Virage de Marina Baie des Anges au kilomètre 16. Jusque-là - TopicsExpress



          

Virage de Marina Baie des Anges au kilomètre 16. Jusque-là tout va bien, les endorphines inondent mon cerveau, la musique coule dans mes oreilles, pas de douleur, pas de manque. Je gère ma vitesse en gardant en point de mire le meneur d’allure « 3H45 ». Ca n’est pas vraiment évident sur la photo, mais je nage en plein bonheur. Les premières difficultés n’apparaitront que dans 2 ou 3 kilomètres, juste avant d’atteindre la moitié du parcours. Un peu de fatigue, ma moyenne qui baisse, et ce putain de vent en pleine face. Pour couronner le tout je vois des coureurs me dépasser comme des fusés. Ce sont les relayeurs du marathon en équipe… pfff, même pas mal ! 24eme kilomètre, j’esquisse un sourire en m’imaginant le capitaine Kirk dans Star Trek : « j’avance vers l’inconnu, au-delà des frontière connu ». En claire, Je n’ai jamais couru plus de 24km d’une traite (et je crois que mon cerveau manque cruellement d’oxygène). Je commence vraiment à avoir mal partout. 27em kilomètre. Ca y est on est dans le dur ! Le fameux « mur » dont tout le monde parle. Celui que l’on se prend en pleine face quand le corps dit « stop ». Je n’ai aucune idée de mon temps de course, mais je veux à tout prix passer sous la barre des 3h au 30km. Dans mon état c’est impossible, Je pensais avoir tout prévu, sauf les crampes. Alors je marche 50m, puis 100m. Je me ravitaille, je gère, enfin j’essaie. Ça fait du bien, mais je sais que si je ne repars pas très vite je ne pourrais plus décoller… alors c’est reparti… 30em kilomètre ! 2h50 ! je n’y crois pas, je suis dans les temps, mais je sais que ça ne durera pas. Autour de moi de plus en plus de monde se met à marcher par intermittence. Quant au meneur d’allure du « 3h45 » il est bien loin maintenant. Je sais que bientôt ce sera celui du « 4h00 » qui va me dépasser avec sa cohorte de coureurs. De plus en plus de spectateur autour de nous, ils nous appellent par nos prénoms marqués sur les dossards, « Allez Stephane ! », «T’as fait le plus dur Stephane, lâche rien !». Une petite fille me présente sa paume main pour que je tape dedans, je lui tends ma main, elle n’imagine pas comme son geste me fait du bien. Le décompte commence. Plus que 8km… plus que 7, 6, 5… le vent souffle de plus en plus fort nous projetant en pleine face eau de mer, sable et épines de pin. Paradoxalement je n’ai plus besoin de marcher, la douleur est là mais peu importe, je sens que la fin est proche (dans tous les sens du terme). 3km… 2km… je ne trouve pas le panneau indiquant le dernier kilomètre, mais je sais qu’il est là quelque part ! La route se rétrécit, la foule de spectateur s’épaissie, et parmi elle mes 3 supporters : Alex, Sylvaine et ma Maman. Mes yeux oscillent de droite à gauche pour les trouver, en vain. 42km que j’attends de les entendre, de les voir. Ils m’ont dit qu’ils seraient devant l’arrivée, MAIS OU EST CETTE PUTAIN DE LIGNE D’ARRIVEE ?! A 200m, la voilà ! Je ne sais toujours pas où ils sont, alors si je ne peux pas les voir, il faut que eux me voient. J’accélère, j’accélère encore, je sprint, mon cœur s’emballe, ils sont là, j’en suis sûr. 20m… 10m… je franchis la ligne et dans un dernier effort je hurle « JE l’AI FAIT ! ». C’est fini ! Enfin ! Alors que j’essaie de reprendre mon souffle, mon téléphone accroché à mon bras se met à vibrer, ça doit être Sylvaine ou Alex… Je n’ai même plus la force de répondre, cette fois j’en suis sûr, ils m’ont vu franchir la ligne d’arrivée. Je suis heureux...
Posted on: Mon, 11 Nov 2013 22:42:17 +0000

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