Voici la transcription du point de presse donné mardi dernier sur - TopicsExpress



          

Voici la transcription du point de presse donné mardi dernier sur la question de la Charte des valeurs. On peut voir un extrait vidéo en français ici et en anglais ici. Bonjour, J’ai senti le besoin de vous voir ce matin parce que le débat enclenché sur la question Charte des valeurs est un débat dans lequel il y a beaucoup d’énergie, d’émotion, beaucoup d’arguments, de contre-arguments. Il y a des principes qui sont évoqués, comme l’histoire. Il y a des arguments qui sont évoqués et qui ne devraient pas avoir de place dans le débat ou, du moins, certainement pas au centre du débat. Le courage de décider Mais, tous les grands débats charrient avec eux, sur les marges, des arguments comme ceux-là qui n’invalident pas les principes qui sont avancés par les uns et par les autres. Évidemment, je suis très sensible à toute la réalité montréalaise, à ce qui se passe à Montréal, à la sensibilité montréalaise qui s’exprime des deux côtés du débat avec énergie et, parfois, avec émotion. Et c’est normal car c’est un sujet important, c’est un sujet de changement, c’est un sujet structurant et ça rappelle les débats qu’on a eu autour de la Loi 101 en 1977, souvent avec les mêmes acteurs ayant les mêmes positions, avec les mêmes malaises, la même volonté de prudence, la même volonté de changement et la même nécessité de courage. Ce serait beaucoup plus facile, pour un gouvernement, de laisser traîner les choses, d’éviter les sujets qui fâchent, de ne pas avoir le cran et le courage de poser un problème devant la population et de dire que c’est le temps de décider. Ce serait plus facile, et c’est ce que le gouvernement précédent a fait pendant neuf ans. Respect pour nos concitoyens qui portent des signes religieux Mais, pendant qu’on fait ça, il est extrêmement important de dire à ceux qui se sentent légitimement visés par le débat, c’est-à-dire nos concitoyens de toutes les religions qui portent, qui font le choix parfaitement légitime de porter des signes religieux dans leur vie privée, dans leur vie publique, dans leurs emplois et dans leurs emplois de la fonction publique, qu’ils sont ici chez eux, qu’ils ont ce droit et qu’il est inacceptable, à qui que ce soit, de leur reprocher ce choix. La liberté de religion et la liberté d’exprimer sa religion est un des droits fondamentaux que nous appuyons, que nous défendons et qui fait partie de notre vie démocratique. Et tous nos concitoyens sont ici, dans une société qui s’est engagée, il y a presque 50 ans, dans un processus qui va vers la neutralité de l’État. La marche du Québec vers la neutralité de l’État Dans les années 60, de façon accélérée et un peu surprenante, une société qui était extrêmement catholique et extrêmement protestante, s’est mise à déconfessionnaliser ses institutions. Les membres des congrégations se sont mis à ne plus avoir de signes religieux au nom de la neutralité de l’État. À la fin des années 90, les commissions scolaires confessionnelles ont été transformées en commissions linguistiques. Donc, les catholiques et les protestants ont laissé tomber les prérogatives qu’ils avaient dans la gestion des commissions scolaires, au nom de la neutralité de l’État. Au cours de la dernière décennie, il y a eu un jour où l’État a dit à tous les parents protestants et à tous les parents catholiques qu’il n’y avait plus de pastorale à l’école du jour au lendemain. Au nom de quoi ? Au nom de la neutralité des écoles, que ces activités devaient avoir lieu à l’église et non à l’école. C’était un droit acquis, de plusieurs générations, et on a accepté collectivement que la neutralité de l’État était plus importante que ce droit individuel de chacun des parents du Québec. Et ça s’est très bien passé. Un pas de plus Aujourd’hui, on fait un pas de plus. On dit que la neutralité de l’État c’est aussi la neutralité des gens qui représentent l’État, qui représentent l’État face à tous les citoyens. On a déjà établi cette neutralité pour les autres convictions. La liberté individuelle de porter un macaron du Parti Libéral ou du Parti Québécois s’arrête à la porte de l’emploi de la fonction publique. La liberté individuelle de dire au monde qu’on est pacifiste ou écologiste ou végétarien ou en faveur des sables bitumineux, s’arrête à la porte de la fonction publique québécoise. En ce sens, on est dans une situation où les seules convictions que l’on peut afficher aujourd’hui sont les convictions religieuses. Et on le sait, il y a des gens qui ont des convictions sociales, des convictions environnementales, qui sont extrêmement importantes dans leur vie, extrêmement importantes, plus que certaines personnes qui ont des convictions religieuses. Les intensités des convictions sont très relatives, d’autant que dans d’autres pays, qui ont fait des choix différents, on pose la question de l’ensemble des convictions. Par exemple, en Grande-Bretagne, où on permet les signes religieux dans la fonction publique, un juge a estimé que quelqu’un qui a une conviction sociale philosophique importante doit aussi avoir le droit de l’afficher, pas seulement les droits religieux. En Belgique, on a inventé un mot : « convictionnel », pour mettre toutes les convictions sur le même pied et les interdire. Le droit d’avoir ce débat Donc, c’est un débat qui peut se faire d’une société à l’autre, selon les valeurs, l’histoire, les mouvements du débat et, c’est un débat que nous avons ici et que nous avons le droit d’avoir. Et, je suis un peu déçu de voir qu’il y a des voix qui s’élèvent, qui tentent de dire aux Québécois qu’ils n’ont pas le droit d’avoir ce débat et qu’ils ne devraient pas se poser cette question, qu’ils ne devraient pas agir et que c’est contraire aux droits de la personne en général, alors que les expériences étrangères nous montrent que ce n’est pas le cas. Une proposition équilibrée et adaptée Le projet de Charte des valeurs, on en a beaucoup discuté à l’interne, entre les ministres et avec les députés. Plusieurs configurations étaient possibles. Nous avons pensé que la proposition déposée la semaine dernière était équilibrée, qu’elle reposait sur des principes, sur une volonté progressiste et moderne d’avoir un État où tous sont égaux, toutes les convictions, toutes les religions, les hommes et les femmes, dans cette neutralité partagée dans le lieu où on représente la totalité des citoyens. Mais, la proposition n’est pas exempte de la réalité historique et des particularités du Québec et de Montréal. Le fait, discuté, qu’on ait proposé de garder le crucifix à l’Assemblée Nationale est un geste assumé de respect pour l’histoire chrétienne du Québec. La décision de proposer le droit de retrait à des municipalités a commencé avec Côte-Saint-Luc. On s’est dit : « Mais comment faire en sorte pour des municipalités où une communauté religieuse historique forte, la communauté juive, est représentée, de permettre une période de transition plus longue ? Y a-t-il d’autres arrondissements à Montréal où la communauté musulmane ou d’autres, sont très fortement représentées et nécessiteraient une transition plus longue ? » C’est de là qu’est venue l’idée du droit de retrait pour les municipalités. L’idée du droit de retrait pour les hôpitaux a commencé avec les discussions sur le Jewish, on a dit : « Voici un établissement qui est lui aussi ancré dans le patrimoine historique et religieux du Québec et pour lequel on devrait proposer une transition plus douce. » Et, c’est ainsi que la proposition est un pas de plus dans ce grand chemin québécois de la neutralité de l’État et de ses institutions, un chemin, je le répète, de progrès, de modernité et d’égalité. Mais, elle est aussi consciente des difficultés particulières et du patrimoine particulier et donc, elle veut s’adapter à ces particularismes. Les consensus et les signes religieux Je constate que sur l’essentiel, le consensus est en train de se faire. Baliser les accommodements religieux, interdire le visage complètement voilé dans les interactions avec l’État, introduire dans la Charte québécoise des droits clairement ce que l’on signifie, ce qui est prioritaire ou ce qui n’est pas admis comme accommodements religieux. Évidemment, la question qui se pose et qui concentre les discussions est celle du port du signe religieux dans la fonction publique et dans les emplois du parapublic. Et, là c’est intéressant parce qu’il y a des gens qui nous disent « on devrait limiter aux personnes qui sont en situation de pouvoir la proposition d’une Charte des valeurs », sur laquelle le gouvernement précédent n’a pas bougé. C’est intéressant parce que lorsqu’on dit ça, on admet qu’il est parfaitement légitime et correct de restreindre le droit individuel à l’affichage de sa conviction lorsqu’on est en position d’autorité ou lorsqu’on est à l’emploi du gouvernement et donc, la discussion qui reste est « quelles sont les catégories qui seront touchées par cette exigence ? ». On n’est plus dans l’absolu, c’est bien ou c’est mal, on est dans le relatif c’est bien, mais jusqu’où est-ce que c’est bien ? Je suis de ceux qui pensent que plusieurs positions sont défendables là-dessus. Nous pensons que notre position est la meilleure parce que lorsqu’on commence à dire « qui est en position d’autorité ? », certains disent les enseignants sont en position d’autorité, certains disent que tous ceux qui ont délivré un permis sont en position d’autorité, les médecins sont en position d’autorité, jusqu’où s’arrête, jusqu’où va l’autorité ? Dans les discussions qu’on peut avoir, il y a une ligne qu’on peut tracer. Pour nous, il est important de dire « ben voilà, l’État est une totalité, l’État c’est tout ceux qui représentent tous les citoyens, les fonctionnaires représentent directement l’État, les enseignants transmettent des valeurs, les hôpitaux donnent des services » et c’est pourquoi on a été, sur les hôpitaux, favorables à un droit de retrait et non pour l’enseignement. La transition Évidemment la question qui se pose à partir de ce moment-là, c’est « comment faire en sorte que cette transition-là se fasse de la façon la plus harmonieuse possible » ? Et c’est la question qui, il me semble, est posée et doit être posée. Madame Maroy nous dit constamment qu’il faut être ferme sur l’objectif et souple sur les moyens. Mon ami Bernard Drainville, avec qui je me suis encore entretenu ce matin, a insisté ces derniers jours sur le fait que la question du droit de retrait, cette question de transition, c’est celle sur laquelle, en particulier on est à l’écoute des citoyens. Et les citoyens répondent, 80 000 citoyens ont participé individuellement, des visites uniques sur le site Internet qui a été lancé par le gouvernement. Tous les citoyens recevront dans les jours prochains l’information exacte sur la proposition qui parfois diverge de ce qu’on en entend ici et là. Par exemple. certaines personnes pensent que ça s’appliquerait à ce qu’on peut porter sur la rue. Il est important que chacun sache de quoi on parle, on parle simplement de ceux qui représentent l’État. Et donc, est-ce qu’il est possible de bonifier le projet ? Bien sûr, ça n’existe pas un projet qu’on soumet à la discussion publique et qui n’est pas amélioré par la discussion publique. Bernard et moi sommes d’accord là-dessus et sur bien d’autres choses. Lorsque les Québécois auront pris la parole – et ça va durer plus qu’une semaine, puisqu’il y a moins qu’une semaine que le projet a été déposé, c’était mardi dernier -, nous aurons regardé ce qui a été dit, écouté les avis et nous dirons : « bon de quelle façon on peut bonifier le projet, qu’est-ce qui est préférable pour atteindre notre objectif en étant souples sur les moyens. Alors c’est pourquoi on est en mode écoute et à Montréal en particulier. La parole est aux Québécois et à tous les Québécois. Je serais heureux de répondre à vos questions. Monsieur le ministre, je vous ai fait voir tout à l’heure une vidéo assez éloquente de situations dont on a été témoins, ici à Montréal semble-t-il et aussi à Québec, c’est quoi c’est débordements-là ? Ben je répète ce que j’ai dit en août, ce que dit aujourd’hui et ce que je répèterai, cette discussion doit avoir lieu dans le respect de tous nos concitoyens et moi j’ajoute, en particulier de nos concitoyens qui portent des signes religieux. J’appelle tous les Québécois, en particulier, à être sensibles au fait que ces concitoyens-là sont au centre du débat et nous on voudrait que ce débat-là se fasse bien, se termine par une décision pour qu’on passe à autre chose pour que cette difficulté soit derrière nous. Ça fait maintenant presque 10 ans que cette difficulté persiste parce qu’aucune décision n’est prise. Pendant qu’on fait ce débat-là, j’appelle tous les Québécois à être particulièrement sensibles à nos concitoyens, comme c’est leur droit, qui portent des signes religieux. Monsieur Lisée, vous dîtes, dans le fond, que ce projet de loi pourrait être modifié suite à une discussion publique, c’est quoi le plancher pour vous ? Le plancher, c’est le mouvement que l’on fait vers une plus grande neutralité de l’État. Ce n’est pas bénin ce qu’on a proposé, la portée de ce qu’on a proposé, l’importance de ce qu’on a proposé, c’est là où on veut aller. Maintenant comment enrichir cette proposition ? Comme je l’ai dit, ça n’existe pas un projet, en tout cas, pas un projet du Parti Québécois, y compris la Loi 101, qui au départ était la Loi 1, et qui a été redéposé comme Loi 101. Donc même la Loi 101 qui a tant fait pour structurellement changer le visage du Québec, pour faire en sorte que le Québec soir plus pluriel, souvent on parle des enfants de la Loi 101, donc je pense que de la même façon on va arriver à des solutions. Mais est-ce que la proposition de la CAQ, c’est-à-dire les fonctionnaires en position d’autorité plus les profs, ça peut être un plancher intéressant ? Nous on pense que la proposition qu’on fait en englobant l’ensemble de l’État, c’est la bonne. Oui, mais si on parle de planchers ? Moi, je ne parlerai pas de ce plancher-là, je dis que c’est là qu’on va, notre proposition, dans son ampleur, dans sa portée, c’est là qu’on va. Alors, comment s’y rendre ? La transition, le droit de retrait, on est très ouverts aux propositions. En ce qui concerne la bonification du projet de loi, êtes-vous ouvert à faire des changements au sujet de la période de transition et le droit de retrait ? On appelle les propositions. On ne va pas conclure ce matin, le projet a été déposé mardi de la semaine dernière, ça va faire une semaine demain, on va avoir quelques semaines de propositions, de discussions, on attend les propositions et on conclura lorsqu’on écrira le projet de loi. Mais peut-être une période de transitions plus lente ? On appelle les propositions, écrivez, allez sur le site Internet, faites votre proposition. Monsieur Lisée, vous réagissez avec un certain désarroi, dans les images qui sont des gestes d’intolérance. Je ne peux pas croire que vous-même et votre gouvernement êtes surpris que ça se produise, c’était évident au départ. Au Canada, tous les jours, y a un crime qui est commis pour des raisons religieuses, chaque jour. En Ontario, 163 par année et aucun n’est lié à la Charte des valeurs. Alors, moi de faire un lien entre ce racisme ordinaire dégueulasse et le fait qu’une société est en train de faire un débat important, je ne franchis pas ce pas-là. Mais les écarts des uns ne sont pas les écarts des autres. Non absolument. Je dois vous dire là-dessus que parmi ceux qui s’opposent à la Charte des valeurs, y a essentiellement des gens qui défendent des principes, le droit des individus à porter des signes religieux dans la fonction publique. C’est un principe qui se défend, qui est défendable. Et, il y a à côté d’eux quelques intégristes religieux, qui pour des raisons de fondamentalisme s’opposent à la Charte. La position des intégristes n’invalide pas la position de principes des autres. C’est la même chose de l’autre côté. Monsieur Lisée, y a déjà des premiers sondages qui sont sortis, y en avait un hier, y a en un demain, clairement, y a pas l’adhésion au projet que vous pensiez, au Parti Québécois, que vous alliez avoir, vous êtes surpris de voir ça à votre retour d’Afrique ? Des sondages, il y a eu et il y en aura. L’opinion Québécoise est très intéressée, très engagée, met beaucoup d’énergie, se pose des questions, nous allons avoir ce débat et ce débat et ce n’est pas un sondage ou un autre sondage qui va déterminer notre action. Qu’est-ce que vous allez faire pour gagner les gens parce que décidément, jusqu’à maintenant après une semaine de débat, vous les avez pas gagnés, il n’y a pas l’adhésion que vous pensiez avoir. Ben, je pense que lorsqu’on s’engage dans un débat comme celui-là, il faut avoir le cran de voir l’ensemble des hauts et des bas qu’on va avoir à travers ce débat-là. À chaque fois qu’on introduit une grande réforme, une réforme structurante il y a de l’opposition, de la démagogie, des principes, il y a tout ça. Si on s’empêchait d’agir parce qu’il y a une hausse ou une baisse dans les sondages, on ne ferait jamais rien. Monsieur le ministre, y a un cas qui revient souvent dans la discussion, c’est celui des éducatrices en garderies, des services de garde dans les écoles où on porte le hijab. D’après vous en quoi est-ce que ça pose un problème ce fait là de porter le hijab ? L’autre jour, dans un quotidien torontois, il y avait un cas intéressant, le cas de deux montréalais, de confession juive mais qui sont plutôt laïcs et qui ont décidé, plutôt que de se marier à la synagogue, d’aller au Palais de justice. Ils se sont retrouvés devant un célébrant qui portait un signe religieux. Ce célébrant ne faisait pas de prosélytisme, il affichait son droit d’avoir un signe religieux, mais le couple de juifs montréalais voulait un mariage laïc et votre collègue journaliste a demandé quelle était la balise là-dessus. On lui a répondu « il n’y a pas de balise ». Alors, c’est la même chose dans les garderies, si vous êtes très chrétien, très athée, et vous voyez que la majorité des éducatrices ont des hijabs, ça n’empêche en rien leurs compétences, elles ne font pas de prosélytisme, mais est-ce qu’elles représentent la neutralité de l’État lorsqu’il est temps de transmettre des valeurs à des jeunes enfants ? C’est la question qui est posée, il n’y a pas de mauvaise foi, pas de mauvaise volonté de la part de qui que ce soit, mais c’est une bonne question. Et nous, on pense qu’on devrait arriver à une situation où, c’est clair, lorsqu’on est au service de l’État, on a une neutralité et je comprends les gens qui disent « mais vous comprenez pas du tout, c’est très très personnel la question de l’appartenance religieuse ». Oui, mais pourquoi est-ce que dans d’autres sociétés démocratiques avancées des dizaines de milliers de personnes religieuses enlèvent leurs signes religieux avant d’entrer à leur travail et le remettent après. Et pourquoi en Turquie, depuis 100 ans, un pays extraordinairement islamique, on dit la même chose. C’est pas de l’islamophobie, c’était la volonté d’Atatürk d’avoir un État laïc dans une société très religieuse. Monsieur Lisée, il y a eu beaucoup de critiques à l’extérieur du Québec, dans le reste du Canada notamment, vous dites que vous êtes très sensible à l’image du Québec à L’étranger, qu’est-ce que vous faites pour informer ces gens-là de votre position, du bien-fondé de votre position ? Ben, vous savez le Canada c’est pas l’étranger, tant qu’on est pas souverains, c’est pas l’étranger, hein, c’est l’opinion intérieure. Ça a des répercussions partout dans le monde, c’est ce que je voulais dire. Partout dans le monde, non. Il ne faut pas exagérer, Moi, j’ai fait plusieurs continents depuis un an, j’ai interrogé des gens, y compris sur des questions de corruption ou linguistiques. On n’est pas le nombril du monde. Le monde entier n’est pas en train de se demander quels sont les détails de notre Charte des valeurs. Le monde entier débat de ces questions-là chacun dans son pays. Le monde entier trouve tout à fait normal qu’on ait ce genre de discussions et donc, effectivement au Canada anglais, les journaux se déchainent et ils se sont déchainés au moment de la Loi 101. Ils disaient que c’était une régression démocratique, ils disaient que ça allait exclure alors que ça a inclus. Alors pour citer Jean Charest qui avait dit un jour qu’il ne s’attendait à rien des éditoriaux du Globe and Mail parce qu’ils avaient refusé de dénoncer une journaliste qui avait associé la Loi 101 aux évènements de Dawson, mon niveau d’attente au niveau des commentateurs du Canada anglais est très bas. Alors, je ne suis pas déçu. Je suis intéressé par contre de voir le niveau d’adhésion à notre proposition dans l’opinion publique canadienne anglaise, elle est, en fait, plus importante que chez les anglo-montréalais. C’est intéressant. Monsieur Lisée, vous parlez de la France dans ce débat-là. Est-ce que vous êtes d’accord, avec Madame Marois, pour dire que la France est un modèle d’intégration des immigrants, en particulier les maghrébins ? Je pense que chaque société a à trouver sa voie. La France travaille encore sur sa voie, les autres travaillent encore sur leur voie et le Québec travaille sur sa voie. Il est vrai, comme l’un de vos collègues le notait dans un quotidien anglophone hier, que la tradition républicaine française fait partie aussi de notre terreau de discussion de principe et on est plus ouvert à cette influence-là que le reste du Canada ou le reste du continent, ça fait partie de notre tradition intellectuelle mais, c’est pas du copier-coller. Ce serait une erreur pour qui que ce soit de faire du copier-coller, ce serait une erreur pour le Canada de faire du copier-coller avec ce que nous sommes en train de faire ici. Monsieur Lisée je veux juste avoir votre avis sur la perception de votre gouvernement. Le principe de neutralité de l’État porte habituellement sur les politiques qu’il adopte, sur les gestes qu’il pose, sur sa façon de se comporter avec ses citoyens. Habituellement la neutralité de l’état se mesure selon ce type de critères. On a un peu l’impression que vous associez, avec ce projet de loi, la neutralité de l’état et la neutralité de ses individus dans le sens où le fait de porter un signe signifierait une forme de prosélytisme. Est-ce que c’est ça votre façon de voir la chose et, si ce n’est pas le cas, en quoi est-ce que le fait de porter un signe religieux porte atteinte à la neutralité de l’état si le service est rendu dans les normes. Alors, ce n’est pas du prosélytisme d’afficher sa conviction religieuse, c’est afficher sa conviction religieuse. Mais c’est dire quelque chose, c’est afficher un sens. Il y a un signe, il y a un sens. Je vous dirais, en quoi est-ce que porter un logo du Parti libéral du Canada en délivrant des permis de conduire si le service est bien rendu, en quoi ça porte atteinte à la neutralité de l’état? Je vous dirais, c’est sûr que ça porte atteinte, parce que c’est partisan. D’accord, Greenpeace. Si moi je suis contre Greenpeace et que le gars a le macaron de Greenpeace. L’état s’affiche par ses institutions, par ses politiques et par les personnes qui la représente. Vous dites que habituellement, ce n’est pas le cas. Habituellement, ce n’est pas le cas au Canada, mais ce n’est pas vrai ailleurs. Chaque société prend sa décision et chaque société a raison de prendre sa décision en fonction des valeurs qui lui importent. Je dirais, plus avant, que la raison pour laquelle la question des signes religieux est si importante, y compris dans les études d’opinion, où la réaction positive est la plus visible, c’est que ça fait partie de l’histoire récente du Québec. L’abandon des signes religieux par la majorité fait partie de notre histoire récente, de notre vie. Donc, pour nous, de tradition catholique et chrétienne, ça fait partie du renoncement que nous avons fait collectivement, au nom de la neutralité de l’État et donc ça porte un symbole plus fort sur le présent et l’avenir du fait de notre expérience collective.
Posted on: Sat, 21 Sep 2013 16:19:50 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015