À la différence des chefs d’établissement qui croient - TopicsExpress



          

À la différence des chefs d’établissement qui croient démontrer leur professionnalisme en pratiquant la « réunionite aiguë », phénomène national qui a induit dans le langage d’entreprise ce terme barbare pour désigner à la fois le fait d’organiser de trop nombreuses réunions et la perte d’efficacité qu’elles engendrent en empiétant sur le temps de travail effectif des personnes, le principal ou proviseur efficace s’en passe... Le « petit chef » aura d’autant plus tendance à les multiplier que son incompétence ne lui permet pas de résoudre les problèmes et qu’il se sent dépassé par les équipes divisées fonctionnellement et par projets. Est convaincu de solutionner un manque de communication (le sien !) en multipliant les réunions. Le problème est général dans l’Éduc et semble aller en s’aggravant. Vaste débat ! Revenons sur les cas de madame Michin et de mademoiselle Dupuis, susnommées, qui en sont d’inconditionnelles adeptes ! Allez zou, nouvelle note de service placardée le cinq avril dans la salle des profs : pendant deux mois, réunions tous les mercredis matins, de 8 h 30 à 12 h 30 sur des sujets aussi divers que le fonctionnement de la cantine, des études surveillées, des « travaux croisés », du règlement intérieur de l’établissement, du rôle du C.P.E, de la distribution et du renouvellement des manuels scolaires, des qualités pédagogiques requises pour être un « bon prof » (attention, certains vont en prendre pour leur grade, et pas forcément les bonnes personnes !), tutti quanti ! Évidemment que ces demi-journées ne vont pas être rétribuées, vous espériez quoi ? C’est l’Éduc, pas le Club Med ! Les arrivées en fanfare à 8 h 30 tapantes de Jean-Jacques, prof de français pourtant sur la sellette (le Pitbull tente de propager la rumeur qu’il est alcoolique et serait arrivé à deux reprises à moitié ivre en classe, bonjour les bruits de couloir !), provoquent l’hilarité générale ! ...Short de plage, chemise hawaïenne, tongs au pied, serviette de plage jetée sur l’épaule, il brandit une épuisette et un panier de pêche. Ah, il a quand même un stylo posé sur l’oreille droite comme les fumeurs et une feuille pour prendre des notes dans son épuisette ! C’est fort courageux de la part de ce souffre-douleur qui résiste aux pressions en pratiquant la dérision, et sa petite provocation est applaudie par toute l’assemblée... Car la grogne a gagné même les courtisans qui en ont plus que marre de se voir priver de huit demi-journées de temps libre pour des broutilles, comme la cantine qui ne les concerne pas ! Depuis des semaines, ça rouspète sec dans la salle des profs où tous, pour une fois, sont unanimement d’accord : là, c’est abuser ! Les seules à ne pas rigoler, ce sont le Pitbull et son adjointe – qui, elle, s’est réellement mise à picoler depuis quelques mois, maintenant que sa supérieure hiérarchique, après lui avoir fait risette les premiers mois (elle avait besoin d’une alliée) ne lui épargne guère ses sarcasmes et la tance vertement à la moindre erreur. Le règne de la terreur ! Bilan des courses : madame Méchante monte sur ses grands chevaux et somme Jean-Jacques de s’expliquer et de justifier ce crime de lèse-majesté ! Eh bien, c’est tout simple, répond-il avec un calme olympien. On est fin avril, il fait 28°, et j’ai l’habitude de profiter de la plage et de pratiquer la pêche sur les petites criques de Quimiac. Vous devriez tester, c’est fort agréable, cette matinée de loisirs ensoleillée ! Alors, comme vous ne nous laissez pas le choix, j’ai décidé de ne rien changer à mes habitudes... Si ma tenue ne vous convient pas, vous pouvez toujours décider de me rayer de la liste ! Chiche ?... Clap-clap ! Applaudissements réitérés par une assemblée enthousiaste, ravie de ce porte-parole inattendu.
Posted on: Thu, 19 Sep 2013 17:16:54 +0000

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