Cher camarade, Les lettres qui te sont ordinairement adressées - TopicsExpress



          

Cher camarade, Les lettres qui te sont ordinairement adressées proviennent d’enfants désireux de trouver au pied de la cheminée, le 6 décembre au petit matin, une poupée Barbie et son habillement, un circuit électrique où circulent à toute vitesse des voitures miniatures, un babyfoot ou une trousse de maquillage. A tes côtés, j’ai parcouru des dizaines et des centaines de kilomètres, d’Arlon à Ostende, et suis descendu en premier dans ces cheminées, étriquées ou larges, afin d’éviter de voir ton long manteau écarlate recouvert de suie. C’est même ainsi que je suis devenu noir et que certains n’ont plus voulu voir ensuite que ma pigmentation. Quel étrange paradoxe que celui de l’antiracisme qui n’aime rien tant que les couleurs alors qu’il devrait célébrer l’Homme. Entre les flocons de neige, annonçant la venue de l’hiver, et les gouttes de pluie, ponctuant l’automne, les conditions atmosphériques rendaient notre travail parfois pénible, voire impossible. Mais, après avoir écouté la météo de Luc Trullemans sur notre transistor ou l’avoir regardée à travers la vitre embuée des maisons, toujours, nous nous équipions en conséquence et, jamais, ne nous sommes plaints de la rudesse du temps. L’équipe que nous formions était digne d’une campagne contre le racisme ou d’une publicité Benetton. Mais la mondialisation du politiquement correct, voyant dans ma personne un symbole de racisme et de soumission de l’homme noir à l’homme blanc, catholique de surcroît, aura bientôt raison de mon emploi. Comme des milliers d’hommes, je vais me retrouver au chômage, seul et abandonné. Comme je ne suis pas “saint-diqué”, je vais devoir remplir des tonnes de paperasse dans les locaux déshumanisés de la CAPAC, dans l’indifférence quasi générale, avec à mes côtés d’autres gens, victimes des décisions d’un gouvernement qui préfère se déhancher aux rythmes de Stromae que de jouer les maestro de la reprise économique. De moi aussi pourtant, Stéphane Pauwels aurait pu dire que je suis « un homme de couleur parfaitement intégré ». Trop intégré peut-être, de quoi ne pas susciter l’émoi du MRAX ou du Centre pour l’Egalité des Chances qui préfèrent les causes plus tapageuses. Ceux-ci me reprocheront sans doute de m’être montré trop dur avec les enfants à l’époque où ceux-ci sont de petits rois. Certains me traîneront peut-être même devant les tribunaux pour maltraitance. J’ai pourtant distribué avec parcimonie les coups de martinet au cours de ma longue carrière, à ces quelques gamins capricieux que je pensais ainsi ramener, l’espace d’un instant, dans le droit chemin de la discipline. Mais, cher Saint, cher ami, tu seras peut-être bientôt associé à mon malheur. Comme nos petites têtes blondes sont de moins en moins blondes –c’est ce qu’on appelle pudiquement le remplacement de population-, les tournées que tu effectuais dans les écoles du Royaume se réduiront à leur portion congrue, comme celles de ces chanteurs autrefois glorieux qui sont tombés dans l’oubli et qui se contentent désormais de petites salles de province et de bals de bourgmestres souvent socialistes. C’est en supprimant les symboles que l’on commence à oublier notre culture et notre histoire. Mais il est peut-être déjà trop tard. Nous avons déposé tant de cadeaux que nous ne nous souvenons pas de tous. Nous avons peut-être même offert à Elio Di Rupo son premier noeud papillon, à Jean-Marc Nollet une première éolienne de taille réduite sur laquelle le souffle du futur ministre avait un effet tel qu’il s’était trouvé une vocation, celle de brasser du vent, à Bart De Wever son premier exemplaire du Lion des Flandres. Avec la disparition de la part de rêve consignée dans chaque objet, s’effacera aussi une part de la destinée de chaque homme. Et avec les hommes, c’est une civilisation qui risque de mourir. Quant à moi, je te salue car je vais devoir reprendre le bateau, non de l’Espagne vers la Belgique, comme nous le faisions ensemble, mais de la Belgique vers l’Espagne, car, ici, dans ce pays malade, « ceux qui décident » préfèrent attirer les étrangers pour les plonger dans la misère que de récompenser ceux qui sont intégrés. PERE FOUETTARD (ET SON… NEGRE GREGOIRE BRUEL)
Posted on: Thu, 24 Oct 2013 18:17:21 +0000

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