Est Du Rwanda – Nourriture Abondante, Mais - TopicsExpress



          

Est Du Rwanda – Nourriture Abondante, Mais Habitants Affamés… A l’Est du Rwanda, la nourriture est abondante. Pourtant, les gens y souffrent de la faim. A cause des termites, ils manquent de bois de chauffe pour cuire leurs aliments. Et les alternatives sont rares et coûteuses. « Nous entendons parler sur la planète de gens qui meurent de faim à cause du manque de nourriture… Chez nous, c’est l’inverse ! La nourriture est abondante : maïs, haricot, sorgho, manioc, patate douce, arachide, etc. Mais, nous n’avons pas de bois de chauffe ! », fait remarquer Bakuramba, un vieillard de Rukira à Ngoma (Est du Rwanda). Un groupe d’hommes ajoute : « Nous mangeons les aliments faciles à cuire. Parfois, nous les mangeons même presque crus… », annoncent-ils, affirmant que dans leur entité de Gituku aucun arbre n’arrive à maturité. Dans cette région de savanes, les boutures sèches de banane, le chiendent, les tiges de maïs et sorgho et les feuilles ramassées de toutes parts, servent de bois de chauffe pour faire la cuisine. « Les rares personnes qui possèdent du bois le vendent très cher. Un tas de cinq pièces revient à 500 Frw (0,8 $). C’est une quantité insuffisante pour cuire le haricot et servir aux deux cuissons du jour », démontre Niyigena, un agronome. Pauvres, les paysans peuvent encore moins facilement acheter un sac de braises provenant d’autres secteurs proches de la Tanzanie. Il leur en coûterait, en effet, 6 000 Frw (9 $). « N’eut été le lait de vache qui est abondant ici, enfants et femmes enceintes seraient malnutris », s’inquiète le jeune Gaspard Gahire. Termites ravageuses Si le bois est aussi rare dans la province de l’Est, c’est parce que les habitants y sont de plus en plus nombreux. Ils construisent et cultivent, détruisant au passage bon nombre d’arbres. Mais, les hommes ne sont pas les seuls responsables… Les termites s’attaquent en effet aux arbres forestiers et agro-forestiers plantés par les paysans au cours des travaux communautaires « umuganda ». « Le ministère de l’Environnement s’oppose à l’usage d’insecticides au profit d’un écosystème riche en biodiversité, contrairement à ce qui se fait en Ouganda », résume Niyigena. Certains ne comprennent pas cette stratégie : « La termite n’est pas aussi importante que les humains ! Pourquoi les autorités ne nous laissent-elles pas l’éliminer par n’importe quel moyen et en finir ainsi avec le manque de bois de chauffe ? », interroge un caféiculteur. Il raconte que lors de la saison pluvieuse (mars à juin et octobre-novembre) sa famille passe plusieurs jours et nuits sans manger, car les feuilles d’arbustes, de caféiers ou de bananiers sont alors fraîches et difficilement utilisables comme bois de chauffe pour la cuisine. Pourtant, des alternatives existent : »La meilleure réplique consiste à reboiser les zones disponibles en parallèle avec des plantes de la même famille que les euphorbes (plantes toxiques qui repoussent les termites, Ndlr) », explique Emile Mukunzi, chargé des forêts à Bugesera. Au sud-est de Kigali, les succès de cette zone de Bugesera fortement reboisée sont déjà visibles, alors qu’il y a 10 ans, elle ressemblait à une région semi désertique. Des arbres agro-forestiers résistants à la termite (cendrera, jacaranda, etc.) sont aussi encouragés pour combattre cet insecte. Grâce à ce reboisement, la région n’a plus de problèmes de bois. Dans le même ordre d’idée, le Programme d’appui à la reforestation (Paref, reboisement des espaces vides et publics) envisage de planter 15 000 arbres agro-forestiers dans chaque entité de base (cellule) de la circonscription de Rukira. Biogaz et foyers améliorés De leur côté, les autorités encouragent le recours au biogaz à la place du bois. Mais, cette technique est peu abordable pour beaucoup de gens… « Le gouvernement n’octroie qu’une seule fois 300 000 Frw (460 $), alors qu’une famille paie déjà 150 000 Frw (230 $) pour monter le biogaz chez elle… Dès lors, combien accèdent à ce biogaz ? », se demande un agent de la banque populaire qui propose des crédits aux paysans pour adopter ce système. En outre, rappelle-t-il, il faut avoir au moins deux vaches pour que leur bouse serve de matière première. Pour Kennedy Mutabazi, secrétaire exécutif de Rukira, l’utilisation du biogaz reste toutefois pour les éleveurs la réponse la plus durable. « Depuis l’an passé, 120 foyers fonctionnent avec ce système chez eux. » Ceux qui le peuvent surmontent leurs difficultés avec des cuisines améliorées en terre battue qui conservent la chaleur et consomment moins de bois. « Nous y mettons à cuire n’importe quoi pourvu que nous mangions ! », témoigne Mukamugisha, une femme de Rukira qui en utilise depuis peu. Les autres fouillent dans les champs d’autrui, à la recherche de morceaux de bois et de feuilles pour alimenter leurs foyers. Au risque de se quereller avec leurs voisins…
Posted on: Sat, 27 Jul 2013 07:58:11 +0000

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