Île-de-France : Le Direccte Laurent Vilboeuf dresse pour AEF le - TopicsExpress



          

Île-de-France : Le Direccte Laurent Vilboeuf dresse pour AEF le bilan de la politique de lemploi dans la région Laurent Vilboeuf, directeur régional des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de lemploi dIle-de-France© Direccte Ile-de-France Avec un taux de chômage de 9,1 % au premier trimestre 2013 contre 10,4 % sur lensemble de la métropole, lÎle-de-France connaît son taux « le plus élevé depuis le 3e trimestre 1999 », souligne le Direccte, Laurent Vilboeuf. Même si selon lui les chiffres mensuels des demandeurs demploi inscrits à Pôle emploi sont « à prendre avec des pincettes », la région voit leur nombre décroître plus rapidement que sur lensemble du territoire, avec -1,6 % en août pour les catégories A,B,C (contre -1,3 %) et une nette inflexion sur le trimestre sur lemploi des jeunes. À la tête de la Direccte depuis fin 2011, Laurent Vilboeuf fait le point pour AEF sur la stratégie régionale en faveur de lemploi et la mise en oeuvre des multiples dispositifs de la politique de lemploi. AEF : Quelles sont les spécificités du territoire francilien en matière demploi et comment les prenez-vous en compte? Laurent Vilboeuf : Le territoire francilien est dense, complexe, et à ce titre naturellement, il doit y avoir des lignes de force qui adaptent la politique nationale de lemploi aux territoires. En premier lieu, nous devons prendre en compte la dimension internationale de cette région, avec les zones aéroportuaires, véritables poumons économiques, et la notoriété de Paris et du Grand Paris. Et sous lautorité du préfet de région nous suivons ce grand projet sous langle emploi-RH, en mettant laccent sur les CDT (Contrats de développement territoriaux) et lémergence des clusters économiques : il faut anticiper les besoins en compétences, que ce soit pour le bâtiment, les travaux publics ou sur le volet énergie-climat. Trois CEP (Contrats détudes prospectives) ont donc été lancés pour identifier les besoins en compétences et les besoins de recrutement. Ensuite, il y a beaucoup de sièges sociaux en Île-de-France : 55 % des sièges des entreprises de plus de 1 000 salariés sont implantés ici. Il existe un « effet sièges » que lon observe notamment sur les PSE (Plans de sauvegarde de lemploi). De plus, nous avons ici des territoires à la fois très fragmentés et très poreux. Nous voyons que les mouvements de population salariée sont plus importants quailleurs, doù limportance de travailler autour de grands projets qui ont le niveau régional pour cadre. Mais ce territoire est aussi très contrasté avec des zones très riches et dautres très pauvres : le taux de chômage varie de 7,5 % dans les Yvelines à 13,2 % en Seine-Saint-Denis. Enfin, le territoire est très dynamique et il faut jouer sur ses atouts. Il faut développer les relations entre les filières qui recrutent et celles qui licencient. Cest le travail mené par exemple actuellement entre la filière automobile et les filières de laéronautique et de la mécanique. AEF : Où en est la région sur la mise en place des emplois davenir ? Laurent Vilboeuf : Au 16 octobre, nous étions à 7 300 emplois davenir, marchands et non marchands. Lobjectif étant à 14 000 pour 2013, il est clair que nous ne sommes pas encore en ligne par rapport à ce que nous devons faire. Néanmoins, ce qui est important, cest que le « diesel francilien » est aujourdhui en marche. Le rythme de prescription saccroît depuis la rentrée et nous avons actuellement, environ 350 prescriptions par semaine. Les acteurs sont aujourdhui mobilisés. Il faut cependant encore « desserrer » loffre demploi. Nous continuons à travailler avec les préfets de départements, nos unités territoriales, Pôle emploi et les missions locales pour contacter les collectivités qui ne se sont pas encore engagées. Il y a un fort potentiel, notamment si on regarde le nombre demplois davenir par rapport au nombre des collectivités franciliennes. AEF : Pourquoi les collectivités ne sont-elles pas entrées plus rapidement dans le dispositif ? Laurent Vilboeuf : Elles y entrent progressivement. Les collectivités territoriales ont une habitude de recrutement de contrats aidés avec les CUI-CAE. Il a fallu expliquer le nouveau dispositif, CDD de trois ans avec une obligation de formation. Sur ce dernier point, il a fallu que les mécanismes se mettent en place pour que loffre de formation soit adaptée. Concrètement, le CNFPT sadapte, même si le démarrage a été un peu plus lent que prévu. Le dernier facteur explicatif est celui du public : des jeunes non qualifiés, issus de ZUS, qui peuvent cumuler un certains nombre de difficultés pour accéder à lemploi mais qui révèlent très souvent un potentiel exceptionnel. Cela nécessite une ingénierie un peu plus compliquée au démarrage et les collectivités nen ont pas forcément lhabitude mais les parcours déjà bien engagés montrent que ça marche. AEF : De nombreuses aides territoriales viennent soutenir le dispositif… Laurent Vilboeuf : Il y a une très forte mobilisation des acteurs institutionnels sur le sujet. Il y a laide du conseil régional pour le recrutement en CDI dans les associations.. Il y a aussi laide sur le reste à payer de lARS pour un certain nombre détablissement, notamment dans le médico-social. Et il y a aussi les conseils généraux qui sengagent fortement. AEF : Quen est-il du secteur marchand ? Laurent Vilboeuf : À lorigine, le schéma dorientation régional était très fermé et compte tenu de la lenteur de mise en route du dispositif et de lurgence sur lemploi des jeunes, nous avons décidé douvrir largement le dispositif avec larrêté préfectoral de mai dernier. Il ny a pas deffets daubaine, car le secteur marchand nembauche pas ces jeunes-là en contrat dapprentissage, bien que ce soit lun de nos objectifs du COM [contrat dobjectif et de moyens] avec le conseil régional. Il existe des potentiels dans certaines branches. Le préfet de région a signé le 7 octobre dernier une convention avec la FRTP (Fédération régionale des travaux publics) pour lembauche de 100 jeunes en emplois davenir dici 2014 et de 1 000 jeunes en contrat de génération dici fin 2018, et ceci dans le cadre du Grand Paris. De plus, il y a des possibilités dans le secteur du sport ou encore autour de la réforme des rythmes scolaires avec dans ce cas, un enjeu de mutualisation entre les petites collectivités. AEF : Où en êtes-vous de vos objectifs concernant les autres contrats aidés, CAE dans le secteur non marchand et CIE dans le secteur marchand ? Laurent Vilboeuf : À ce stade, nous avons réalisé 62,25 % (soit 32 352 contrats) de lobjectif de programmation totale annuelle des CAE et 72,4 % de lobjectif annuel sur les CIE (5 786 contrats signés). Nous sommes un peu en dessous de la moyenne nationale, notamment sur les CAE. Cest dû au fait que, structurellement, sur le secteur non marchand, on a traditionnellement un peu plus de difficultés. Et nous avons également une enveloppe importante. Il faut donc continuer à travailler avec tous les partenaires. Lallongement de la durée moyenne des contrats aidés doit permettre aux personnes davoir plus de visibilité dans leur vie et de se remettre dans des parcours dinsertion durable. Et de ce point de vue, on a une réelle progression sur lallongement des contrats depuis juin. Par exemple, en septembre, sur un mois, la durée moyenne des conventions initiales est de 12,2 mois. Et on part de loin, puisquon était à 6,9 mois en juin 2012. En revanche, si on prend la moyenne de la durée des conventions initiales en cumulé sur lannée 2013, on atteint une moyenne de 9,3 mois fin juin. Mais ce quil faut retenir, cest que la consigne dallonger les CAE est suivie deffets en Île-de-France, après un temps de démarrage lié à limportance du volume des contrats existants. Il fallait aussi que les employeurs acceptent de signer des conventions initiales à 12 mois. Le fait est que ça marche bien. Cest un avantage énorme sur le fond puisque cela permet de déprécariser les personnes, mais, en contrepartie, cela va nécessiter quon mette encore plus laccent sur la recherche de nouveaux employeurs afin de desserrer létreinte sur le nombre doffres : plus on allonge la durée moins les renouvellements viennent vite. Il faut donc quon continue notre effort sur la prospection des offres demploi. AEF : Comment se déploie le dispositif des contrats de génération ? Laurent Vilboeuf : Je rappelle que le contrat de génération nest pas un dispositif daide à lemploi « classique » à proprement parler car il est concrètement à la main de lemployeur. On en est à 2 300 demandes daides en Île-de-France sur les 12 000 en France [près de 13 000 au 25 octobre]. Je parle de celles qui ont fait lobjet dune demande de financement à Pôle emploi, donc celles émanant des entreprises de moins de 300 salariés. Sur le sujet, nous avons pris plusieurs initiatives en Île-de-France. Nous avons diffusé de très nombreuses informations en direction des entreprises de moins de 50 salariés, pour combattre lidée que ce serait un dispositif complexe. Il ny a rien de plus simple que ce dispositif pour les petites entreprises et, au niveau du Smic avec les exonérations de charges conjuguées au CICE (crédit dimpôt compétitivité - emploi), cela fait baisser de 40 % le coût du travail. Cela a plutôt bien marché jusquà présent. De plus, cet été, nous avons identifié 17 000 entreprises qui avaient des apprentis dont le contrat arrivait à expiration dans les trois mois et nous leur avons indiqué quils pouvaient embaucher en contrat de génération. De même, nous avons écrit aux directeurs de CFA pour quils prévoient une information auprès des entreprises. Dans le cadre de la campagne en cours sur le contrat de professionnalisation, nous faisons le lien entre les deux dispositifs. Enfin, nous allons travailler sur la transmission dentreprise pour bien montrer que le contrat de génération correspond à une problématique identifiée : 50 000 emplois disparaissent chaque année dans des entreprises en bonne santé qui sont fermées chaque année faute de repreneurs AEF : Et dans les entreprises de plus de 300 qui devaient initialement conclure un accord ou transmettre un plan daction avant le 30 septembre ? Laurent Vilboeuf : Concrètement, on dénombre aujourdhui 900 accords et plans daction sur environ 2 200-2 300 entreprises de plus de 300 salariés en Île-de-France. Les accords arrivent en nombre important toutes les semaines. Nous sommes en train danalyser ces remontées et le message est clair : nous allons cibler les entreprises qui nont pas bougé jusquà présent. Les mises en demeure vont donc tomber et les entreprises auront entre un et quatre mois pour se mettre en conformité ; si tel nest pas le cas, il est clair quil y aura des sanctions financières. Mais les entreprises qui étaient engagées dans un processus de négociation pourront lachever comme la demandé le ministre. AEF : Emplois davenir, alternance, contrats de génération, emplois francs et garantie jeunes. Comment ces multiples dispositifs sarticulent-ils ? Laurent Vilboeuf. Un des enjeux pour nous était déviter que les emplois davenir « cannibalisent » lapprentissage, notamment. Cela na pas été le cas car nous ne sommes pas sur les mêmes publics ni sur les mêmes employeurs. La question est plutôt darticuler les dispositifs dans une logique de parcours. Les dispositifs expérimentaux sont dune autre nature. Les emplois francs montent tranquillement en puissance et nous pensons quils sont complémentaires car ils concernent aussi les jeunes diplômés résidant dans les ZUS. Quand les missions locales et Pôle emploi sadressent aux entreprises, ils présentent un « bouquet de dispositifs » : la solution passe par différents types de contrats. Cest peut-être tout cela qui fait que nous observons aujourdhui une baisse du chômage des jeunes, même sil faut rester modeste sur le sujet. AEF. Avec la loi du 14 juin dernier sur la sécurisation de lemploi, la place de ladministration a changé dans la gestion des PSE. Comment cela se passe-t-il ? Laurent Vilboeuf : Avant toute chose, il faut dire que lÎle-de-France est la région qui concentre la moitié des traitements des PSE dans le cadre de la nouvelle législation : cest leffet « sièges sociaux » dont je parlais tout à lheure. Au total, nous avons traité près de 40 % des PSE de France, avec les règles de la loi du 14 juin 2013. Nous avons peu de refus dhomologation, 4 ou 5 qui se sont terminés avec des entreprises qui ont repris leur projet pour le refaire. Depuis longtemps, les services déconcentrés du ministère du Travail ont un savoir-faire sur laccompagnement et le suivi des PSE. Ce qui change aujourdhui, cest évidemment le poids de lhomologation des plans unilatéraux ou de la validation des accords majoritaires, car les délais sont assez courts : 15 jours pour la validation et 21 jours pour lhomologation. Nous avons réussi à faire passer le message, tant auprès des administrateurs et mandataires liquidateurs judiciaires que nous avons réunis fin septembre, quauprès des entreprises, que dès lors quune négociation sengage, ils doivent nous prévenir. Nous leur communiquons alors les coordonnées dun contact dans une Unité territoriale. Quand nous incitons les entreprises, les partenaires sociaux et administrateurs judiciaires à nous contacter, ils le font. Nous réussissons à faire passer le message de fond pour quils ouvrent des négociations. Je rappelle que le contrôle portant sur laccord majoritaire est plus restreint que sur un plan unilatéral, même si nous restons évidemment très vigilants sur déventuels dispositions contraires à lordre public. Je prends toujours lexemple typique dun accord majoritaire qui ne comprendrait que des indemnités de départ ou qui ne ciblerait quune catégorie de personnel à raison de lâge par exemple ; là, on intervient. AEF. De même, lactivité partielle a connu dimportantes modifications en vue de simplifier son accès. Voit-on aujourdhui une montée en puissance de lactivité partielle ? Laurent Vilboeuf : Lanalyse des chiffres de lactivité partielle est toujours ambiguë : sil y a plus dheures indemnisées, est-ce une franche réussite parce que le dispositif est mieux connu ou est-ce parce que lactivité se dégrade ? Quoi quil en soit, au 30 septembre, nous avons dénombré 5,66 millions dheures dactivité partielle autorisée et il y a eu une augmentation de 17 % du nombre dheures consommées par rapport à septembre 2012, cest-à-dire 1,368 million dheures. En Île-de-France, nous avons mené des actions sur lactivité partielle avec des Opca. Dès lors que nous avons connaissance dactivité partielle dans des entreprises, nous contactons ces Opca pour quils prennent contact avec ces entreprises et proposent de mettre en place des actions de formation. Nous essayons de généraliser cette pratique avec tous les Opca. Nous multiplions les informations sur le dispositif, car il reste là aussi des marges de manœuvre. AEF. Le projet du « Ministère fort », actuellement en discussion, est censé préciser les contours du service public de lemploi local. En quoi est-ce aujourdhui nécessaire? Laurent Vilboeuf : Cest normal de le faire parce que le contexte change. Avec la nouvelle étape de la décentralisation, nous devons redéfinir le rôle de chacun : lemploi à lÉtat et la formation aux régions et aux partenaires sociaux. Le cadre institutionnel évolue fortement. Le CCREFP va devenir une instance encore plus importante quaujourdhui, au sein de laquelle se déclinera le lien emploi-formation. En Île-de-France, nous avons dailleurs dexcellentes relations entre la Direccte, qui agit sous lautorité du préfet de région, et Pôle emploi, mais aussi avec les services du conseil régional et les partenaires sociaux. Quoi quil arrive, les relations avec Pôle emploi doivent ainsi rester très étroites. Par exemple, sur le dossier du Grand Paris, je ne me déplace pas sans Pôle emploi ! Nous travaillons donc ensemble, en « équipe projet » sur le territoire. AEF. Dans ce même projet de « Ministère fort », il est question de revoir certaines modalités de financement des actions… Laurent Vilboeuf : La DGEFP a annoncé la création dune ligne budgétaire « animation territoriale » avec quelques axes forts qui seront définis ultérieurement. Cela doit nous permettre de mieux accompagner des projets territoriaux et avoir plus de marges de manœuvre, même si, je le rappelle, largent nest pas tout… Il faut rester prudent sur le sujet car le projet nest pas encore totalement acté, mais lidée est de nous permettre davoir plus de souplesse pour intervenir et de nous adapter au mieux aux besoins des territoires. Entretien réalisé par Claire-Hélène Bouzgarrou et Jérôme Lepeytre jeudi 17 octobre 2013.
Posted on: Fri, 25 Oct 2013 16:44:49 +0000

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