À une jeune veuve Jeune et charmant objet à qui pour son - TopicsExpress



          

À une jeune veuve Jeune et charmant objet à qui pour son partage Le ciel a prodigué les trésors les plus doux, Les grâces, la beauté, l’esprit, et le veuvage, Jouissez du rare avantage D’être sans préjugés, ainsi que sans époux ! Libre de ce double esclavage, Joignez à tous ces dons celui d’en faire usage ; Faites de votre lit le trône de l’Amour ; Qu’il ramène les Ris, bannis de votre cour Par la puissance maritale. Ah ! ce n’est pas au lit qu’un mari se signale : Il dort toute la nuit et gronde tout le jour ; Ou s’il arrive par merveille Que chez lui la nature éveille le désir, Attend-il qu’à son tour chez sa femme il s’éveille ? Non : sans aucun prélude il brusque le plaisir ; Il ne connaît point l’art d’animer ce qu’on aime, D’amener par degrés la volupté suprême : Le traître jouit seul… si pourtant c’est jouir. Loin de vous tous liens, fût-ce avec Plutus même ! L’Amour se chargera du soin de vous pourvoir. Vous n’avez jusqu’ici connu que le devoir, Le plaisir vous reste à connaître. Quel fortuné mortel y sera votre maître ! Ah ! lorsque, d’amour enivré, Dans le sein du plaisir il vous fera renaître, Lui-même trouvera qu’il l’avait ignoré. Voltaire, Épîtres, stances et odes
Posted on: Sat, 24 Aug 2013 15:21:01 +0000

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