ILS NE MOURAIENT PAS TOUS, MAIS TOUS ÉTAIENT FRAPPÉS Sophie - TopicsExpress



          

ILS NE MOURAIENT PAS TOUS, MAIS TOUS ÉTAIENT FRAPPÉS Sophie BRUNEAU et Marc Antoine ROUDIL - documentaire France/Belgique 2005 1h20mn - ILS NE MOURAIENT PAS TOUS, MAIS TOUS ÉTAIENT FRAPPÉS« Nous serions donc aujourd’hui, si l’on en croit la rumeur, dans une conjoncture sociale et économique présentant de nombreux points communs avec une situation de guerre. À la différence près qu’il ne s’agit pas d’un conflit armé entre nations, mais d’une guerre “économique”. Comparable en gravité à celui de la guerre, son enjeu serait la “survie” de la nation et la sauvegarde de la “liberté”. Rien de moins ! » écrit Christophe Dejours, psychiatre et psychanalyste dont le livre Souffrance en France a été le point de départ du film. Le travail est-il plus dur qu’il ne l’était il y a 30, 50, 70 ans ? Qu’est-ce qui a changé ? Les gens tombent de plus en plus souvent malades, se plaignent de mal-être, se gavent de substances diverses en espérant se sentir mieux… Les entreprises sont sous pression, fragilisées par l’évolution du marché mondial. Au fil des phénomènes de « fusion / absorption », des changements d’organisation du travail, se répand sur les salariés une peur diffuse et croissante qui contamine les positions éthiques, mine la solidarité. Peut-être n’y a-t-il pas plus de souffrance aujourd’hui qu’avant, suggère Dejours, mais les gens sont peut-être plus seuls donc plus fragiles, peinent à se projeter dans un avenir qui apparaît sans perspective motivante donnant sens et cohérence au « travail », tandis que le contexte se détériore de plus en plus vite et que monte le sentiment d’insécurité : que va-t-il se passer si l’on se retrouve « dehors » ? Où aller, que faire, comment savoir si on a encore une « valeur » sur un marché du travail dont les règles ne cessent de bouger, dont on ne perçoit plus la finalité ? C’est depuis le milieu des années 90 qu’ont été mises en place des « consultations spécialisées ». On assiste dans le film à quelques unes de ces consultations : des professionnels (psychologue, médecin) en blouse blanche reçoivent les plaignants, écoutent, essaient de tendre la main qui permet de ne pas sombrer tout à fait. On suit les entretiens, on écoute, plein cadre, sans que rien ne vienne nous distraire de cette écoute. Ils disent leur difficulté à suivre le mouvement. En fait, ils ont du mal à dire : nous sommes dans l’indicible. Faute d’avoir les moyens et la distance d’une analyse, faute d’avoir une « conscience politique » (au sens large du mot), qui permettraient t à chacun de relier son cas particulier à une évolution globale, on les voit rongés de l’intérieur par une souffrance difficile à soulager. Le travail à la chaîne prend un coup d’accélérateur, la barre des « objectifs » à atteindre est toujours placée plus haut, les standards du travail ne cessent de rétrécir… Elle vendait du gas-oil, elle a été embauchée comme femme de ménage dans une « maison de retraite » et se retrouve à exercer le rôle d’aide-soignante, faute de personnel qualifié en nombre suffisant, sans l’avoir souhaité, sans être sûre « d’être à la hauteur »… Et cette phrase qui revient : « je ne pensais pas que ça m’arrive »… et chacun, faute d’avoir cherché à comprendre et réagi tant que cela n’atteignait que les autres, s’étonne que la vague l’atteigne un jour…
Posted on: Sun, 20 Oct 2013 09:11:52 +0000

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