YA BELAREDJ ! Il leva les yeux vers le ciel. Couleur azur, été - TopicsExpress



          

YA BELAREDJ ! Il leva les yeux vers le ciel. Couleur azur, été oblige, seuls quelques minces nuages grisâtres semblaient perdus dans l’immensité incommensurable. Pieds joints et les bras croisés tel un bonze, il était dans le nid de deux cigognes, qui dérangées par son intrusion, virevoltaient au loin. Il se sentait fondre avec les brindilles. Ils n’en faisaient qu’un. Plus loin, sur un autre poteau, des agents de la Sonelgaz s’affairaient à la hâte à démêler des câbles électriques et en bas, la foule grossissante s’agglutinait autour du poteau sur lequel il était niché. C’est à la sortie d’une audience avec le wali qu’il avait couru, les jambes au cou, le cœur brisé, avec l’idée fixe de s’élever. Haut, très haut. Au passage d’une mosquée, il avait pensé un instant au minaret mais très vite il en avait évacué l’idée. Un poteau électrique, c’est mieux. Plus vivant. Ça transporte de l’énergie et à son sommet se nidifie la vie. Il ne sut comment il avait grimpé au sommet ni comment il avait évité de se faire griller. Hospitaliers, les deux cigognes lui avaient généreusement cédé leur gite. Lui qui n’en possédait pas. Mais maintenant, il était apaisé, serein et puissant. D’une puissance d’un phallus en érection. Soudain, un silence forcé se fit entendre d’en bas. Des policiers, la matraque aux poings, firent le vide autour du poteau et une voix métallique s’éleva à lui. Une silhouette maculée de blanc et à la barbe tombante lui demandait de ne pas commettre le péché capital. Puis le porte –voix changeait de mains, d’autre voix métalliques avec des intonations différentes lui parvenaient, mais se ressemblaient toutes. Alias « El Allouche », alias « Biftaka » … tous voulaient connaitre ses revendications. Mais lui, il était ailleurs, au dessus de la conscience, de toutes les consciences. Il n’en avait cure de dieu et de ses hommes. Il planait dans le bonheur. La joie le transportait au-delà des limites des cieux. Toutes les souffrances endurées depuis des lustres s’étaient estompées comme par enchantement dès qu’il s’était invité sans façons chez les cigognes. A présent, il était heureux. Généreux, il voulu partager ce moment avec ceux d’en bas. Du haut de son poteau, il se releva et se mit debout. En bas, le silence se fit, sidéral. Lentement, il coulissa sa braguette et sortit sa lance. Et d’une voix haute et joyeuse il entonna simplement : « Ya Belaredj, ya touil el gayma… »
Posted on: Mon, 24 Jun 2013 15:13:00 +0000

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