ALLO MOMO, BOBO ! Momo court le plus vite qu’il peut vers les razyé. Là, on ne le trouvera pas. Son échine le fait souffrir. La roche provenait de la manifestation contre la violence qu’il avait eu la mauvaise idée de traverser pour rattraper la chienne de sa vie. « Mach ! ». Il n’avait même pas cru que ce cri s’adressait à lui, tant son cœur flottait dans le meilleur des mondes, tant les bonnes dames et les bons messieurs de la procession, tous de blanc vêtus, lui semblaient rassurants. Mais, en même temps que le cri, voici venue la roche. ... Une grosse roche calcaire à pointes, comme les carrières de tuf savent en fournir pour la rénovation urbaine. Non, nul n’est plus à l’abri de son prochain, dans ce foutu pays-mêlé. Surtout les chiens qui voudraient avoir l’air comme-il faut, mais qui sont tout ce qu’on ne peut pas voir en peinture chez les bien-regardants. Faut se faire une raison : le chien n’est plus depuis longtemps le plus fidèle ami de l’homme. Sauf s’il fait salon, sent bon bon bon et sait reproduire exactement pareil la voix de son Maître. Sale époque que celle où nous vivons ! Maintenant, l’homme a honte de ses propres enfants qui lui ressemblent. Alors je demande quel genre de sentiment il peut avoir pour un chien. C’est pas un hasard si les Momo et mômes se comprennent. Ils paient presque tous pour quelques uns qui ne sont que rage devant cette société bouclée à double tour. Une société qui, à la vue de son propre sang, s’habille tout de blanc pour faire clean de chez propre. Momo ne peut s’empêcher de penser qu’ici l’on joue au peuple sans enfant, en saluant complaisamment le manque d’avenir. Leur culte de la Paix demande à demi-mot qu’on leur fiche la paix. Qu’on ne leur demande pas de vivre plus loin que l’instant présent... Et pendant qu’ils demandent au Seigneur de les délivrer du Mal, un gosse dans son coin a mal comme un chien. Mal à l’échine et mal aux gens... Qu’est-ce ça fait mal aux os, un caillou vertueux ! Un procureur crie sa honte. Il ordonne la Paix et le peuple dispose. Pas très doué pour la Paix, un peuple qui se révolte en douce, sans même le faire exprès ! À tout moment, un projectile meurtrier peut surgir de la sainteté obligatoire. Et c’est toujours les mêmes qui vont trinquer. Les mêmes présumés coupables à cause d’un poil trop visible, d’une gueule de chien battu, d’une casquette de travers, d’un pantalon ras-les fesses ou d’un âge qui n’est pas bien vu.... Sale époque !
Posted on: Thu, 12 Sep 2013 22:53:40 +0000