voici le choeur ailé des illustres danseuses !... L’air - TopicsExpress



          

voici le choeur ailé des illustres danseuses !... L’air résonne et bourdonne des présages de l’orchestique !... Toutes les torches se réveillent... Le murmure des dormeurs se transforme ;... Voyez-moi cette troupe mi-légère, mi-solennelle ! — Elles entrent comme des âmes ! … Regardez-moi plutôt ces bras et ces jambes innombrables !... Quelques femmes font mille choses. Mille flambeaux, mille péristyles éphémères, des treilles, des colonnes... Les images se fondent, s’évanouissent... C’est un bosquet aux belles branches tout agitées par les brises de la musique ! Est-il rêve, , qui signifie plus de tourments, et plus de dangereuses altérations de nos esprits ? je rêve... Je rêve à la douceur, multipliée indéfiniment par elle-même, de ces rencontres, et de ces échanges de formes de vierges. Je rêve à ces contacts inexprimables qui se produisent dans l’âme, entre les temps, entre les blancheurs et les passes de ces membres en mesure, et les accents de cette sourde symphonie sur laquelle toutes choses semblent peintes et portées... Je respire, comme une odeur muscate et composée, ce mélange de filles charmeresses ; et ma présence s’égare dans ce dédale de grâces, où chacune se perd avec une compagne, et se retrouve avec une autre. Qu’il est pur, qu’il est gracieux, ce petit temple rosé et rond qu’elles composent maintenant, et qui tourne lentement comme la nuit !... Il se dissipe en jeune filles, les tuniques s’envolent, et les dieux semblent changer d’idée !... L’une, de corail rosé, et curieusement ployée, souffle dans un énorme coquillage. ... Elle semble d’abord, de ses pas pleins d’esprit, effacer de la terre toute fatigue, et toute sottise... Et voici qu’elle se fait une demeure un peu au-dessus des choses, et l’on dirait qu’elle s’arrange un nid dans ses bras blancs... Mais, à présent, ne croirait-on pas qu’elle se tisse de ses pieds un tapis indéfinissable de sensations ?... Elle croise, elle décroise, elle trame la terre avec la durée... Ô le charmant ouvrage, le travail très précieux de ses orteils intelligents qui attaquent, qui esquivent, qui nouent et qui dénouent, qui se pourchassent, qui s’envolent !... Qu’ils sont habiles, qu’ils sont vifs, ces purs ouvriers des délices du temps perdu !... Ces deux pieds babillent entre eux, et se querellent comme des colombes !... Le même point du sol les fait se disputer comme pour un grain !... Ils s’emportent ensemble, et se choquent dans l’air, encore !... Par les Muses, jamais pieds n’ont fait à mes lèvres plus d’envie ! Oh ! Jouissons encore un peu, naïvement, de ces beaux actes... A droite, à gauche ; en avant, en arrière ; et vers le haut et vers le bas, elle semble offrir des présents, des parfums, de l’encens, des baisers, et sa vie elle-même, à tous les points de la sphère, et aux pôles de l’univers...Elle trace des rosés, des entrelacs, des étoiles de mouvement, et de magiques enceintes... Elle bondit hors des cercles à peine fermés... Elle bondit et court après des fantômes !... Elle cueille une fleur, qui n’est aussitôt qu’un sourire !... Oh ! comme elle proteste de son inexistence par une légèreté inépuisable !... Elle s’égare au milieu des sons, elle se reprend à un fil... C’est la flûte secourable qui l’a sauvée ! Ô mélodie !... N’est-elle pas l’âme des fables, et l’échappée de toutes les portes de la vie N’est-elle pas soudain une véritable vague de la mer ? — Tantôt plus lourde, tantôt plus légère que son corps, elle bondit, comme d’un roc heurtée ; elle retombe mollement... C’est l’onde ! Regarde, mais regarde !... Elle danse là-bas et donne aux yeux ce qu’ici tu essayes de nous dire... Elle fait voir l’instant... Ô quels joyaux elle traverse !... Elle jette ses gestes comme des scintillations !... Elle dérobe à la nature des attitudes impossibles, sous l’oeil même du Temps !... Il se laisse tromper... Elle traverse impunément l’absurde... Elle est divine dans l’instable, elle en fait don à nos regards !... Elle fuit son ombre dans les airs ! Son orteil qui la supporte tout entière frotte sur le sol comme le pouce sur le tambour. Quelle attention est dans ce doigt ; quelle volonté la roidit, et la maintient sur cette pointe!... Mais voici qu’elle tourne sur elle-même... Elle tourne, elle tourne... Elle tombe ! Elle est morte... Dieux ! Elle peut mourir... Regarde ce très petit sein qui ne demande qu’à vivre. Vois comme faiblement il palpite, suspendu au temps... Elle semble assez heureuse. Elle a dit : Que je suis bien ! Je ne sens rien. Je ne suis pas morte. Et pourtant, je ne suis pas vivante ! D’où reviens-tu ? Asile, asile, ô mon asile, ô Tourbillon ! — J’étais en toi, ô mouvement, en dehors de toutes les choses...
Posted on: Wed, 17 Jul 2013 04:18:56 +0000

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