jeudi 29 août 2013 A la Une: le saut vers l’inconnu… Écouter (07:07) Ajouter à ma playlist Télécharger Embed Par Frédéric Couteau Les journaux continuent de douter ce matin du bien fondé d’une intervention occidentale en Syrie qui se précise de plus en plus. « Le doigt sur la gâchette », constate Le Midi Libre. « Le compte à rebours », renchérit La Provence. « Syrie : cibles choisies », lance Sud Ouest. Toutefois, Le Figaro ou encore Le Parisien dénoncent en première page une opération « à hauts risques ». « Les conséquences sont déjà prévisibles, relève Le Figaro. Quelques tirs de missiles n’éclairciront certainement pas le paysage, même s’ils venaient à bout d’Assad lui-même. Ils mettront plus sûrement le feu aux poudres dans une région où la haine ne demande qu’à s’exprimer. » Et Le Figaro de préciser : « l’Iran et le Hezbollah libanais, alliés de la Syrie, redoubleront d’ardeur pour fourbir leurs armes. Le face-à-face entre chiites et sunnites ne fera que s’exacerber. Cible privilégiée de ses voisins, Israël trouvera là toutes les raisons de passer à l’action. Les chrétiens du Moyen-Orient, minorité déjà délaissée, seront davantage encore les ennemis à abattre. Quant aux ressortissants américains, britanniques et français, ils seront partout en danger, sous la menace d’attentats. » « Mettre un orteil dans ce nid de frelons présente des risques majeurs, renchérit Le Républicain Lorrain. A commencer par une extension du conflit au reste du Proche-Orient. Les deux attentats commis récemment au Liban montrent la fragilité du pays, à la merci du Hezbollah. Et les milliers de morts enregistrés depuis le début de l’année en Irak témoignent de la volonté des sous-traitants d’Al-Qaïda de souffler sur les braises du conflit confessionnel. » « Syrie : ce conflit qui devient le nôtre ? », s’interroge La Croix. « Depuis 2012, la Syrie est devenue le principal théâtre d’un conflit régional qui oppose indirectement l’Iran et l’Arabie saoudite. Cette lutte s’alimente de rivalités religieuses, Téhéran activant les communautés musulmanes chiites, Riyad se posant en défenseur de l’islam sunnite. L’affrontement manifeste le regain d’une violente tension interne à l’islam, qui a existé depuis les origines. » Et La Croix de s’interroger, donc : « Qu’iraient donc faire les Occidentaux dans une telle guerre ? Leur souci d’imposer la paix et de défendre les droits de l’homme devrait les conduire à privilégier la négociation à l’action militaire. » Justement, L’Humanité continue d’appeler à un règlement politique du conflit : « L’utilisation d’armes chimiques est le signe terrifiant que la logique de guerre, de lutte à mort pour le pouvoir, a désormais aboli toutes les limites de l’inhumanité. Mais, en bombardant la Syrie, les dirigeants américains, français et britanniques ajouteraient la guerre à la guerre, et éloigneraient encore davantage la possibilité de règlement politique démocratique, que réclament de nombreuses personnalités de l’opposition syrienne, hostiles à toutes les dictatures tant militaires que théocratiques. Or c’est la seule issue à la crise, estime le quotidien communiste. Les bombes n’ont jamais fait un règlement politique. » Compte à rebours enclenché En tout cas, les dés sont désormais jetés… C’est ce que constate La Nouvelle République du Centre-ouest : « On voit mal désormais, ce qui empêcherait la coalition qui s’est agglomérée autour des États-Unis de passer à l’action. Trop d’indices concordent qui permettent de penser qu’une série de frappes aériennes ciblées viendra dans les jours, (ou les heures ?) qui viennent, détruire la logistique qui a permis au régime de Bachar al-Assad de lancer des obus et des missiles remplis de gaz sarin sur des femmes et des enfants de son peuple. Trop de gestes ont été accomplis, relève encore La Nouvelle République du Centre-ouest, trop de gesticulations guerrières ont été données en pâture au public du monde entier, pour qu’on imagine Washington, Londres et Paris faire machine arrière. Advienne donc que pourra. » Et finalement, constate L’Est Républicain, « la conscience internationale à laquelle Russes et Chinois sont hermétiques, nous conduit à faire un feu asymétrique. Sans assumer clairement au corps à corps comme la France au Mali. Et c’est sans doute ici la plus grande ambiguïté, relève le journal, le prix d’une bonne conscience qui nous projette vers l’inconnu. » Les frappes ne seraient donc qu’une question de jours ou même d’heures… Libération avance quelques hypothèses : « Des frappes très ciblées sur un temps court, par exemple 48 heures. Il ne s’agit pas de faire tomber le régime, ni même de créer un nouveau rapport de forces sur le terrain. Les centres de commandement et les systèmes de défense anti-aériens seront ciblés, croit savoir le journal, ainsi que des piliers du système de répression, comme les centres des divers services de renseignement ou les casernes des troupes d’élite. Les frappes toucheront aussi probablement des bâtiments symboles du pouvoir, peut-être y compris le siège de la présidence – si on est sûr que Bachar al-Assad n’y est pas –, afin de rendre encore plus explicite l’avertissement au chef d’Etat syrien. » Qui plus, poursuit Libération, « il faut aussi déterminer le moment le plus opportun alors même que, mardi et mercredi prochain, les dirigeants américains, français et britanniques seront à Saint-Pétersbourg face aux Russes pour un G20 qui sera dominé par la question syrienne. » Enfin qu’en pensent les Français ? Réponse avec ce sondage Ifop publié par Le Figaro : « une large partie de l’opinion (59%) ne souhaite pas que la France s’engage militairement en Syrie. » Fusion suspecte ! A la Une de Libération : « les élus du nucléaire ». Libération, qui s’appuie sur un rapport de Greenpeace, a enquêté « sur les accointances de certains députés avec les grandes entreprises du secteur de l’énergie. » Et le journal a trouvé bien « des atomes crochus, quand ce ne sont pas des relations consanguines. » Visés par le journal : une trentaine de députés, sénateurs de droite comme de gauche ou même des ministres, comme Arnaud Montebourg ou encore Bernard Cazeneuve. « Tous ont dans leur circonscription des centrales, des unités de retraitement ou des usines liées au nucléaire et grandes pourvoyeuses d’emplois et de juteux impôts locaux. Une carte électorale qui recoupe la carte de l’atome en France. » Toujours selon Libération, ces parlementaires seraient « les vrais décideurs de la politique énergétique française. Ils monopolisent les commissions parlementaires, rédigent les rapports du Sénat et de l’Assemblée et sont devenus des experts hégémoniques de l’énergie au sein de leur parti. Une confusion des rôles qui empêche une véritable réflexion sur la transition énergétique ou le recours aux ressources renouvelables. Autant de dangereux courts-circuits. » Des profs déconsidérés… Enfin, cette enquête du Parisien à quelques jours de la rentrée scolaire : les profs ont besoin d’amour… « Les profs, beaucoup de gens les aiment, relève Le Parisien. Mais le drame, c’est qu’ils ne le savent pas. » Le Parisien qui s’appuie sur une enquête menée à l’initiative de l’assureur Maif, selon laquelle « plus de la moitié des enseignants de moins de 35 ans éprouvent un sentiment de “frustration” face à leur métier. (…) Attention, il ne s’agit pas de découragement, précise le journal. Les professeurs sont dans des valeurs d’action. D’ailleurs, 40 % se disent aussi enthousiastes. Mais ils souffrent d’un manque de reconnaissance : ils travaillent beaucoup et ne retrouvent pas leur investissement dans le regard des autres. » Manque de reconnaissance mais aussi manque de moyens et de rémunération, souligne encore Le Parisien, avec « un salaire en berne depuis plusieurs années. » tags : France - Revue de presse - Syrie Fiche Pays :
Posted on: Thu, 29 Aug 2013 19:21:39 +0000