Un homme sauvé de la noyade par des kayakistes à Lévis Certains doutes de la pertinence de suivre des formations en kayak de mer. Ils se disent, «bah, c’est si facile de le faire avancer, je suis donc capable d’apprendre seul». Un chavirement se produit, qu’est-ce que je fais? Une personne se blesse et devient inconsciente, comment réagir? Que faire si je vois un nageur se noyer? C’est exactement la situation à laquelle nous avons été confrontés le 18 juillet à 11h00. Dans le cadre d’une formation niveau III sanctionnée par la Fédération de Canot et de Kayak du Québec (FQCK), organisée par Jonathan Chabot (J.C.) de Formation Kayak Québec en collaboration avec Sylvain Bédard (S.B.) et le Club Le Squall, l’inimaginable s’est produit. Après la présentation de tous les participants (Yves Hamelin (Y.H.), Richard Turcotte (R.T.), Pierre Tourangeau (P.T.) et Norman Théberge (N.T.)), et un atelier théorique, on se dirige vers un lieu où nous pratiquerons des techniques, à un quai du chantier de la Davie. Y.H. et R.T. ont les devants sur le groupe. Ils croient apercevoir un phoque près du quai mais des bras s’activent. C’est donc un nageur. Inusité de voir une personne pratiquer cette activité à cet endroit. Mais bon, il a le droit! Intéressant qu’il se situe au lieu où nous pratiquerons puisque nous vérifierons son état. Le nageur tente de s’agripper au quai. Il n’y arrive pas puisque la structure de métal lisse est trop haute. Il retourne vers le large, à quelques mètres du quai et cesse de nager. Sa tête est dans l’eau et son dos flotte en direction du ciel. Y.H et R.T. sont à quelques mètres du nageur en péril et celui-ci se retrouve entre les deux kayakistes. Des spasmes sont observés. La noyade est imminente. Y.H. donne des petits coups de pagaie sur le dos de l’homme. Excellente stratégie permettant de vérifier si l’homme réagit par de la panique. Si c’est le cas, on ne peut s’en approcher. Aucune réaction. Y.H. se déplace vers l’homme et lui sort la tête de l’eau. L’homme demeure calme, Y.H. peut donc maintenir le contact. Notant la gravité de la situation, J.C. siffle trois coups pour avertir tout le groupe qu’une situation de détresse se produit. Il se place en parallèle à Y.H., du côté opposé au nageur, afin de stabiliser le kayak de Y.H. mais aussi pour avoir une prise solide sur le nageur afin de le sortir de l’eau. J.C. saisit donc l’homme sous les épaules et ramène le tronc du nageur sur le kayak de Y.H. Il faut ramener le corps au complet sur les deux kayaks. Pouvant maintenant prendre une bonne prise sur le nageur Y.H. aide à la manœuvre. La tête est maintenant sur le kayak de J.C. et les fesses sur celui de Y.H.. L’homme est sécurisé, il faut maintenant solidifier le radeau. R.T. se place du côté à Y.H. et P.T. du côté à J.C.. Pour ce qui est de S.B. et N.T., ils demeurent à proximité du radeau, prêt à réagir selon l’évolution de l’événement. J.C. prend en charge, avec un trémolo dans la voix, les communications avec la Garde Côtière. «Québec Radio Garde Côtière ici Kayaks de mer. Nous avons retrouvé un nageur près du quai de la Davie sur le point de se noyer … ». Les discussions se poursuivent et les secours nous demandent ultimement de rester sur place. Y.H., un secouriste d’expérience, vérifie l’état de la personne. Il n’est pas en hypothermie, se situe bien dans le temps et ne semble pas avoir de l’eau dans les poumons puisque sa voix est fluide. Il nous apparaît particulièrement calme, trop calme. Médication? Alcool? Drogue? Il nous dit qu’il se baignait simplement… Nous faisons donc connaissance avec l’homme. C’est Michel R., il a 65 ans. Les secours après une attente qui nous est apparue interminable arrivent enfin. P.T. sort du radeau afin que les secours puissent avoir accès aux épaules du nageur situées sur le kayak de J.C.. Ils saisissent l’homme par les épaules, l’embarquent sur leur bateau, le Cap-Tourmente. Michel est maintenant assurément sauvé et nous faisons part de nos impressions à la Garde Côtière. Nous avons ensuite appris, suite à des discussions de R.T. avec le garçon de Michel, que l’homme a été hospitalisé et qu’il s’agissait certainement d’une tentative de suicide. Michel nous te saluons ainsi que tes proches et te souhaitons de traverser cette période noire de ta vie. Merci à Serge Savard, celui qui m’a appris à bien réagir dans ce genre de situation. Je peux aujourd’hui le transmettre à d’autres. Merci à Sylvain Bédard, le Club Le Squall, tous les participants et spécialement à Richard Turcottre (président du Club le Squall) et Yves Hamelin (Responsable des formations au Club le Squall). Jonathan Chabot
Posted on: Mon, 22 Jul 2013 15:30:50 +0000
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