Y aura t-il un véritable coup de balai à la Sécurité d’État? Nous venons dapprendre que le Président de la République a nommé un nouveau Directeur à la tête de la Sécurité d’État du Mali. Il faut supprimer la Sécurité d’Etat et la remplacer par une structure plus professionnelle et plus efficace, avec des cadres compétents qui ont une conscience morale et une épaisseur éthique. De plus en plus de voix s’élèvent contre les pratiques de la Sécurité d’Etat au Mali. L’interpellation musclée du Docteur Oumar Mariko et le traitement dégradant qu’il a subi, celui de notre confrère Boukary Daou du « Républicain » apportent une lumière crue sur les méthodes d’inquisition et de terreur que ce service exerce contre ses opposants ainsi que les nombreuses scènes de rodéo dont il s’illustre tristement de la période noire du CMLN –UDPM à la troisième République dite « République Démocratique ». Ce sont des hommes invisibles, tout-puissants, omniscients et omnipotents qui agissent en dehors de tout contrôle démocratique, de jour comme de nuit, en coordination avec tous les organes de sécurité et les services judiciaires de l’Etat pour contrer les menées subversives, les actions de déstabilisation de l’Etat, l’espionnage (qu’il soit scientifique ou militaire), le terrorisme, bref, tout ce qui est de nature à attenter à la sécurité de l’Etat, à créer le chaos et le désordre et à constituer une sérieuse menace à l’unité nationale. C’est la raison pour laquelle ces hommes de l’ombre disposent de tous les moyens humains, financiers et logistiques pour réussir leur mission à savoir, disposer de renseignements nécessaires pour apprécier la situation, entreprendre des actions de prévention, adopter une démarche scientifique et structurée pour évaluer les menaces intérieures et extérieures qui pèsent sur l’Etat et les moyens à mettre en œuvre pour l’enrayer efficacement. Cependant, pour avoir bénéficié longtemps d’une très large liberté d’action au nom de la « raison d’Etat », la Sécurité d’Etat au Mali s’est transformée progressivement en un instrument de terreur, une arme de chantage et de manipulation entre les mains d’une minorité exploiteuse et corrompue, un moyen d’influence et de mystification des citoyens, une machine à fabriquer le mensonge et la délation pour discréditer les hommes politiques , les intellectuels et syndicalistes qui rament à contre courant du mouvement général de trahison des intérêts de notre pays. Cette Sécurité d’Etat a été incapable de prévenir les menaces qui planaient sur le pays : L’invasion du Nord du Mali par les djihadistes, les ravages de la drogue. A cet effet, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le blanchiment a largement démontré les complicités entre les trafiquants et les cercles du pouvoir. Des tonnes de drogue ont transité dans notre pays et les trafiquants ont bénéficié de l’impunité totale du pouvoir et beaucoup de proches de l’ancien Président ATT sont soupçonnés d’en être les bénéficiaires. Qu’a fait la Sécurité d’Etat ? Quelles sont les conclusions de l’enquête qu’elle a menée à propos « d’Air-Cocaïne » ? Pourquoi elle garde un silence assourdissant sur cette affaire qui a porté un sérieux coup à la sécurité nationale du Mali ? A-t-elle vu venir l’attaque de Konnan ? L’opacité qui a toujours entouré ses actions tend à créer en permanence une source d’insécurité pour les citoyens. Aussi, il devient de plus en plus insupportable de nos jours que ce service continue à opérer dans l’impunité la plus totale! Parce que dans un régime démocratique, les services de renseignement doivent s’efforcer d’être efficaces, politiquement neutres. Ils doivent adhérer à une éthique professionnelle et opérer dans le cadre de mandats légaux, conformément aux normes, pratiques constitutionnelles, légales et démocratiques. Mais cette démarche de changement notable dans la pratique et la conduite de la Sécurité d’Etat ne peut pas se faire en dehors d’une réforme en profondeur de l’Etat national.
Posted on: Sun, 20 Oct 2013 18:22:43 +0000
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