se souvient grâce à une improbable discussion avec Etienne Armand Amato et surtout Marcelle Torn de ce petit texte qui a été supprimé de la préface des Métamorphoses de Genet, explicitant la forme que doit prendre pour moi lécriture théorique lorsquelle se donne de tels objets : Je préfèrerais garder cette image qui reste à refaire, une image toujours différée : un geste qui diffère la définition des choses et des identités – non qui se refuse à les posées, mais qui les pose en sachant quà chaque fois quelque chose de toujours déjà là viendra les déstabiliser. Ce geste est toujours à refaire, une critique au sens benjamininen du terme contre la logique et le geste du commentaire – comme si chaque lecteur parlant de Genet étant comme Genet lui-même parlant de Divine ou des Carolines. Une écriture de soi qui est une fiction de soi et une archive de la représentation où se produit du soi : en écrivant sur Genet, il s’agit de s’écrire et de se réécrire à travers tous les autres. Écrire Genet, c’est en faire le médiateur de mon propre récit à travers ses figures et celle qu’il a créés pour lui-même - dans autre sainteté que celle sartrienne : la sainteté comme geste différant plutôt que comme aboutissement moral définitif. Ce qui reste de Genet, ce sont ses mots qui tracent une silhouette abjecte dans une « solitude increvable » – peut-être surtout lorsquelle est en groupe. Il faut écouter ces mots, la voix de Genet et, comme Divine, se branler sur le dessein, ou le mot qui en trace également la ligne de la silhouette, de la queue de Mignon – cette silhouette final qui est, à la vérité, ce qui reste de Genet comme ce qui reste de Mignon pour Divine. Une mise en abime où nos commentaires reproduisent le geste même de lécriture gentienne : écrire sur Genet comme le narrateur de Notre Dame des Fleurs sur Divine et le lire comme Divine lisant Mignon. Cette forme seule qui se donne comme fleure, je crois, lui rendra hommage durant cette année : une queu dressée entourée de fougères uraniennes et spermatiques senroulant autour des membres tortionnaires dun nègre replissant ses soldats de plomb au fond du placard – « la perversion polymorphe du mâle, cela chez l’être parlant ».
Posted on: Mon, 11 Nov 2013 13:36:14 +0000
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