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VOICI LES QUATRE VERITES DE JONAS MUKAMBA Jonas MUKAMBA dans son bureau de travail Par Jean-Paul KUKABUSU (00243814335062) Ce qui frappe au premier abord, lorsqu’on le rencontre, c’est la décontraction de son accueil. L’homme est d’un abord simple, sans fard ni autres artifices tant prisés par les hommes politiques en mal de suffisance. Ce personnage, à qui la clameur publique attribue, peut-être à tort, une immense fortune, traine une longue carrière remontant au début des années 1960. Il a eu à occuper entre autres, les postes de commissaire général, d’ambassadeur, de gouverneur de région, et même de Président Administrateur Délégué d’une importante entreprise minière, la MIBA en l’occurrence. Société ayant à un moment donné symbolisé l’âge d’or du secteur minier en République Démocratique du Congo. Au passage, il a eu à « pratiquer » plusieurs hommes d’Etat. Mobutu, bien sûr, dont il fut l’un des rares amis, mais aussi Houphouët Boigny, Omar Bongo et autres le pape Jean-Paul II. Alors ambassadeur de la République du Zaïre en Grande Bretagne, il avait ses entrées au palais royal et était familier du bureau de la redoutable Madame Tchatcher, ce qui lui a d’ailleurs permis, de temps en temps, de réaliser quelques jolis « coups » en faveur de son « patron » et ami, MOBUTU SESE SEKO.Comme cette audience obtenue auprès de la dame de fer à l’époque de la guerre des Malouines, à un moment où Madame le premier ministre britannique boudait des chefs d’Etat étrangers en refusant de les recevoir. A 80 ans, cet homme conserve encore une activité intellectuelle intense, il lit énormément, la presse nationale et internationale, des ouvrages politiques et économiques, et se livre de temps en temps à la correction des mémoires d’étudiants. Soucieux du moindre détail, il se révèle un examinateur plutôt redoutable, traquant la moindre erreur, et amenant chaque fois son interlocuteur à situer son sujet à un niveau de valeur et de généralité dont il n’aurait pas eu l’idée sans lui. Les étudiants qui se complaisent à la paresse intellectuelle ont droit à ses réprimandes paternelles. Entre deux corrections de mémoire, il a bien voulu nous recevoir dans son bureau de ma campagne tout encombré des livres et des journaux, pour une conversation à bâtons rompus. Tout y est passé, sa passion pour le football, ses souvenirs du passé, ses réflexions du présent, et bien sûr ses espérances de l’avenir. MOBUTU Nous nous sommes connus à Kinshasa, alors Léopoldville en 1956. Nous étions alors deux jeunes gens avides de connaissance et de culture. Tous les deux nous écrivions des articles en se servant des pseudonymes. Lui signait « De Banzy » et moi « Joscho ». A l’époque j’étais intellectuellement intéressé de faire la connaissance de ce mystérieux « De Banzy » dont j’admirais tout particulièrement la plume. Son style simple et alerte me plaisait. Ce que je ne savais pas, est que lui-même était animé par les mêmes sentiments à mon égard. C’est dire que notre rencontre a été le point de départ d’une amitié qui ne s’est jamais démentie et ce, malgré les évènements qui surviendront quelques années plus tard. Il faut dire que par un coup plus ou moins prévisible du destin, il deviendra chef d’Etat. IL ne faut surtout pas croire que durant sa présidence, je bénéficierai toujours d’un régime de faveur. Je serai même révoqué de mon poste de gouverneur en 1968 et connaitrai une longue traversée de désert avant de retrouver de nouveau les chemins du pouvoir. Durant toutes ces années où j’ai fatalement fait partie de son cercle, je serai frappé par sa grande capacité d’assimilation servie par une mémoire phénoménale des chiffres, des noms et des évènements. Et bien sûr ses qualités de chef sachant s’imposer dans les situations les plus tragiques. Il avait le don de reconnaître et de s’entourer des gens intelligents quelles que soient leurs origines. Il avait ainsi fait du jeune KAMANDA WA KAMANDA, à 26 ans secrétaire général à la présidence, ou encore de NIMY MAYIDIKA NGIMBI, directeur du cabinet, durant près de dix ans. Je faisais partie de sa suite lorsqu’il a séjourné en Chine du 10 au 20 janvier 1973. Et je peux vous dire que le président chinois, MAO, avait à l’époque été littéralement impressionné par le chef de l’Etat Zaïrois. Quelques années auparavant, le Général De Gaule encore auréolé de son prestigieux titre de « l’homme du 18 juin » avait également avoué, à en croire les mémoires de Jacques Foccart, son conseiller dans les affaires africaines, avoir été impressionné par MOBUTU. Hélas, au fil des années, MOBUTU connaîtra le phénomène classique d’usure de pouvoir, il se désintéressera progressivement des affaires de l’Etat tout en voulant mener une vie de monarque. L’entourage se livrera autour de lui à des luttes d’influence, chacun voulant être plus près de la lumière. Une certaine catégorie des proches du chef tireront profit de leur position pour bâtir des fortunes immenses au détriment de l’Etat. Lui-même en arrivera à ne plus penser à sa vie sans le pouvoir. Tout ceci sera préjudiciable à la vie de la nation. Cela me conforte dans l’idée qu’il nous faut bâtir et consolider un système où règne la séparation des trois pouvoirs, les libertés fondamentales, le pluralisme, la limitation des mandats, et surtout la répression de l’abus de pouvoir à tous les niveaux en facilitant le mécanisme de la responsabilité pénale des plus hauts responsables de l’Etat, ceux-là même qui sont les plus tentés par l’abus de pouvoir. En fait, plus on est situé très haut dans la hiérarchie, plus on doit être soumis à des contrepouvoirs réels. Sinon, c’est la porte ouverte à tout. MIBA Je suis resté à la tête de cette entreprise comme Président Administrateur Délégué durant près de dix ans, de 1986 à 1997. Il faut dire que la MIBA n’était pas entièrement sous la coupe de l’Etat. C’était une société d’économie mixte. J’ai ainsi pu la soustraire des intrigues politiques de l’époque. Je dirai même que, en cas de problème, lorsque ses proches avaient tendance à se montrer trop gourmand, MOBUTU arbitrait toujours en faveur de l’indépendance de cette société. En avril 1997, à l’entrée de l’A.F.D.L. à MbujiMayi, Laurent Désiré Kabila avait été surpris de constater que non seulement je n’avais pas quitté mon poste, mais qu’il y avait dans les coffres au moins trois millions de dollar. Alors que tout le monde me présentait comme un ami de MOBUTU. Cela l’avait tellement marqué qu’il le déclarera publiquement quelques semaines plus tard à une rencontre réunissant les gouverneurs des provinces dites libérées (Bandundu, Kinshasa, Bas congo et Equateur ne l’étaient pas encore) de l’époque à Lubumbashi. Aujourd’hui, à en croire le rapport du sénat sur les mines, cette entreprise est en proie à d’énormes difficultés, je voudrais croire qu’elle remontera la pente ne serait-ce qu’au nom de son passé glorieux. Mais c’est tout le secteur des mines qu’il faut repenser dans le sens d’une gouvernance conforme aux intérêts de la nation comme l’ont si bien recommandé les sénateurs dans leur rapport. Qu’un secteur aussi vital que les mines soit précisément celui où l’on enregistre des magouilles à une grande échelle comme le dénoncent les sénateurs est inacceptable. L’ACCORD CADRE D’ADDIS ADEBA Sans vouloir entrer dans des détails, cet accord consacre la position de la communauté internationale sur la crise qui sévit en RDCongo. Ainsi, pour elle, notre pays apparaît comme le maillon le plus faible de la région. Alors qu’il a pour vocation naturelle d’en être la locomotive. D’ailleurs vous remarquerez, lorsque vous comparez cet accord au pacte sur le développement et la sécurité signé quelques années auparavant, une évolution défavorable à notre pays. Le pacte sur le développement et la sécurité des grands lacs enjoignait à tous les Etats des Grands Lacs de démocratiser, de construire un Etat de droit, de promouvoir la bonne gouvernance. Avec l’accord cadre, cette obligation n’incombe qu’à notre pays. On nous demande de mener des sérieuses réformes. Tout se passe comme si aux yeux de la communauté internationale, l’Etat n’existe pas encore, le pays est sous perfusion. Je voudrais croire qu’il s’agit là d’une situation conjoncturelle. C’est souvent aux moments de grave crise que se révèlent les plus hautes qualités de l’homme. L’Europe a du connaître la guerre la plus meurtrière de l’humanité avant de créer un espace de paix et de prospérité. Pareille évolution est-elle possible pour la RDCongo dont le territoire a été le théâtre, de la première guerre mondiale africaine ? Il faut l’espérer et y travailler en ayant foi en l’homme. ELECTIONS A L’EQUATEUR J’ai été gouverneur dans cette région, j’y suis donc très attaché. C’est dire que l’évolution de ces dernières années m’a particulièrement attristé. Avec l’élection du nouveau gouverneur, Louis KOYAGALIO que je connais bien, je souhaite qu’une nouvelle ère de concorde autour d’un projet de développement de la province s’instaure, et ce, au-delà de tous les clivages, qu’ils soient ethniques ou politiques. La province de l’Equateur plus que toutes les autres sans doute, a besoin de la bonne gouvernance et surtout, d’une vision stratégique majeure. Au-delà, il se pose le problème d’une application stricte de la loi sur la libre administration des provinces. Les textes sont là, reste la volonté de les appliquer. L’idéal est que chaque province puisse créer un espace de bonne gouvernance et de démocratie avec tout ce que cela implique en termes de séparation des pouvoirs et de répression de l’abus de pouvoir à tous les niveaux. A tout prendre, chacune des provinces prise individuellement peut nourrir toute la république. CONCERTATIONS NATIONALES Je voudrais croire que la classe politique, toutes tendances confondues, va se dépasser et nous proposer un pacte républicain pour la bonne gouvernance. Homme de foi, je ne crois pas à la fatalité, notre pays peut se ressaisir et répartir très vite sur les chemins de la bonne gouvernance et du développement. La Corée du Sud était complètement en faillite en 1962, avec de la volonté et une bonne vision stratégique, elle est passée, en moins d’une génération, des huttes aux grattes ciels, avec l’homme comme principale ressource. Aujourd’hui ce pays dispose des réserves en devises en termes des centaines de milliard de dollars. Notre pays dont le potentiel est à peine entamé, ne pourrait-il pas faire plus et mieux. Nous devons résolument nous placer à la hauteur des enjeux. FOOTBALL J’aime passionnément le football. Je crois que c’est l’un des sports où les meilleures qualités de l’homme peuvent s’exprimer. J’ai un penchant pour le Real de Madrid. Morindho est un grand tacticien capable de lire correctement le jeu de l’adversaire et de le contrer par une opposition cohérente et structurée. Il sait aussi travailler le mental des joueurs. Et Dieu sait, combien la psychologie du joueur est essentielle pour la victoire finale. En tant qu’ancien président de club, j’en sais quelque chose, je pourrais vous raconter des nombreuses anecdotes à ce sujet (rires)…Son palmarès plaide d’ailleurs pour lui. Cela ne m’empêche pas d’admirer l’équipe de Barcelone. Son aptitude à conserver la balle, à sortir de son camp de manière propre, sans précipitation ni affolement, en créant et en exploitant sans cesse de l’espace, c’est impressionnant. Mais je crois que cette équipe compte trop sur Messi qui est du reste exceptionnel. J’ai aussi l’impression que les joueurs jouent de manière trop stéréotypée avec cette tendance à vouloir toujours entrer dans la surface adverse avant de marquer. Lorsqu’ils ont en face des équipes qui les empêchent d’entrer dans le rectangle, tout en étant agressifs dans la conquête de la balle et lucides dans l’exploitation judicieuse des espaces qu’ils laissent, ils connaissent des problèmes. On l’a vu avec le Bayern de Munich. Ou même le Paris saint Germains. Je pense que la meilleure façon de contrer Barcelone, est de couper les premières transmissions entre la défense et le milieu, tout en isolant ses principaux techniciens. Au pays, MotemaPembe et SangaBalende, sont les deux faces d’une même médaille, celle que je porte dans mon cœur. Je leur dois bien des moments d’émotion et d’exaltation. Lorsque ces deux équipes se rencontrent, c’est le seul cas où je suis neutre. Généralement j’accorde les mêmes moyens aux deux et je m’en remets au destin. S’agissant du football congolais en général, je crois qu’avec un championnat compétitif, nous pouvons avoir une bonne équipe nationale capable d’étonner l’Afrique et le monde. Je ne désespère pas de voir les léopards rééditer les exploits d’autrefois. Pour cela, il faut que tout le monde joue collectif, en respectant le poste de chacun, et pas garder le ballon pour soi, tout le monde, c’est-dire, supporters, joueurs, staff technique, ministère, fédération, différents groupes de soutien, entreprises, gouvernement qui devra bien se résoudre à organiser de manière rationnelle le sponsoring du championnat comme cela se fait sous d’autres cieux.
Posted on: Fri, 26 Jul 2013 11:26:38 +0000

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