« LES VINGT FURIEUSES » ROMUALD MOSSELMANS Saint-Denis, - TopicsExpress



          

« LES VINGT FURIEUSES » ROMUALD MOSSELMANS Saint-Denis, Saint-Ouen, Sevran… Autant de noms qui évoquent dans l’imaginaire collectif les taudis de l’après-guerre et les grandes barres d’immeubles collectifs des années 60, la classe ouvrière et l’industrialisation galopante des « Trente glorieuses », l’immigration et la violence des quartiers… Mais Saint-Denis, Saint-Ouen, Sevran c’est aussi la Basilique, symbole d’une histoire ancienne et glorieuse, une population bigarrée et jeune, prometteuse d’un dynamisme futur, et des politiques urbaines ambitieuses avec la réhabilitation des espaces libérés par la désindustrialisation. Et puis, il y a Arpajon, ville moyenne de Grande banlieue, Moissy-Cramayel, Antony … Un autre façon de vivre la ville mais qui comporte aussi son lot de malaises et de promesses. Cet univers urbain constitue le terrain de chasse privilégié de Romuald Mosselmans… Des logements désaffectés, une distillerie à l’abandon, une chapelle désanctuarisée, une minoterie en ruine, des entrepôts et même un ancien collège… Ce photographe traque les traces d’une activité industrielle ou sociale, vestiges d’un passé pas si lointain, tel un archéologue des temps modernes. Ces clichés, témoins d’une désindustrialisation inéluctable, peuvent sembler empreints d’une certaine nostalgie. Le noir et blanc cher à Romuald Mosselmans, le travail sur la lumière tout en nuances et le cadrage soigné mettent en valeur une dimension qui nous semble familière mais qui conserve une part d’insolite et d’étrange. L’absence de couleurs nous replonge dans les photographies des années 50, celles des humanistes tels Doisneau ou Cartier-Bresson. Mais ici, nulle présence humaine. Les hommes sont remplacés par leurs artefacts… Là une brouette ou un vélo d’enfant abandonné, ici des bidons industriels vides, ou encore un fauteuil déserté et des gravats… Ces clichés nous montrent une réalité figée, vide, abandonnée, telle qu’on peut la contempler aujourd’hui. Dans les nouvelles friches industrielles, la nature semble reprendre ses droits. De jeunes arbres poussent à présent sur les ruines de ce passé industriel encore vivant, actif et productif il y a 20 ans. C’est la vision d’un immense gâchis, l’image d’une société en crise. Après les « trente Glorieuses » et les « Vingt piteuses », peut-être les « Vingt furieuses » ? Pas si sûr ! Ces photographies sont les archives d’une société en mutation. Elles témoignent d’une douloureuse transformation et d’un lent cheminement vers un renouveau citadin. Pour Romuald Mosselmans, une photographie doit être le reflet des émotions de son auteur à un moment donné. Elle exprime un regard. Ce chasseur d’images cherche à capter une atmosphère, une lumière, une sensation, à appréhender une réalité forcément subjective mais qui se veut humaine et donc universelle. La photographie apparaît comme un langage capable d’exprimer la réalité fugace perçue par le photographe. A travers cette série de clichés, Romuald Mosselmans nous livre son intuition, celle d’une vision particulière d’un monde urbain partagée entre la destruction d’un ordre ancien et la volonté de réinventer la ville de demain. Mais sommes-nous prêts… M .H
Posted on: Wed, 20 Nov 2013 09:58:29 +0000

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