le 27 Septembre 2013 Pascale Delecluse: «Mettre les décideurs - TopicsExpress



          

le 27 Septembre 2013 Pascale Delecluse: «Mettre les décideurs politiques face à leur responsabilité» Directrice adjointe de la recherche à Météo France, Pascale Delecluse a participé aux travaux du groupeI du Giec. Pour elle, cette cinquième version marque un nouveau progrès de notre compréhension du climat. Le cinquième rapport d’évaluation du Giec se distingue par une nouvelle approche de modélisation des scénarios. En quoi consiste-t-elle? Pascale Delecluse. Lors des précédents rapports, la démarche se passait en deux temps. D’abord, les économistes construisaient diverses hypothèses de développement, envisageant une variété de choix énergétiques et économiques ou d’évolution démographique. Chaque trajectoire était ensuite traduite en émissions de gaz à effet de serre (GES). C’est à partir de ces éléments que les climatologues élaboraient leurs modèles de projection: on appelait cela l’approche séquentielle. Elle comportait plusieurs biais, à commencer par le fait que les climatologues devaient attendre que les économistes achèvent leurs travaux pour entamer les leurs. La traduction du niveau des émissions de GES en niveau de concentration, puis en forçage radiatif (bilan entre l’énergie reçue et celle émise par la terre déterminant le niveau de réchauffement) ajoutait des sources de divergence. La communauté scientifique s’est donc mise d’accord pour travailler simultanément. Nous avons établi plusieurs hypothèses de forçage, dépendantes des concentrations en gaz à effet de serre, appelée profils représentatifs d’évolution des concentrations (profils RCP, pour representative concentration pathways). À partir de là, climatologues et économistes ont travaillé parallèlement aux scénarios. Quel est l’intérêt de cette approche? Pascale Delecluse. Outre gagner du temps, elle permet de mettre plus clairement les décideurs politiques face à leur responsabilité: jusqu’alors, le niveau de forçage à partir duquel les climatologues travaillaient dépendait des comportements socio-économiques qui sous-tendaient les scénarios. Aujourd’hui, c’est le forçage qui est le point d’entrée. On le fixe d’emblée comme limite à atteindre, limite en fonction de laquelle on calcule d’une part l’impact qu’elle induit sur le climat et l’environnement et, d’autre part, les politiques à mettre en œuvre pour ne pas la dépasser. La démarche RCP réaffirme ainsi que le choix des trajectoires de développement appartient aux décideurs et, non pas au Giec lequel n’est pas prescripteur en la matière. C’est également une façon de donner plus de place aux politiques d’adaptation. Ce cinquième rapport avance des modélisations à plus courte échéance et à partir d’échelles régionales. Cela peut-il aider la décision politique? Pascale Delecluse. Le rapport cherche effectivement à éclairer sur ce que seront les impacts du réchauffement à l’échelle des régions et à plus court terme. Cela dit, il révèle plus d’incertitudes que l’inverse. Les «bruits», à petite échelle, sont bien plus nombreux. Quand un nuage passe au-dessus de votre tête, vous ressentez une température plus fraîche que ne l’annonce la météo pour la journée. Il en va de même pour le climat: on peut envisager une hausse globale de la température de 4°C à l’échelle d’un pays, cela ne veut pas dire que ce sera vrai dans toutes les régions. Il faut tenir compte des singularités locales. La grande nouveauté, en revanche, c’est que les équipes qui, jusqu’alors, travaillaient séparément se sont cette fois coordonnées pour construire leurs projections régionales à partir de bases communes. Au final, qu’est-ce que le rapport nous apprend de neuf? Pascale Delecluse. Il n’avance pas de découverte majeure. En revanche, il marque une progression dans ce que nous comprenons du climat. Comment se comportent les océans, les sols, les phénomènes atmosphériques… Tous les champs de la recherche ont progressé. Nous savons mieux déterminer si tel ou tel phénomène est le fruit du réchauffement ou non. Mais il ouvre également sur de nouvelles incertitudes, entre autres celles portant sur l’effet global des aérosols. Un des enjeux à venir sera de pousser les recherches afin d’en connaître plus précisément la quantité et les impacts. Sur les quatre scénarios présentés, un seul permet de tenir la barre des 2°C. Réaliste? Pascale Delecluse. Ce scénario indique que, pour limiter le réchauffement global des températures à 2°C, il faudrait non seulement réduire dès à présent nos émissions de GES mais également trouver les moyens techniques de faire baisser le niveau de ceux déjà présents dans l’atmosphère. En d’autres termes, il nécessite de faire appel à la géo-ingénierie. Or, celle-ci soulève beaucoup de questions. Il convient d’être prudent et de mener les études adéquates avant de prendre des décisions sur ce type de procédés.
Posted on: Mon, 30 Sep 2013 05:44:12 +0000

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