Nicolas Goetzinger, ou le charme discret d’une seconde vie La - TopicsExpress



          

Nicolas Goetzinger, ou le charme discret d’une seconde vie La Paris.New-York Art Gallery (1), expose aujourd’hui et jusqu’au 16 juillet, des tableaux et des sculptures de l’artiste plasticien luxembourgeois Nicolas Goetzinger. Né le 29 juin 1936 à Schifflange, celui-ci vit à Esch/Alzette et travaille dans son atelier à Konz (Moselle, près de Trèves). En 1950 et 1951, donc dès l’âge de 14 ans, il a fréquenté les cours de dessin et de peinture du célèbre professeur d’art luxembourgeois Foni Tissen. (2) Suivit une longue période de «primum vivere deinde philosophari» (3) dans la sidérurgie (à ARBED-Belval et notamment au train 7), durant laquelle sa passion dut forcement se contenter de se limiter à l’état de violon d’Ingres. Par conséquent, ce n’est qu’avec la retraite qu’il put retrouver cette seconde vie que connaissent bien tous ceux qui ont dû longtemps renoncer à laisser s’épanouir leurs dons naturels, seconde vie qui leur permet enfin de donner toute leur mesure. Ce qui exclut bien sûr toute demi-mesure, aussi, fini la peinture du dimanche et retour aux études... Après avoir suivi les cours d’été de l’Académie à Luxembourg Ville pendant plusieurs années, Nic Goetzinger franchit de nouvelles étapes importantes de sa formation artistique en effectuant en 1998 et 1999 des stages de peinture à Worpswede. Notons, entre parenthèses, que cette petite ville du Landkreis Osterholz en Allemagne du nord, devenue après 1889 à l’impressionnisme allemand ce que l’école de Barbizon fut en France aux pré-impressionnistes (4), est devenue de nos jours un important centre artistique. (5) Bien décidé de ne rien laisser au hasard et conscient que le don naturel sans étude et apprentissage sérieux ne mène qu’au dilettantisme, il fréquentera aussi pendant sept ans divers cours à l’Académie des Beaux-Arts à Trèves. Et là, il approfondira avec plusieurs professeurs renommés les différentes techniques de la peinture ainsi que de la sculpture du bois, de la pierre, du plâtre, de la terre cuite et finalement du bronze. Peu à peu il se risque alors à affronter le regard du public et participe de plus en plus fréquemment à des expositions, tant au Grand-duché qu’à l’étranger. En 2009 il est enfin récompensé à Longwy par le Prix de la Chambre de Commerce et de l’Industrie, catégorie huile, ainsi qu’à Herserange, où il obtient la Médaille d’argent et, en 2010, la Médaille de bronze. La même année, il gagne également la Médaille de bronze au 1er Salon International d’Art d’Esch sur Alzette. Si je me suis arrêté aussi longuement sur le cheminement vers la création artistique de cet autodidacte aussi volontariste, qu’acharné et talentueux, c’est parce que tout son parcours est essentiel à la compréhension de son oeuvre, dont la diversité pourrait paraître chaotique, lorsqu’elle est simplement riche et généreuse. La peinture de Nicolas Goetzinger est puissante et épaisse; il fait largement usage du couteau et de la spatule et n’hésite pas à intégrer à l’acrylique divers matériaux qui en renforcent tant la densité que la matérialité. Sa technique mixte s’inscrit donc franchement dans le style de l’école matiériste, essentiellement abstraite, et ne contient, du moins dans cette exposition, qu’un choix très limité d’éléments figuratifs. L’éventail couvert par sa créativité m’est toutefois apparu beaucoup plus large après que j’eus prospecté son site goetzinger.lu/, suivi une interview sur youtube/watch?v=potbmUU8izw et parcouru sa brochure illustrée «L’œuvre d’art» sur goetzinger.lu/ documents/booklet.pdf. L’expressionnisme y est très présent et les influences du Chevalier bleu (der Blaue Reiter), notamment de Georges Braque, y sont indéniables. Certes, une galerie ne peut offrir qu’un choix relativement restreint du travail d’un artiste, mais on peut regretter que cette sélection n’ait pas été plus représentative, du moins en peinture. Il est toutefois indéniable qu’une visite de l’exposition soit un must pour l’amateur d’art, donc d’un art plein du côté humain de notre Minette, mais transcendant toute frontière nationale ou culturelle. En sculpture, le choix présenté à la galerie est cependant bien plus varié et permet de mieux se faire une idée du registre sculptural de Nic Goetzinger. Bien sûr, dans la création tridimensionnelle, beaucoup dépend du matériau choisi, qui peut aussi bien être le bois, que la terre cuite, le bronze ou encore tout autre. Ici, l’abstrait se fait moins fréquent, cède parfois au semi-abstrait et peut aller jusqu’au figuratif expressionniste. En fait, tout semble démontrer que Nicolas Goetzinger ne tient aucunement à se laisser enfermer dans de quelques styles, écoles ou moules officialisés par la critique. Cela est peut-être dû au fait qu’il n’a pu commencer à se consacrer que tardivement à sa passion, mais on a plutôt l’impression qu’il n’a pas cessé d’aspirer à tout découvrir, tout embrasser, ne rien laisser inexploré ou inessayé. Malgré ses antécédents d’artiste amateur, qui remontent aussi loin que le début des années cinquante, c’est encore un jeune homme de coeur, plein d’une curiosité d’adolescent et avide d’embrasser la vie artistique à pleines dents, sans se ménager. Après avoir consacré quatre décades de sueur à ses besoins matériels, mais aussi à la prospérité du pays, il contribue aujourd’hui avec bonheur et talent, tout en se faisant plaisir, à l’expression de l’art au Luxembourg, d’un art dont il n’a jamais douté pouvoir devenir l’un des hérauts. Giulio-Enrico Pisani *** 1) Paris.New-York Art Gallery, 26, rue du Curé, à Luxembourg Ville, près du passage entre les places d’Armes et Guillaume. Expo Nicolas Goetzinger mardi à samedi de 12 à 18,30 h, jusqu’au16 juillet. 2) Foni Tissen est né en 1909 à Rumelange et décédé en 1975 à Nancy. 3) Locution latine signifiant communément qu’il faut d’abord assurer son existence (matériellement), avant de «philosopher» (s’adonner aux arts plastiques, philosophiques, littéraires ou poétiques). 4) Village célèbre de la période pré-impressionniste, Barbizon (Île de France, Dép. Seine et Marne, près de Fontainebleau) accueille entre 1820 et 1880 de nombreux peintres amoureux de la nature, comme Corot et Millet. 5) Worpswede se trouve en Basse Saxe, dans la Région de la Lüneburger Heide et du Teufelsmoor. Dans cette petite ville de neuf à dix mille habitants, vivent de centaines d’artistes, souvent en symbiose avec les nombreuses galeries (ou vice-versa) et surtout grâce aux Résidences d’artistes boursiers fondées en 1971 (Stipendiatenstätten/Künstlerhäuser), qui sont parmi les plus importantes d’Allemagne.
Posted on: Tue, 25 Jun 2013 14:21:38 +0000

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