LES EXIGENCES FONDAMENTALES DE LA LOGIQUE ET DE LA - TopicsExpress



          

LES EXIGENCES FONDAMENTALES DE LA LOGIQUE ET DE LA BIENSEANCE Impressionnant spectacle d’une accoutumance extraordinaire au feu qui a conduit Sweet Micky à se réchauffer avant-hier avec le Dr. Morno, hier avec Mòlòskòt, aujourd’hui avec Don Kato. Il s’approprie des biens du premier, désavoue les activités déclarées frauduleuses du second et coupe les vivres au dernier, qui a osé le critiquer avec la chanson ALORAL. Autant de pratiques qui s’inscrivent dans les traditions les plus antidémocratiques du pays. Des traditions bestiales que le duvaliérisme a rafistolées à l’excès avec une plus grande religiosité que la religion. La rupture de la communication avec le réel se fait dans une indifférence totale au regard des autres. Une indifférence provoquant des agissements qui intriguent les gens sensés, tout en fascinant les jeunes enclins à la facilité. Un système de références pour se tromper et tromper tout le monde. D’où ses dangereux risques de prolifération. La politique chaotique est enfin mise en relief par la tentative de Martelly de banaliser la mort du juge Jean Serge Joseph. Même ceux qui voudraient être cléments à son endroit sont obligés de déchanter. Ne parlons pas de la manière grossière dont il enfreint les lois élémentaires de la logique et de la bienséance en s’absentant une semaine sans rien dire à qui que ce soit. Au point de faire croire que l’institution présidentielle est une ignoble mascarade. Une vraie comédie ! À moins que le président Martelly veuille bien montrer et démontrer par ses provocations à quel degré la conscience haïtienne est endormie, sinon étouffée. Le fait que les agissements scandaleux du Président ne semblent provoquer aucune réaction de masse est peut-être la meilleure démonstration de ses talents de prestidigitateur. Si ce n’est de la lassitude de la société. À ceux qui voudraient le blâmer en privé, quand il dépasse les bornes, il répond NON. Il se dit négatif et il assume. On le savait porteur de scandale et on l’a choisi. Certains avaient même dit que la charogne est séduisante et salutaire. Donnez-nous la charogne (Ban n charony nan !), clamaient-ils. C’est dans sa négativité que le positif germera. Du positif qui se révèle sur du négatif. Comme en photographie, la communauté internationale a tenu à montrer, pas seulement avec l’épidémie de choléra, ce dont elle est capable. Ce qu’elle peut faire comme geste humanitaire tournant à la comédie tragique. Qu’on nous comprenne. Il ne s’agit pas de rejeter les initiatives venant de la base. Nous sommes partisan de la participation du commun des mortels dans la vie politique. C’est une bonne chose. Le changement ne saurait venir uniquement des sommets de la société et de l’État. Tout le monde a son mot à dire. Mais il faut un apprentissage. Le cas de Lula au Brésil est exemplaire d’individus qui ont appris sur le tas. Cireur de bottes à 12 ans, Lula a été ouvrier métallurgiste, puis syndicaliste. En 1980, il fonde un parti politique (le Parti des Travailleurs), est élu député, candidat à la présidence en trois occasions avant d’être élu président la 4e fois en 2002. Il importe de reconnaître que l’accession de Martelly à la présidence en Haïti est le résultat du laminage de la société haïtienne par le duvaliérisme. Choix résultant de l’aveuglement dans l’incertitude martelé par le paradoxe du dictateur François Duvalier imposant son fils de 19 ans à une population désemparée. Le piège de la facilité Le formidable legs de nos ancêtres sur le plan géopolitique (la victoire contre l’esclavage) ne s’est pas traduit sur le plan de la vie politique interne par une organisation des pouvoirs permettant la promotion de tous. Au contraire, la concentration des pouvoirs chez le chef providentiel a rétréci les libertés et engagé le pays dans des luttes despotiques sans fins. La dénaturation des grands idéaux s’en est suivie. Cette acceptation d’une interprétation particulière du despotisme des traineurs de sabres est permanente dans notre histoire de peuple. Nous n’avons pas encore pu nous débarrasser des contraintes de nos origines douloureuses pour nous inventer un devenir collectif en rapport avec les grands idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité. Le gouvernement Martelly a démarré dans la dérive avec l’arrestation du député Arnel Bélizaire et sa politique de calbindage. Affichant une vision duvaliériste, il agite une conception de la vie qui se résume à la bamboche et à la débauche. C’est pour lui la norme qui prend de multiples formes dans tous les domaines. Spécialement dans celui des finances publiques dont Madame la ministre des finances a démissionné pour protester contre la gabegie. La politique actuelle est essentiellement de type personnaliste et dépend de la volonté du chef de l’État. Il n’y a aucun plan rationnel et tout le monde doit obéir strictement à ses illusions. On s’explique donc la détérioration des conditions de vie des 80% de la population vivant avec moins de deux dollars par jour. Le tableau 1 indique la hausse des prix des produits alimentaires constatée par la Commission Nationale à la Sécurité Alimentaire (CNSA), de l’arrivée au pouvoir de Martelly en mai 2011 à aujourd’hui. Les prix sont en gourdes au marché de la Croix des Bossales à la capitale. Les six premiers produits sont en livre, l’huile de cuisine est en litre et le spaghetti est en sachet de 350 grammes. Tableau 1. Hausse des prix des produits alimentaires Produits Prix (Juin 2011) Prix (Juillet 2013) Riz Tchako 18.33 22.5 Pois noir 26.67 33.3 Maïs importé 18.33 25 Maïs local 10 16.67 Petit mil 12.5 16.67 Sucre rouge 20.83 20.83 Huile de cuisine 79.33 85.98 Spaghetti 17.5 25 Cette dynamique diabolique préoccupe aussi les entrepreneurs nationaux qui retirent doucement leur soutien à Martelly car ce dernier ne leur laisse pas une part acceptable des contrats qui sont plutôt donnés à des firmes dominicaines. Au moment où le gouvernement lance une campagne publicitaire tapageuse pour la relance du tourisme, on apprend une diminution radicale de la production d’électricité et l’éclatement d’un nouveau scandale avec le renvoi de la directrice de l’Electricité d’Haïti (EDH). Un secteur aussi stratégique que l’électricité continue de se détériorer. Cela accroit particulièrement les coûts de production dans toutes les branches d’activités et réduit généralement la compétitivité de l’économie. Cette situation est d’autant plus révoltante qu’au même moment le gouvernement s’engage dans des tentatives pour écorcher le peuple en triplant le budget alloué à la présidence de 95 millions de gourdes à 329 millions de gourdes en trois ans. Les financiers en herbe du gouvernement qui croyaient pouvoir augmenter les impôts aux dépens des citoyens n’ont pas eu le soutien des sénateurs. Ces derniers ne sont pas tombés dans le piège de la facilité consistant à surtaxer une population déjà pauvre. Face à l’appât du gain sur une population misérable, ils ont préféré l’austérité pour le plus grand bien de la grande majorité. Les Sénateurs ont refusé de tomber dans le piège du pouvoir exécutif qui, loin de tout sens du ridicule, se décerne à lui-même des palmes d’or. En clair, Martelly refuse de faire marche arrière. Son objectif est de parachever le projet de déstructuration de la société haïtienne entrepris à tous les niveaux par les Duvalier. Ce ne sont pas des erreurs de détail qui ont conduit à la mort du juge Jean Serge Joseph. Ce sont des bourdes monumentales commises par l’équipe Martelly qui incarne, vaille que vaille, le retour à l’ordre tonton-macoute. Il y a donc erreur sur la marchandise. L’Environnement et l’Emploi, les deux derniers E, ne sont pas mieux logés. Conjoncturellement et structurellement, la situation n’a pas évolué dans le bon sens. C’est l’effondrement de la confiance et la fin des illusions. En voulant surfer sur la crête des vagues des carnavals, Martelly est en train d’asphyxier le pays en maintenant sous l’eau la tête de ses citoyens. Leslie Péan AlterPresse
Posted on: Tue, 03 Sep 2013 00:41:57 +0000

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