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Djahazi 04 communiqué n° 35 QUELLE ‘ÉLITE’ POUR KOMORO ? Autre question posée le 7 novembre : «Ali Swalih n’a–t-il pas empêché la naissance d’une élite, capable de gérer le pays ?». Le coup d’Etat du 3 août 1975 (voir p.70-80) était, surtout, porteur d’ambiguïtés et ne confirmait qu’une chose : le trouble général régnant dans les esprits, alors que nul n’attendait une épreuve de force avec la puissance colonisatrice, considérée comme tutélaire (= protectrice). En quoi a-t-il empêché les bacheliers de cette année là de s’inscrire dans les universités françaises ? C’est plus tard, et notamment en 1976, qu’allait se poser la question des bourses, permettant aux étudiants de poursuivre leur cursus en France… Mais la question en pose une autre qui est : ‘Qu’est-ce qu’une élite ?’ Selon le dictionnaire, c’est ‘l’ensemble des éléments les meilleurs d’une communauté’. Mais qui va les désigner, les choisir (car le mot élite vient du verbe élire). Qui, sinon le pouvoir aristocratique (aristo = les meilleurs, encore) et, dans le contexte comorien, les jeunes gens des familles appartenant à la classe dirigeante des notables féodaux et de la bourgeoisie commerçante, enseignante et bureauticienne. Or, l’idéologie dominante ‘Milanantsi-Oukabaïla’ ne préparait nullement les jeunes intellectuels à la gestion rationnelle et intelligente d‘un Etat moderne, tournée vers le développement économique du pays. Ali a considéré, très tôt, que cette ‘élite’ là, ne saurait ni ne pourrait ni ne voudrait construire la nation comorienne. Parce qu’une nation ne peut reposer que sur des bases (relativement) égalitaires et sur des compétences techniques efficientes (et ce n’est pas au pangahari ou au bangwé qu’on va pouvoir les apprécier) … En revanche, Ali a bien pensé à constituer une élite, non pas celle qui méprise le peuple mais des humains nouveaux, sensibles à sa Théorie Fondamentale, dévoués aux objectifs poursuivis, prêts à se mettre au service du peuple et à se former, techniquement, pour constituer, bientôt, les cadres de la nouvelle nation… Et il les a envoyés dans les différents pays qui offraient de les accueillir, après cependant qu’ils aient fait la preuve de leur dévouement au peuple, sous la forme d’un service national accompli au service de la nation! L’expérience de ces 30 dernières années ne paraît pas avoir donné tort au Mwongozi. La soi-disant ‘élite’ est là, constituée depuis longtemps de jeunes intellectuels de haut niveau, bardés de diplômes, compétents sur le plan technique, mais aux visions étroites, incapables de dépasser leurs intérêts personnels ou ceux de leur village d’origine, pourvus d’une conscience nationale superficielle, indifférents aux souffrances de leur peuple, seulement soucieux de trouver une sinécure (= emploi rémunérateur), bien décidés d’ailleurs à faire allégeance aux notables du système coutumier féodalo-bourgeois (milanantsi/oukabaïla) et prêts à se vendre au plus offrant (parfois même à l’administration de la puissance néo-coloniale occupante de May), en tous cas, toujours susceptibles de relayer les dernières modes politiques (dont les privatisations et les principes de l’exploitation durable des peuples)… Cette élite là, Ali Swalih n’en voulait pas. Il en a décrit les carences, avec précision (p.368 de ‘L’Imposture’). Mais il a fait plus : il a indiqué, dans le détail et dès 1970 (p.61), ce que devait être l’Intellectuel patriote, dans la perspective d’une indépendance considérée comme point de départ. Dans ses discours (en pages bleues), il marque bien la nécessité de se méfier de cette ‘élite’ dont les membres, d’ailleurs et par exemple, se servent de leur maîtrise des langues arabe et française pour tromper le peuple et échapper à son contrôle. L’Afrique toute entière, mais l’Europe aussi, sont passées sous la coupe de ces élites nationales qui, ralliées à l’idéologie du plus grand profit pour la minorité, ont pour rôle rétribué de vendre les richesses de leur pays et d’en déposséder les peuples. Certains pays d’Amérique du sud ne sont pas tombés dans le piège tendu, même si leurs peuples sont encore loin d’y avoir récupéré tous leurs droits… L.B. Contact: Web: djahaziores-online/ editions.djahazi@gmail Facebook: Editions Djahazi
Posted on: Mon, 22 Jul 2013 16:52:30 +0000

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