Il ne s’agit plus des « marges » ni des « poches » de - TopicsExpress



          

Il ne s’agit plus des « marges » ni des « poches » de pauvreté, mais du plus grand nombre de nos compatriotes ! ... Une évidence si criante qu’on préfère ne pas la voir : notre pays ne ressemble plus, mais plus du tout, à celui qu’imaginent encore certains décideurs politiques - de gauche comme de droite - et les commentateurs du sérail. Si l’on croise quelques indicateurs comme le taux de chômage, le pouvoir d’achat, l’accès au logement, la précarité, la réussite scolaire et quelques autres, on s’aperçoit que deux France cohabitent. Il y a celle des grandes agglomérations, reliée au reste du monde, profitant à plein de la mondialisation, à l’aise dans l’hypermodernité, et puis l’autre, la « perdante », celle des petites villes, du milieu rural ou périurbain, la France oubliée de tous, où se débattent ces Français « invisibles ». À la fameuse « fracture sociale » d’avant-hier s’est ajoutée en effet une « fracture géographique » encore plus injuste. Jusqu’à présent, dira-t-on, il n’y a rien qu’on ne sache déjà. Peut-être bien, mais ce documentaire - à partir des travaux de Guilluy - nous fait comprendre que cette France reléguée, négligée, perdante, regroupe en réalité plus de 60 % des Français. Autrement dit, il ne s’agit plus des « marges » ni des « poches » de pauvreté, comme on le dit parfois pour se rassurer, mais du plus grand nombre de nos compatriotes. On a bien lu : du plus grand nombre ! Or, comme on le sait, le discours politico-médiatique dominant s’adresse, jour après jour, à la première France, celle des gagnants, des élites très à l’aise dans la mondialisation, des professions privilégiées par l’ouverture des frontières. Au risque de caricaturer, je dirais que le pays des bobos et des pipoles est surreprésenté dans ce que j’appelle volontiers le « spectacle » quotidien. Cette surreprésentation confine aujourd’hui à l’indécence. Sachant cela, on ne s’étonnera plus de l’impopularité dont pâtissent à la fois les ministres et les médias. J’ajouterais que le point de rupture est politiquement atteint entre la réalité de notre pays et la façon dépassée dont on le représente. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Le film de mes confrères Viallet et Nancy ne verse à aucun moment dans la sinistrose. Il nous montre des Français et des Françaises, peut-être « invisibles », précarisés et oubliés, mais combatifs. Jeunes agriculteurs qui tentent de réinventer l’« agriculture paysanne », anciens sidérurgistes de Lorraine témoignant d’une dignité poignante et d’une détermination intacte, Français issus de l’immigration qui tâchent de remettre en marche l’ascenseur social. Ceux qui ont vu ce film ne sont pas près d’oublier le visage et la voix de ces gens qu’on ne rencontre jamais sur les écrans, alors même que leur pugnacité et leur courage sont sacrément communicatifs. Je dirais même « explosifs »… jean-claude guillebaud
Posted on: Sun, 03 Nov 2013 16:45:54 +0000

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