105eme Anniversaire de la naissance du Cheik Said EL Bibani BOUTKEDJIRT: 11-11-1908 (Mouvement rĂ©formiste aux Bibans-Sid Brahim) La vie de Cheikh SaĂŻd El-Bibani I. Sa famille - Ses racines: Cheikh SaĂŻd El-Bibani est nĂ© le 11 Novembre 1908 Ă Sidi-Brahim, anciennement commune mixte des Bibans (DĂ©partement de Constantine). Sidi-Brahim est devenue une commune de la Wilaya de Bourdj Bou-Arreridj. Son pĂšre : Amar El-Mouloud, nĂ© prĂ©sumĂ© en 1876 (cf. Ă©tat matrimonial), fils de Mohamed El-Mouloud, fils de Hammou Ouamar, fils de Amar, fils de Mohammed Ouamar et, de Titouh Tassadit bent Hammou (dit Hammou Amechtouh ). Sa mĂšre : Bouaouina Fatima bent Ali, ben Mohamed, ben Yahia, ben Mohamed Ouamar, lâancĂȘtre commun aux trois familles : Boutkedjirt, Bouaouina et Belagoune et, de Bendifallah Adada, bent Mohammed Ou-Kichou. II. Lâenfance de Cheikh SaĂŻd : Ses parents venaient de sâĂ©tablir Ă lâemplacement actuel de la maison paternelle. Son pĂšre est agriculteur et Ă©leveur pour finir comme commerçant. Ils Ă©taient pauvres sans toutefois ĂȘtre misĂ©rables. Son pĂšre Amar El-Mouloud (cf. sa biographie) est un grand travailleur et trĂšs courageux. AidĂ© de son propre pĂšre, il a construit, petit Ă petit et pierre par pierre, sa maison et une situation honorable ce qui lui a permis de rĂ©aliser son rĂȘve : donner une instruction solide Ă ses enfants et ne pas compter sur eux pour les travaux des champs. De trĂšs bonne heure, lâenfant SaĂŻd est instruit Ă lâEcole Coranique de la Zaouia de Sidi-Brahim. Pour cela, son pĂšre lâa mis en pension chez une dame pieuse, la trĂšs honorable : Zouina Sidi-Salah (dite Zouina nâth SaĂŻd). Ses maĂźtres Ă lâEcole Coranique de Sidi-Brahim Ă©taient : Cheikh Hamimi Ouamar de la famille Belagoune et lâhonorable Cheikh SaĂŻd SaĂądouni (dit DaĂŻ OusaĂądoune). Ce dernier, a eu plusieurs enfants, tous instruits (des Cheikhs ou des Chouyoukh), dont lâun de ses jeunes enfants est Cheikh El-Arbi SaĂądoune, lequel a Ă©tĂ© par la suite un des Ă©lĂšves de Cheikh SaĂŻd (voir Ćuvre de Cheikh SaĂŻd). III. Ses Etudes : A lâĂąge de 14 ans, lâĂ©lĂšve SaĂŻd a dĂ©jĂ appris tout le Coran par cĆur. Son pĂšre a dĂ©cidĂ© de lâenvoyer dans une grande Zaouia dans la rĂ©gion dâAkbou qui se trouve Ă Oulahdhir (Il convient de noter quâĂ cette Ă©poque, lâenfant SaĂŻd a fait un sĂ©jour Ă Boudjelil, oĂč il a frĂ©quentĂ© une Ă©cole française. Cela lui a permis dâapprendre Ă lire et Ă Ă©crire le français. Par la suite, revenu au pays, câest la femme du Chef de Gare des Portes de Fer qui lâavait pris en charge). LĂ , il se donne aux diffĂ©rentes lectures du Coran (Al-Tadjouid). En mĂȘme temps, il Ă©tudie les sciences Coraniques : la Sira En-nabaouia, la thĂ©ologie, le droit musulman (Ech-chariĂąa), la langue arabe, lâarithmĂ©tique, lâastronomie, lâhistoire, la gĂ©ographie⊠La Zaouia Oulahdhir Ă©tait une vĂ©ritable petite universitĂ© (El-MaĂąmera). LâĂ©lĂšve sort de cette universitĂ© avec le titre de Cheikh et Imam. Durant son passage Ă cette Zaouia, Cheikh SaĂŻd a fait des sĂ©jours plus ou moins longs dans les Zaouiate de la rĂ©gion, comme Sidi Abderrahmane, Bou Daoud, etc⊠pour consolider ses connaissances. Les Ă©tudes Ă la Zaouia terminĂ©es, le jeune Cheikh rentre Ă la maison. AprĂšs un repos bien mĂ©ritĂ©, il dĂ©cide dâaller Ă Constantine. Sur son chemin, il a tentĂ© de rendre visite Ă Cheikh Benhamlaoui, propriĂ©taire de la Zaouia de Oued Seghane, dans la grande banlieue de Constantine. NaĂŻvement, il fait part au Cheikh de son intention dâaller frĂ©quenter les cours du Cheikh Abd-El-Hamid Ben Badis. Ben Hamlaoui lui propose de le garder chez lui. Cheikh SaĂŻd nâa pas pu refuser cette offre. Il sĂ©journe une quinzaine de jours dans des conditions insupportables. Le froid glacial de cette rĂ©gion, une nourriture trĂšs mauvaise et insuffisante et, pour le comble de tout, le soit-disant Cheikh ne donne pas de cours. Cheikh SaĂŻd tombe malade et rentre Ă la maison avec une mauvaise bronchite, frĂŽlant la tuberculose. Son pĂšre fait venir un mĂ©decin Ă la maison, ce qui est un exploit durant les annĂ©es 1930. Le docteur le plus prĂšs de chez nous se trouve Ă Maillot (Mâchedallah), un mĂ©decin de la colonisation. Le traitement de cette maladie a durĂ© plusieurs semaines, voir des mois. Cheikh SaĂŻd a beaucoup souffert de cette maladie, mais grĂące aux soins, de qualitĂ©, prodiguĂ©s par sa tendre mĂšre, le jeune Cheikh reprend progressivement des forces et guĂ©rit dĂ©finitivement de cette maladie. AprĂšs une longue convalescence, il est sollicitĂ© par les gens de Sidi-Brahim pour prendre la direction de la mosquĂ©e et de lâEcole Coranique. Ce quâil a acceptĂ© par devoir envers son peuple. Car il est de tradition que les enfants de Sidi-Brahim ayant terminĂ© les Ă©tudes doivent travailler gratuitement durant une bonne annĂ©e, Ă enseigner le Coran et diriger les priĂšres Ă la mosquĂ©e (Imam de la mosquĂ©e). IV. Ćuvre de Cheikh SaĂŻd : Pendant cette premiĂšre annĂ©e trĂšs laboureuse Cheikh SaĂŻd sâest honorablement acquittĂ© de cette charge sociale. TrĂšs contente de ses services, la population lâa suppliĂ© pour accepter de renouveler pour une deuxiĂšme annĂ©e son action moyennant une solde annuelle de 1000 Frs de lâĂ©poque. Cheikh SaĂŻd nâa pas pu refuser. La deuxiĂšme annĂ©e Ă©tait encore plus fructueuse que la premiĂšre. Ayant constatĂ© les rĂ©sultats obtenus, les habitants de Sidi-Brahim inscrivent massivement leurs enfants Ă lâEcole Coranique. Ceux qui habitent en dehors du village mettent en pension leurs enfants chez des parents demeurant prĂšs de la mosquĂ©e. Le nombre dâĂ©lĂšves est si important que Cheikh SaĂŻd a sollicitĂ© lâaide dâanciens Ă©lĂšves pour sâoccuper des plus jeunes. Pour dĂ©dommager ces derniers, il leur donne des cours de perfectionnement aprĂšs la classe. Le nombre des fidĂšles Ă la mosquĂ©e augmente progressivement. La salle des priĂšres est devenue trop exiguĂ« pour les contenir tous. Aussi, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© de lâagrandir. Cheikh SaĂŻd a modernisĂ© la mĂ©thode de lâenseignement Ă la MosquĂ©e. Pour ce faire, il a achetĂ© un tableau noir payĂ© de ses propres deniers. A cotĂ© de lâĂ©tude du Coran, il introduit lâĂ©tude dâautres disciplines comme la grammaire, la littĂ©rature, lâhistoire, la gĂ©ographie, le calcul, les chants patriotiques (Anachide El-Watania), lâĂ©ducation physique et mĂȘme El-Moudjadala pour confronter les connaissances de ses Ă©lĂšves. Pour sa formation personnelle, Cheikh SaĂŻd a contactĂ© un grand Mufti Ă la capitale, le cĂ©lĂšbre Cheikh El-Assimi, originaire de notre rĂ©gion pour lui donner des cours de perfectionnement par correspondance. TrĂšs gĂ©nĂ©reux, il fait profiter de ces cours, les anciens Ă©tudiants du village. Cheikh SaĂŻd se dĂ©place trĂšs souvent Ă Alger pour rencontrer son maĂźtre et dâautres Oulamas. TrĂšs souvent, il fait venir Ă Sidi-Brahim plusieurs Cheikhs et Oulama pour donner des confĂ©rences comme, par exemple, le Cheikh El-Mouloud El-Hafidhi, trĂšs cĂ©lĂšbre dans notre rĂ©gion. V. Premiers contacts avec Cheikh Tayeb El-Okbi En 1930, lâadministration coloniale française Ă cĂ©lĂ©brĂ© avec beaucoup dâĂ©clats le centenaire de la «ConquĂȘte de lâAlgĂ©rie ». Pour cela, elle a invitĂ© avec les personnalitĂ©s françaises, celles parmi les AlgĂ©riens qui la servaient comme les Ă©lus, les caĂŻds et autres administratifs. A Sidi-Brahim, le grand BachâAgha Chibane est invitĂ© Ă cette fĂȘte. A cette occasion le BachâAgha Ă invitĂ© Cheikh SaĂŻd pour lâaccompagner Ă Alger. Pendant que le BachâAgha se trouve Ă la fĂȘte, Cheikh SaĂŻd parcourt les rues de la capitale ; câĂ©tait sa premiĂšre visite Ă Alger. Soudain, il sâarrĂȘte devant un immeuble en face de la Place du Gouvernement, aujourdâhui Place des Martyrs. Sur une plaque, il lit. « Nadi At-Tarekki ». Il pĂ©nĂštre Ă lâintĂ©rieur; il se trouve devant un Alem donnant une confĂ©rence Ă ses fidĂšles. SâĂ©tait Cheikh Tayeb El-Okbi. Pour Cheikh SaĂŻd sâĂ©tait son premier contact avec les Oulama El-Mouslimine dâAlgĂ©rie. Le bon Dieu fait bien les choses : Le BachâAgha voulait montrer au jeune Taleb la puissance de la France. La providence le met en prĂ©sence de ceux qui la combattent avec leur savoir. Câest alors que Cheikh SaĂŻd choisit sa voie. Il veut aller Ă Constantine pour suivre les cours de Ech-Cheikh El- Imam Abd-El-Hamid Ben-Badis. Nous avons vu que sa premiĂšre expĂ©dition nâa pas abouti. Ce nâest que 4 Ă 5 annĂ©es plus tard quâil est allĂ© Ă Constantine en 1935. En effet son dĂ©sir sâest rĂ©alisĂ© aprĂšs son sĂ©jour Ă la Zaouia de Sidi-Brahim. AidĂ© par son pĂšre, il va Ă Constantine. AprĂšs un examen, son maĂźtre le Cheikh Benbadis lâinscrit en 3Ăšme annĂ©e. Il lui accorde donc lâĂ©quivalence de la 1Ăšre et la 2Ăšme annĂ©e. Au bout de deux annĂ©es dâĂ©tudes fructueuses, il termine ses Ă©tudes et retourne Ă la maison avec une attestation de fin dâĂ©tudes dĂ©livrĂ©e par Cheikh Benbadis lui mĂȘme. Il convient de noter, quâen 1936, aprĂšs sa premiĂšre annĂ©e de sĂ©jour Ă Constantine, Cheikh SaĂŻd emmĂšne avec lui son frĂšre Yahia et son neveu Mohammed-Arezki pour les inscrire dâabord Ă lâĂ©cole française et, plus tard, Ă lâInstitut de Benbadis. VI. DĂ©lĂ©gation de lâassociation des Oulama en France : A cette Ă©poque, lâassociation des Oulama avait dĂ©cidĂ© dâenvoyer une dĂ©lĂ©gation permanente en France, prĂ©cisĂ©ment Ă Paris. Cheikh SaĂŻd Ă©tait choisi pour cette mission parmi les meilleurs Ă©lĂšves de Benbadis. Cette dĂ©lĂ©gation Ă©tait prĂ©sidĂ©e par Cheikh El-Fodil El-Ouarthilani. Son action a durĂ© pendant deux ans, de 1937 Ă 1939, jusquâĂ la dĂ©claration de la 2Ăšme guerre mondiale. Les activitĂ©s de lâassociation Ă©taient stoppĂ©es. La plupart des Oulamas sont arrĂȘtĂ©s, emprisonnĂ©s, dĂ©portĂ©s ou mis en rĂ©sidence surveillĂ©e. LâactivitĂ© de la dĂ©lĂ©gation en France consiste Ă organiser les travailleurs AlgĂ©riens, Ă crĂ©er des sections pour lâassociation, Ă ouvrir des Ă©coles dâalphabĂ©tisation; le soir, aprĂšs les journĂ©es de travail, Ă multiplier des rĂ©unions de sensibilisation, surtout les dimanches et les jours fĂ©riĂ©s, Ă crĂ©er des associations culturelles etc⊠Cheikh SaĂŻd, pour sa part, a regroupĂ© les ouvriers originaires de notre rĂ©gion, en une association dĂ©nommĂ©e « Hayet El-Biban », une association politico-culturelle. La prĂ©sidence de cette association est confiĂ©e Ă Bendifallah Slimane ben ChĂ©rif, le secrĂ©tariat Ă Dilmi Mohammed SaĂŻd (ben Hammou SaĂŻd) tous deux originaires de Sidi-Brahim. Ils sont secondĂ©s dâautres Ă©lĂ©ments de la rĂ©gion de MĂ©djana. A la fin de lâĂ©tĂ© 1937, Cheikh SaĂŻd est rentrĂ© prĂ©cipitamment au pays. Son pĂšre griĂšvement malade a demandĂ© Ă le voir. Sa visite a durĂ©e quelques mois, jusquâĂ la guĂ©rison de son pĂšre. Il se marie Ă la fin de lâautomne pour la 3Ăšme fois et repart en France rejoindre son poste. Lâhiver arrive, le pĂšre rechute de sa maladie et meurt le 18 FĂ©vrier 1938. Cheikh SaĂŻd nâa pas assistĂ© aux funĂ©railles de son pĂšre. A son retour en France, il reprend ses activitĂ©s tout en consolidant lâAssociation « Hayet El-Biban ». Lâexistence de cette association a fortement mĂ©contentĂ© lâadministration au niveau de la commune mixte des Bibans. Câest pour cela que Cheikh SaĂŻd a eu beaucoup dâennuis Ă son retour au pays, surtout aprĂšs la dĂ©claration de la 2Ăšme guerre mondiale. Comme la plupart des dirigeants de lâassociation des Oulamas, on a voulu envoyer Cheikh SaĂŻd en prison ou dans un camps de concentration. Pour ce faire, lâadministration coloniale lui a confectionnĂ© un dossier comme communiste et prĂ©sentĂ© Ă la justice au niveau de Mansourah. Le juge, un brave homme dâorigine corse et trĂšs vieux, maintenu en activitĂ© Ă cause de la guerre, rendait visite Ă son prisonnier, surtout la nuit, pour discuter avec lui. Il sentait dĂ©jĂ que le dossier Ă©tait prĂ©fabriquĂ©. Un soir, sâapprochant du dĂ©tenu, il lui tient Ă peu prĂ© ce langage : « Oh jeune homme ! Je suis un vieil homme, jâentend trĂšs mal, surtout le soir, je nâentend rien du tout, vous pouvez parler ». Cheikh SaĂŻd a saisi cette opportunitĂ© et entame sa dĂ©fense en ces termes : « Monsieur le juge !. Vous savez que je ne suis pas communiste. Vous savez aussi que je suis un militant des Oulamas. Si vous devez me condamner, faites le, mais pour mon appartenance Ă lâAssociation des Oulamas. Câest la vĂ©ritĂ© et ce serait plus juste. A lâaudience, le juge admirant le courage et la sincĂ©ritĂ© dâEl-Bibani a prononcĂ© le non lieu et le prisonnier rejoint son domicile. VII. PĂ©riode coloniale sous le rĂ©gime de Vichy RentrĂ© Ă la maison, Cheikh SaĂŻd reprend la vie familiale paisible et routiniĂšre, une maniĂšre de se faire oublier. Il participe aux activitĂ©s agricoles et commerciales (il cultive son jardin). Cependant, il nâa aucunement nĂ©gligĂ© ses activitĂ©s culturelles. Il reçoit ses amis Ă tout moment. Il se rĂ©unit souvent en semi-clandestinitĂ© avec les militants de lâIslah, particuliĂšrement avec ceux quâil a formĂ©s en France et qui rĂ©sident dans les environs, Ă MâchĂ©dallah, Ă Cherfa, Ă Tazmalt, Ă Ighil-Ali, Ă Akbou, Ă ThĂ©niet El-Nasr, Ă Bordj Bou-Arreridj, Ă Mansourah, aux Bibans, etc⊠Cheikh SaĂŻd reprend son enseignement Ă la maison mĂȘme. Il reçoit ses anciens Ă©lĂšves de Sidi-Brahim et encourage lâenseignement dans les hameaux voisins : En-Nasr et El-Fath, câĂ©tait lâĂ©bauche de « Terbia wa TaĂąlim » quâil nâa pas tardĂ© Ă concrĂ©tiser avec des statuts reconnus. A Sidi-Brahim, il est trĂšs estimĂ© pour son savoir, sa culture, son humanisme et aussi pour ses bons conseils. Il est trĂšs souvent sollicitĂ© pour dĂ©mĂȘler les conflits sociaux entre les gens. Soit Ă Sidi-Brahim ou en dehors de la commune, il exige toujours la prĂ©sence de tous les partis avant de rendre son jugement. Tout le monde est content et, surtout, les gens Ă©vitent la justice française, trĂšs coĂ»teuse, trĂšs lente et sans rĂ©sultas Ă©quitables. VIII. Les Amis du Manifeste et de la LibertĂ© ( A.M.L ) : AprĂšs le dĂ©barquement des alliĂ©s en Afrique du nord (AmĂ©ricains et Anglais), Ferhat Abbas leur a prĂ©sentĂ© un manifeste au nom du Peuple AlgĂ©rien pour souligner lâessentiel des revendications de lâAlgĂ©rie. La classe politique Ă lâĂ©poque Ă©tait unanime pour soutenir le dit Manifeste. Les masses populaires sâorganisent en un immense mouvement : Les Amis du Manifeste et de la LibertĂ©. DĂšs le dĂ©but, Cheikh SaĂŻd est chargĂ© pour organiser la rĂ©gion des Bibans. Il est secondĂ© par toute lâĂ©lite intellectuelle de la grande commune mixte des Bibans, dont principalement Abderrahmane Beldjoudi, Cheikh Ahmed Chakar et son frĂšre Boutekedjiret Yahia. Il avait formĂ© plusieurs cellules (ou sections ) Ă Sidi-Brahim mĂȘme, Ă Medjana, Ă ThĂ©niet El-Khmis (aujourdâhui ThĂ©niet En-Nasr) Ă Beni-Mansour, Ă Cherfa, etcâŠTout le monde adhĂ©rait Ă ce mouvement, mĂȘme des administratifs, comme le CaĂŻd de Sidi-Brahim et son frĂšre, un maĂźtre dâĂ©cole, qui avait acceptĂ© une grande responsabilitĂ©. IX. Les EvĂšnements du 8 mai 1945 AprĂšs la dĂ©faite du Nazisme et du Fascisme, lâamnistie est signĂ©e le 8 mai 1945. CâĂ©tait un jour de fĂȘte. Les AlgĂ©riens manifestent leur joie et en profitent pour exprimer leur dĂ©sir de libĂ©ration. LâarmĂ©e coloniale nâen voulait pas entendre parler. Elle tire sur les manifestants pour tuer dit-on le poussin dans lâĆuf. CâĂ©tait les massacres de SĂ©tif et de Guelma. LâarmĂ©e coloniale veut imposer sa « paix » au peuple algĂ©rien. Dans la rĂ©gion des Bibans, « il nây avait rien Ă signaler », Ă©crit « la DĂ©pĂȘche de Constantine ». Cheikh SaĂŻd a rĂ©ussi Ă calmer la population. En cellule des A.M.L., pour analyser la situation, il se rĂ©unit clandestinement en pleine forĂȘt non loin de notre maison, dans une vallĂ©e profonde ( El-Fidh Oudles ) la VallĂ©e du Dis. La dĂ©cision prise Ă©tait de ne rien faire aveuglement et de temporiser afin dâavoir une vision plus claire du dĂ©roulement des Ă©vĂšnements. Le lendemain Cheikh SaĂŻd a conclu que sâĂ©tait un complot colonial et dĂ©cide de ne rien faire pour Ă©viter un autre massacre dans les Bibans. La presse annonce la dissolution des A.M.L. Cheikh SaĂŻd fait disparaĂźtre toutes les archives de la section. Les autoritĂ©s coloniales perquisitionnent notre maison, sans trouver aucun document. Lâadministrateur des Bibans oblige Cheikh SaĂŻd Ă lui fournir la liste des adhĂ©rents, si non il sera sanctionnĂ© pour avoir dĂ©truit les archives. Cheikh SaĂŻd prend son temps pour confectionner une liste. Dans cette liste il nâa Ă©tĂ© que quelques Ă©lĂ©ments trĂšs sĂ»rs Ă cĂŽtĂ© de plusieurs noms de la famille du CaĂŻd. Sans crier garde, lâadministration française a arrĂȘtĂ© Cheikh SaĂŻd, en tant que responsable A.M.L. Pour se racheter, le CaĂŻd doit prĂ©senter un dossier incriminant Cheikh SaĂŻd. Ce quâil a fait en incitant un groupe de plusieurs individus Ă signer des dĂ©charges accablant Cheikh SaĂŻd, lâaccusant dâanti-français et de les avoir incitĂ© Ă la rĂ©volte. Parmi ce groupe, il faut signaler quâil se trouvait un honnĂȘte homme, courageux et trĂšs pieux, qui a refusĂ© de signer la dĂ©claration accusatrice. CâĂ©tait Mihoubi Arezki (dit Arezki Mouhouche). Il sort du bureau du CaĂŻd en criant. Il nây a de Dieu quâAllah et Mohammed est son prophĂšte, que Dieu nous pardonne. Cheikh SaĂŻd est condamnĂ© Ă 1 annĂ©e de prison ferme et incarcĂ©rĂ© Ă la prison de SĂ©tif. La population de SĂ©tif et Guelma avait beaucoup souffert de la rĂ©pression de lâarmĂ©e coloniale, comme dâautres populations Ă travers toute lâAlgĂ©rie. Mais cela nâa fait que renforcer sa dĂ©termination et sa solidaritĂ© envers ses membres touchĂ©s dans leur chaire et envers les prisonniers. Ces derniers Ă©taient traitĂ©s en hĂ©ros et ont reçu des aides multiples Ă©manant de toutes les couches sociales. Ils Ă©taient entiĂšrement pris en charge : nourriture, soins, mĂ©dicaments, visites etc⊠Moralement, les exactions de lâadministration envers la population a eu lâeffet contraire, le peuple AlgĂ©rien se solidarise, se soutient et sâen sort trĂšs renforcĂ© dans ses convictions et son nationalisme. X. LâAmnistie et la libĂ©ration Le gouvernement français, prĂ©sidĂ© par le gĂ©nĂ©ral De Gaule se trouve dans lâobligation de voter une amnistie et libĂšre tous les dĂ©tenus politiques AlgĂ©riens. Cheikh SaĂŻd nâa donc passĂ© en prison que 10 mois sur 12. A sa libĂ©ration, il rentre Ă la maison. Mais lâadministration de la commune mixte des Bibans ne lâentendait pas de cette oreille. MalgrĂ© la loi de lâamnistie, elle dĂ©cide de mettre Cheikh SaĂŻd en rĂ©sidence forcĂ©e Ă MĂ©djana, siĂ©ge de la commune. LĂ aussi, la population de MĂ©djana lâa pris en charge. Il recevait rĂ©guliĂšrement les membres de sa famille, les anciens militants des A.M.L. et tous ses amis. A MĂ©djana, Cheikh SaĂŻd reprend discrĂštement ses activitĂ©s politiques au nez et Ă la barbe de lâadministration. Au bout de quelques mois, il a Ă©tĂ© libĂ©rĂ© dĂ©finitivement, tout juste Ă temps pour reprendre ses activitĂ©s au sein de lâassociation des Oulamas. En effet Cheikh El-Bachir El-Ibrahimi et ses collĂšgues, aussitĂŽt libĂ©rĂ©s, organisent la rentrĂ©e scolaire 1946-47, Ă travers toutes MĂ©dersas dâAlgĂ©rie et, particuliĂšrement, « Et-tarbia wa TaĂąlim », Cheikh SaĂŻd est affectĂ© Ă la MĂ©dersa de Batna. XI. Cheikh SaĂŻd Ă Batna : - 1946-47 : Adjoint de Cheikh Mohâ Chebouki ; Directeur de la MĂ©dersa. - A partir de 1947 jusquâĂ 1953, il assure lui mĂȘme la direction de cette unitĂ©. - Avec ses activitĂ©s dâenseignant, il reprĂ©sente lâAssociation des Oulamas dans la rĂ©gion de Batna. - CrĂ©e de plusieurs sections pour lâassociation, Ă travers les communes et les douars de la rĂ©gion. - Organise et crĂ©e des MĂ©dersas libres filiales de Terbia wa TaĂąlim, jusque dans les douars les plus Ă©loignĂ©s de la rĂ©gion. XII. Mission dâinformation et de prospection en France Les Oulamas dĂ©cident de reprendre les activitĂ©s en France et en Europe, interrompues pendant la durĂ©e de la 2Ăšme guerre mondiale (1939-1945) pour des raisons Ă©videntes. A cet effet, Cheikh SaĂŻd est dĂ©tachĂ© pour quelques mois de la MĂ©dersa de Batna, pour une mission dâinformation et de prospection en France et en Belgique. Il rentre en contact avec ses anciens Ă©lĂšves et militants de lâassociation, avec lâaide de qui, il parcourt les diffĂ©rentes rĂ©gions de France, principalement Paris et ses environs, le nord de la France et la Belgique. A son retour, il rend compte Ă son association sur lâopportunitĂ©, de mettre sur pied une mission permanente. XIII. ActivitĂ©s Ă Sidi-Brahim et dans la vallĂ©e de la Soumam : Lâaction des Oulamas Ă©tait consolidĂ©e Ă Batna et dans les AurĂšs. Cheikh SaĂŻd est mutĂ© Ă la MĂ©dersa dâAkbou ( W. de Bougie) quâil dirige pendant 2 ans. En mĂȘme temps quâil dirige la MĂ©dersa, il contacte ses anciens Ă©lĂšves et militants en France, pour crĂ©er de nombreuses sections pour les Oulamas. A travers la vallĂ©e de la Soumam : Ă Beni-Mansour, Ă MâChedallah, Ă Cherfa (W. de Bouira), Ă Tazmalt, Ă Beni-Abbas- Akbou et Ă Iouazllagguen (W. de Bougie). A Iouazallguen, oĂč se trouve une minoritĂ© de Charfas, les descendants de Mâhammed OussaĂŻd, qui sont nos parents trĂšs Ă©loignĂ©s (parents des AĂŻt Mâhammed OussaĂŻd de Sidi-Brahim), Cheikh SaĂŻd a Ă©tĂ© fortement aidĂ© et soutenue, malgrĂ© une certaine rĂ©ticence, Ă©phĂ©mĂšre de ces montagnards dâIouzallguen. A Sidi-Brahim, son pays natal, il avait crĂ©Ă© au par avant une forte section pour lâAssociation des Oulamas et deux MĂ©dersas : El Feth Ă Metchik et An-Nasr Ă Ighil-Ouakal (Tizi-Ikachouchen). Ces deux MĂ©dersas sont dirigĂ©es principalement par des disciples de Cheikh SaĂŻd, comme le Cheikh Kasmi Mohâ Teyeb El-Mahfoudh, Cheikh Mohamed ou Ahmed Dilmi, Cheikh Laarbi SaĂądoune et mĂȘme le « fameux » Cheikh Ahmed Kadri, quâon a en vain essayĂ© de rĂ©cupĂ©rer aprĂšs que le CaĂŻd lâait Ă©jectĂ© de son secrĂ©tariat, que Dieu lui pardonne. Mais cette main tendue nâa pas servi Ă lâamĂ©liorer. Par la suite, lâassociation a dĂ©lĂ©guĂ© dâautres enseignants venus de Constantine. Citons Ă ce sujet, lâhonorable Cheikh Ali ElâDjilali, qui a longtemps dirigĂ© la MĂ©dersa El-Nasr, jusquâĂ sa mort en martyr de la rĂ©volution. Il a Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© par les soldats coloniaux en mĂȘme temps quâune Ă©lite de la rĂ©gion : (Ă citer tous les martyrs de la mosquĂ©e qui porte aujourdâhui le nom El-Feth). La cellule ou section de Sidi-Brahim est confiĂ©e Ă son frĂšre Yahia Boutekedjiret comme secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral. Mais en fait, il est le gĂ©rant permanent et inlassable (ayant une double culture et une rare intelligence, doublĂ©e dâune patience philosophique). Il est aidĂ©, surtout, par le courageux Dilmi Mohamed SaĂŻd comme prĂ©sident et dâautres militants, tous dĂ©vouĂ©s et trĂšs attachĂ©s Ă la culture et au savoir. La plupart sont morts en martyrs, fusillĂ©s devant la mosquĂ©e mĂȘme. Une stĂšle commĂ©morative porte aujourdâhui leurs noms. Plusieurs Ă©lĂšves ayant frĂ©quentĂ© ces MĂ©dersa ont rĂ©ussi au certificat dâĂ©tudes et envoyĂ©s Ă lâInstitut Ben-Badis Ă Constantine pour des Ă©tudes secondaires et une formation complĂ©mentaire. La plupart de ces Ă©lĂšves, Ă©taient Ă leur cours lorsque la guerre dâindĂ©pendance est dĂ©clarĂ©e. Nombreux sont ceux qui ont rejoint les maquis et plusieurs dâentre eux sont morts en martyrs. A lâindĂ©pendance dĂšs lâannĂ©e 1962, les deux MĂ©dersas de Sidi-Brahim ont fourni quelque 17 enseignants en langue arabe, Ă notre Ă©ducation nationale naissante. Ces enseignants sont tous directement ou indirectement des disciples du Cheikh SaĂŻd El-Bibani. XIV. 2Ăšme mission en France Cette fois-ci, Cheikh SaĂŻd est envoyĂ© en France pour renouer avec ses activitĂ©s dâavant guerre. Il reconstitue la section parisienne, avec son siĂ©ge permanent Ă Saint Denis. Il crĂ©e dâautres sections notamment Ă Bellegrade, tout prĂ©s de la frontiĂšre Suisse, non loin de GenĂšve. Cette section est trĂšs utile. Elle est confiĂ©e Ă des militants liĂ©s, sĂ»rs et honorables. Elle est souvent utilisĂ©e comme point de passage vers la suisse. La section de Paris : Elle est prĂ©sidĂ©e par Mr Rouag Mohamed, un travailleur de vĂȘtements de la rue « la goutte dâor ». Il est originaire de Constantine, un bon administrateur du Cheikh Benbadis, secondĂ© par El-Hadj Lounis, un commerçant de Saint Denis, trĂšs gĂ©nĂ©reux. Câest lâun des plus forts piliers de la section. Plusieurs personnalitĂ©s participent Ă lâactivitĂ© de la section. Ce sont des nationalistes fervents. Comme « Amirouche Ait Hammouda», Cheikh Abd-Elhafidh Amokrane, Cheikh Bachir Izemrane, Arezki SaĂŻghi, des gens de Sidi-Brahim, comme SaĂŻd Belguendouz, Amar Sidi Salah, Titouh SaĂŻd, Azougui Ali et aussi des Ă©tudiants AlgĂ©riens et moyen Orientaux (Egyptiens et Syriens). Ce sont tous de trĂšs bons Ă©lĂ©ments, des travailleurs confiants. Les activitĂ©s au sein de la section sont multiples : cours du soir pour les ouvriers, des confĂ©rences et rĂ©unions les dimanches et jours de fĂȘte,.visite dâautre localitĂ©s en dehors de Paris et Saint Denis, dĂ©placements en province, etc⊠ActivitĂ©s politiques et rĂ©volutionnaires : Câest une activitĂ© semi-clandestine. Elle concerne des Ă©lĂ©ments trĂšs sĂ»rs et dĂ©vouĂ©s. Elle consiste Ă expliquer la RĂ©volution AlgĂ©rienne et prĂ©pare des combattants. Cheikh SaĂŻd Ă©tait en liaison continue avec le feu Cheikh Larbi El-Tebessi, le prĂ©sident des Oulamas. En FĂ©vrier 1956, Cheikh SaĂŻd a envoyĂ© son frĂšre Ali en AlgĂ©rie pour rendre visite Ă la Famille et contacter lâassociation. Cela a coĂŻncidĂ© avec la « fameuse » visite Ă Alger Gui Mollet, chef du gouvernement Français. Le frĂšre Ali Ă©tait chargĂ© de rendre visite au prĂ©sident des Oulamas, qui travaillait continuellement au siĂšge de lâassociation Ă la Casbah. En ce dĂ©but de 1956, les Oulamas travaillent encore lĂ©galement et ne tarderont pas Ă saborder lâassociation pour rejoindre le F.L.N. et plonger dans la clandestinitĂ©. A son retour Ă Paris le frĂšre Ali est chargĂ© par Cheikh Laarbi Tebessi dâun message clair et trĂšs rigoureux Ă lâadresse de Cheikh SaĂŻd : « recruter des combattants et les lui adresser ». Le mot dâordre Ă©tait : « je viens de la part de Cheikh SaĂŻd vous transmettre ses salutations fraternelles ». Câest comme cela que de nombreux algĂ©riens vivant en France, rejoignent le maquis et la rĂ©volution armĂ©e. Parmi ces jeunes combattants, il convient de citer le trĂšs volontaire Ali Cherif Mâhana, un grand ami de Cheikh SaĂŻd et de la famille, mort en martyr au champ dâhonneur en grande Kabylie. XV. DĂ©part de Cheikh SaĂŻd de la France : La vie pour Cheikh SaĂŻd en France est devenu insupportable. La police le cherche dâun cĂŽtĂ© et les MĂ©ssalites de lâautre. Il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă plusieurs reprises, puis relĂąchĂ©. Il prend la dĂ©cision de quitter la France. La police française est allĂ©e le chercher. Cette derniĂšre fois au siĂ©ge de la section Ă Saint Denis. Il nâa pu Ă©chapper que grĂące Ă une ruse. Cheikh SaĂŻd Ă©tait seul ce jour lĂ au siĂšge. La police, en sâadressant Ă lui, demande Ă voir El-Bibani. Cheikh SaĂŻd les induit en erreur en rĂ©pondant en ces termes. « Ah câest bien dommage, il vient de partir il yâa 2 ou 3 minutes ; il a pris cette direction », en leur indiquant une ruelle, « vous pouvez le rattraper, si vous vous dĂ©pĂȘchez ». Les policiers courent aprĂšs son ombre et El-Bibani prend une autre direction aprĂšs avoir fermĂ© le local. Quelques jours aprĂšs, le F.L.N. lâĂ©vacue en Suisse, en utilisant les services de ses amis Ă Belgrade. Il demeure quelque temps en Suisse oĂč il rejoint Ferhat Abbas. De lĂ , il rejoint la dĂ©lĂ©gation extĂ©rieure du F.L.N au moyen Orient, qui lâaffecte au bureau de Damas, oĂč il retrouve Cheikh El-Ghassiri son ancien collĂšgue Ă lâAssociation des Oulamas. AprĂšs une annĂ©e Ă Damas, il sâenvole Ă Djedda en Arabie Saoudite, pour seconder Cheikh El-Abbas ben Cheikh El-Hocine Ă la mission diplomatique du G.P.R.A. Durant son sĂ©jour en Suisse, prĂ©cisĂ©ment Ă Berne, il recevait beaucoup de militants en provenance de France, et principalement de Paris, qui sont allĂ©s lui rendre visite et recevoir ses directives. AprĂšs le dĂ©part de Cheikh SaĂŻd câĂ©tait, en quelque sorte, son jeune frĂšre Ali, Ă©tudiant Ă lâuniversitĂ© de Paris, qui le remplace pour Ă©claircir des situations trĂšs dĂ©licates. En effet des groupes de MĂ©ssalistes, vraiment des nationalistes sincĂšres, voulaient ĂȘtre fixĂ©s sur les activitĂ©s du F.L.N. et sa sincĂ©ritĂ© envers lâAlgĂ©rie. Ils avaient confiance en Cheikh SaĂŻd, ce dernier nâest plus Ă Paris. Ils ont appris que son frĂšre vit toujours Ă Paris. Ils ont demandĂ© Ă le voir. Les anciens militants de Saint Denis ont contactĂ© le frĂšre Ali et il a rĂ©pondu positivement. Le 1er contact concernait un groupe de 500 ouvriers qui cotisait tous au M.N.A. de MĂ©ssali Hadj. Le frĂšre Ali est allĂ© leur rendre visite Ă Argenteuil, Ă lâouest de Paris, Ă 23H, en pleine nuit. Il est accompagnĂ© par El-Hadj Lounis Brahim. CâĂ©taient des ouvriers tous originaires de lâOranie. Ils les ont correctement reçu. La conversation nâa commencĂ© quâaprĂšs le repas du soir. Elle nâa durĂ© que quelques minutes, le temps dâentendre la « vĂ©ritĂ© de ma bouche ». La semaine suivante, les 500 bonhommes apportent leur cotisation au F.L.N. Un deuxiĂšme contact a eu lieu au sud de Paris, Ă Corbeil-Essome. Câest Ă©galement avec un groupe de lâouest, clients dâun restaurateur de la rĂ©gion de Mansourah les Bibans bien connu de notre ami Zitout El-Mahfoudh de MâZita et qui a servi dâintermĂ©diaire de ce cas. Le contact a eu lieu dans une voiture, stationnĂ©e assez loin du restaurant en pleine nuit. Zitout Ă©tait prĂ©sent ainsi quâun responsable du F.L.N., Si Ahmed Tassira, originaire de Tigzirt sur mer, Ă©galement un militant formĂ© par Cheikh SaĂŻd. Quelque temps aprĂšs, le hasard mâa fait rencontrer Si Kaddour, le chef du groupe de Corbeil Ă notre cafĂ© de la rue TraversiĂšre. Jâai appris quâil Ă©tait venu remettre les cotisations Ă un Ă©tudiant, qui a Ă©tĂ© dĂ©signĂ© par le F.L.N. et que je connaissais bien, Tahar Hamdi. Les deux cas sont signalĂ©s pour mettre en Ă©vidence la considĂ©ration et la confiance dont Cheikh SaĂŻd bĂ©nĂ©ficiait auprĂšs de la masse ouvriĂšre AlgĂ©rienne en France. Un autre litige opposant des ouvriers originaires de notre rĂ©gion, Beni-Mansour, MâChedallah et Chorfa Ă deux militants du F.L.N., lâun est un ancien militant du P.P.A. Il sâagit de si Hamimi Aliane de Cherfa et lâautre Si Yahia ancien militant de lâU.D.M.A., de Maillot (Mâchedallah). Il faut prĂ©ciser quâen ce qui me concerne, je connaissais tout ce monde. Il suffit de mon simple tĂ©moignage pour que la concorde sâinstalle. XVI. Action de Cheikh SaĂŻd au Moyen-Orient De Berne en Suisse, Cheikh SaĂŻd a rejoint la dĂ©lĂ©gation extĂ©rieure du F.L.N. au Moyen Orient. Il a Ă©tĂ© affectĂ© au bureau de Damas en Syrie. Il avait comme compagnon Cheikh Mohammed El-Ghassiri, qui est Ă©galement disciple de Cheikh Benbadis et collĂšgue Ă lâenseignement au sein de lâorganisation. Le travail de la mission Ă©tait double : 1°) ReprĂ©senter le F.L.N. auprĂšs du gouvernement Syrien. 2°) Organiser la communautĂ© AlgĂ©rienne dans ce pays. A Damas, il a retrouvĂ© quelques uns de ses Ă©lĂšves boursiers de lâassociation et envoyĂ©s en Syrie pour poursuivre leurs Ă©tudes secondaires et universitaires. Il les a impliquĂ© intelligemment et raisonnablement pour lâaider dans sa mission, sans toutefois nuire Ă leurs Ă©tudes. Son sĂ©jour Ă Damas a durĂ© une annĂ©e : 1956-57. Puis, il est mutĂ© Ă Djedda, en Arabie Saoudite, comme adjoint au Cheikh Abbas ben Cheikh El-Hocine. Comme Ă Damas, son travail consiste Ă reprĂ©senter le G.P.R.A. auprĂšs du gouvernement Saoudien et Ă organiser la communautĂ© AlgĂ©rienne. En plus, en pĂ©riode du pĂšlerinage, il multiplie ses contacts avec les pĂšlerins algĂ©riens venus dâEurope et dâAlgĂ©rie et, aussi. les autres pĂšlerins venus du monde musulman. Les mĂȘmes contacts se rĂ©pĂštent durant toute lâannĂ©e avec pĂšlerins venus pour la Omra. A Djedda Cheikh SaĂŻd a cassĂ© un tabou, se mettre rĂ©guliĂšrement en contact avec le consul gĂ©nĂ©ral de France, qui est algĂ©rien, trĂšs bon musulman et ayant une double culture, arabe et française. Il sâagit de Cheikh Hamdi, quâil devait connaĂźtre au par avant, parce quâil est aussi un membre fondateur de MosquĂ©e de Paris, comme Cheikh Benghabrit et Hamza Boubakeur et autres encore. Ce rapprochement avec le consul gĂ©nĂ©ral de France Ă©tait trĂšs utile. Cheikh SaĂŻd obtenait de lui des passeports et des laisser passer pour des AlgĂ©riens en difficultĂ©. Cette mission diplomatique Ă Djedda a durĂ© 7 ans, de 1957 Ă 1964. Cheikh El-Abbas est rentrĂ© en AlgĂ©rie au dĂ©but de lâindĂ©pendance en 1962. Cheikh SaĂŻd a poursuivi sa mission jusquâĂ son rappel en Avril 1964. XVII. Retour en AlgĂ©rie en Avril 1964 De son retour en AlgĂ©rie, Ă la fin de sa mission Ă Djeddah, il opte pour lâenseignement. Il a intĂ©grĂ© lâEcole Nationale des Cadets de la RĂ©volution Ă KolĂ©a, une Ă©cole ouverte pour accueillir principalement les orphelins de guerre, mais elle a acceptĂ© aussi dâautres jeunes hommes pour un enseignement gĂ©nĂ©ral et une formation militaire. Cheikh SaĂŻd enseigne dans cette Ă©cole pendant quelques 8 ans. Puis il a enseignĂ© au CollĂšge dâEnseignement Polytechnique de KolĂ©a, la langue Arabe pendant deux ans avant de prendre une retraite bien mĂ©ritĂ©e mais qui nâa pas durĂ©e trop longtemps. Il mourut une annĂ©e plus tard le 16 AoĂ»t 1976. Il est enterrĂ© Ă Sidi-Brahim lĂ ou tous ses parents sont nĂ©s.
Posted on: Tue, 12 Nov 2013 03:26:20 +0000
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