MOHAMED CHARFI : L’ÉCRASEMENT DES MU’TAZILITES ET LA FIN DE - TopicsExpress



          

MOHAMED CHARFI : L’ÉCRASEMENT DES MU’TAZILITES ET LA FIN DE L’IJTIHAD - + Le-Coran-Bleu-Écriture-coufique-IXème-siècle Ce texte de Mohamed Charfi intitulé « L’écrasement des mu’tazilites et la fin de l’ijtihad » est extrait du livre « Islam et liberté : Le malentendu historique » paru en 1999 que l’éditeur Albin Michel nous a gracieusement autorisés à diffuser sur le site web de l’Institut Kheireddine. Mohamed Charfi - On sait que les grandes écoles de pensée théologiques, philosophiques et juridiques se sont formées et ont atteint l’apogée de leur épanouissement au cours des trois premiers siècles de l’hégire. La période des grandes créations intellectuelles a correspondu – ce n’est évidemment pas un hasard – à l’apogée de la civilisation des musulmans et de la puissance de leur empire. Immédiatement après cette période, vont commencer « les siècles obscurs ». Le début de la décadence sur le plan intellectuel sera marqué par deux évènements majeurs : l’écrasement des mu’tazilites et la fin de l’ijtihad. L’écrasement des mu’tazilites On appelait mu’tazilites les uléma dont l’école de pensée a acquis de l’importance dès le milieu du VIIIe siècle (après J .-C.) et qui réservaient un rôle essentiel à la raison dans leurs recherches, par opposition aux muhaddithines qui se référaient constamment aux hadiths dans leurs créations juridiques. Pour les muhaddithines, « le bien est ce que Dieu ordonne et le mal ce que Dieu interdit ». Pour un mu’tazilite, au contraire, il ne suffit pas de démontrer l’authenticité d’un hadith, il faut aussi étudier son contenu pour vérifier s’il est raisonnablement acceptable. Le bien et le mal sont donc fondés sur la raison. « Les mu’tazilites font de la raison le critère même de la loi religieuse ». C’est ainsi qu’ils ont pu procéder à des créations juridiques très hardies. Par exemple, devant les abus auxquels donnait lieu (déjà… !) la répudiation, ils se sont permis de soutenir – du moins certains d’entre eux – que celle-ci ne devrait être parfaite qu’avec l’accord du juge. La méthode des mu’tazilites est aussi, dans une certaine mesure, celle des philosophes dont Averroès qui écrit : « Nous affirmons catégoriquement que partout où il y a une contradiction entre un résultat de la démonstration (ou la spéculation rationnelle) et le sens apparent d’un énoncé du Texte révélé, celui-ci doit être interprété ». Il ajoute que l’interprétation signifie la recherche du sens figuré par-delà le sens propre, à la lumière de la connaissance rationnelle. La méthode de réflexion et de construction des théories, adoptée par les philosophes et les mu’tazilites et fondée sur la raison, s’apparente à la démarche laïque. C’est déjà un signe de décadence que les mu’tazilites aient été qualifiés de mécréants et pourchassés dès 846 (après J.-C.) sous le calife El Moutawakkil et leurs écrits détruits au point qu’il fallait deviner leurs idées à travers les ouvrages rédigés par leurs adversaires pour les critiquer. C’est seulement depuis moins d’un siècle, avec la découverte de manuscrits anciens, que nous avons directement accès à leurs textes. Avec l’écrasement des mu’tazilites, c’est l’esprit d’imitation qui l’emportera sur l’esprit de réflexion
Posted on: Wed, 28 Aug 2013 07:13:01 +0000

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