À CONTRE-CHŒUR sur Israël Quant on discute d’Israël avec un - TopicsExpress



          

À CONTRE-CHŒUR sur Israël Quant on discute d’Israël avec un fanatique, un argument apparaît très vite : “Si vous viviez sur place, vous raisonneriez autrement.” En soi, cet argument ne vaut rien. Le fait d’être sur place n’a pas rendu les pieds-noirs particulièrement lucides. Mais, admettons cette objection du type Si vous étiez sur place. Nous pouvons alors conseiller à notre fanatique de lire A contre-chœur. Les voix dissidentes en Israël qui vient de paraître aux éditions Textuel. Ceux qui s’expriment dans ce recueil de textes sont des Israéliens. Ce sont eux qui dénoncent la torture, l’apartheid, le pogromes anti-Arabes, le terrorisme d’État, le pouvoir d’une junte, le filtrage de l’information par l’armée, les projets de déportation des populations arabes. L’un d’eux, à partir de la pratique consistant à marquer des Palestiniens au poignet, résume avec densité ce sidérant retournement de l’histoire. Il constate que les Juifs sont passés : « En soixante courtes années – de marqué et numéroté à marquant et numérotant. En soixante ans – d’enfermé dans les ghettos à enfermant. En soixante ans – de dépossédé à dépossédant. En soixante ans – de celui qui défile en colonne les mains en l’air, à celui qui fait défiler en colonne les mains en l’air. En soixante ans – d’humilié et discriminé sur la base de sa religion et de son origine, à celui qui humilie et discrimine sur la base de la religion et de l’origine. En soixante ans – d’écrasé au nom d’un nationalisme cruel, à celui qui écrase au nom d’un nationalisme cruel. En soixante ans – de victime d’une abjecte politique de déportation, au soutien de plus en plus enthousiaste d’une abjecte politique de déportation. » L’auteur conclut : « En tout et pour tout soixante ans, et nous n’avons rien appris. Rien intériorisé. Nous avons tout oublié. » Est-ce que mon fanatique va être convaincu ? Est-ce qu’il va seulement osciller sur ses bases ? J’en doute. On raconte au Mexique cette histoire. Une dévote vient prier la Vierge Marie pour qu’elle prenne en pitié son fils qui est borgne. Ils sont là, les yeux au ciel, dans une église où brûlent des milliers de cierges. La cire brûlante de l’un de ces cierges tombe dans l’œil valide du garçon et le détruit. La mère n’en prie qu’avec plus de dévotion : « Je vous remercie, Vierge Marie, parce que l’on se moque des borgnes, mais on ne se moque pas des aveugles. « Paul Desalmand. ______________ À contre-chœur. Les voix dissidentes en Israël, Collectif, Textuel, collection La Discorde, 2003, 24 €.
Posted on: Wed, 18 Sep 2013 12:02:44 +0000

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