le pour et le contre, j’ai cessé de réfléchir et j’ai signé pour suivre cette formation quitte à le regretter ensuite. Avec le recul je me suis rendu compte d’une chose, pour quelqu’un qui n’aime pas le changement, peser le pour et le contre est certainement la pire des méthodes pour faire des choix de vie car on ne fait que procrastiner en fin de compte. Le mieux parfois, c’est d’agir au feeling, d’écouter son cœur, un peu moins sa tête et se démerder ensuite pour gérer les problèmes qui n’ont pas été pensés. En tout cas, ça m’a plutôt bien réussi puisque ma vie est aujourd’hui rythmée de passion et d’émotions fortes. Elle oscille entre la France où j’exerce en tant qu’animalier de parc zoologique, et l’Afrique où j’apporte un soutien bénévole pour la protection et la réintroduction d’espèces animales menacées. J’aimerais vivre et connaître encore plus d’émotions et aventures, notamment rester définitivement dans ma brousse africaine, mais il faut apprendre à apprécier ce que l’on a déjà. Même si le travail en zoo n’est pas mon idéal, j’aime tout de même ce que j’y fais car j’œuvre pour la paix entre les hommes et la Terre. Et finalement, même si ce travail me fait très mal au dos, je n’envisage pas le moins du monde à arrêter car j’ai trouvé quelque chose de plus important que moi : la protection de la planète. Qu’importe alors que j’en bave, j’ai trouvé une raison de me battre ! Loin de moi l’idée de vouloir vous tenir un discours marqué de sainteté, mais je crois sincèrement que ça n’est que par l’humanisme et l’altruisme que l’on peut résoudre des problèmes qui nous dépasse. Je crois que l’on ne peut en ces circonstances, trouver la solution que dans quelque chose de plus grand, de plus important que nous-même, quelque chose qui à nos yeux compte plus que nous-même. Je ne sais pas l’expliquer mais je suis convaincu d’être dans le vrai car ça l’est pour moi comme ça l’est pour mon oncle qui a toujours tenu tête à ses douleurs car une femme et un fils dépendaient de lui. En tout cas, c’est un fait, ça n’est qu’en œuvrant pour les autres que j’ai pu m’aider moi-même, ce qui est finalement le sens que j’ai donné à ma souffrance comme si cette maladie avait donné un réel sens à ma vie. Sartre disait « je ne peux être infirme sans me choisir infirme, cest-à-dire choisir la façon dont je considère mon infirmité : comme intolérable, humiliante, à dissimuler, à révéler, comme la justification de mes échecs, etc. », et il est clair que si autrefois je la considérais un peu de toutes ces façons précédemment citées, aujourd’hui je la vois plutôt comme une force car elle m’a grandi et offert la possibilité de comprendre la misère du monde. Et c’est pour ça qu’aujourd’hui je vis pour autrui. Je veux faire pour eux ce que l’on n’a pas fait pour moi. Certains psys frustrés évoqueront un complexe d’infériorité surcompensé formant alors un complexe de supériorité via un sens accru du devoir et de l’oubli de soi, mais je sais pourquoi j’agis. Je ne le fais pas pour moi, pour m’encenser ou m’enorgueillir, je le fais pour la paix, le respect, la solidarité et la préservation de chacun, telle est ma nouvelle vie : faire mienne la souffrance des autres. Je milite donc de toute sortes de façons, que ce soit au travers de mes textes, de mon travail, de mes dons ou par mes gestes quotidiens. Je ne sais si le combat est vain, mais il mérite sans aucun doute d’être au moins mené, alors je ne discute pas tant de ce qui est à faire, je le fais. Et il n’est pas très difficile pour vous d’en faire autant. Bien qu’ayant toujours été sensible à l’écologie, au handicap ou au racisme, je ne suis pas pour autant né humaniste, je le suis devenu. J’ai moi aussi eu mon temps d’insouciance, mais j’ai évolué car j’ai appris et compris qu’on ne pouvait rester centré que sur soi-même et persévérer dans l’ignorance de la misère ainsi que l’abandon des autres juste pour ne pas s’en attrister et gêner notre quête égoïste du bonheur ! Et si alors que je souffre, je reste néanmoins capable de penser aux autres, comment se fait-il que vous n’en fassiez pourtant pas au moins autant ? J’ai un temps cru que la seule façon d’apporter la paix en ce monde serait de faire ressentir la souffrance à chacun puisqu’elle nous grandit comme elle m’a grandi, et nous offre une chance de nous rassembler en faisant en sorte que l’on se comprenne comme elle m’a permis de comprendre la souffrance des autres, sauf que c’est aussi du fait de la souffrance que les hommes en arrivent à la violence et elle ne fera par ailleurs pas nécessairement en sorte que l’on s’unisse, d’autant que lorsque l’on sait ce qu’est la véritable souffrance, on doit tout faire pour que nul ne la connaisse et non l’inverse. Sans compter qu’on ne peut transmettre un message de paix et d’amour par la haine.
Posted on: Sat, 19 Oct 2013 07:00:30 +0000

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